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Eclairage de Serigne Madior Cissé sur l’extrémisme islamique.

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ECLAIRAGE DE SERIGNE MADIOR CISSE SUR L’EXTREMISME ISLAMIQUE.

(Interview de S. E. Serigne Madior CISSE sur « l’Islam, la laïcité et le terrorisme »).

L’extrémisme religieux a particulièrement marqué les années 90, avec l’éclosion de nombreux foyers de tensions dans le monde musulman ; ce qui interpellait forcément les musulmans, mais suscitait aussi beaucoup d’interrogations et d’appréhensions chez les non musulmans. Ce fléau rampant s’est ensuite exacerbé et atteint son paroxysme avec les odieux attentats du 11 Septembre ; depuis lors, on note un cycle infernal de violence en Irak, en Afghanistan et au Pakistan. Et depuis quelques temps, l’Afrique de l’Ouest, qui était jusque-là indemne de ce fléau, commence à inquiéter ; oui, il ne faut pas se voiler la face ; le terrorisme islamique est bel et bien à nos portes. Tout semble malheureusement donner raison à S. E. Serigne Madior Cissé qui s’est inquiété très tôt du terrorisme islamique ; il déclarait, il y a dix ans – bien avant le ‘’11 Septembre’’ – qu’il était impérieux de le prévenir par une large sensibilisation ; en vérité, il avait rapidement perçu qu’il s’agissait essentiellement d’un problème d’interprétation du message islamique lié à son caractère parabolique ; c’est ainsi qu’il nous livra de façon magistrale, comme à l’accoutumée, un éclairage inédit qui garde toute son actualité. Oui, la lutte contre le terrorisme est surtout une affaire de lutte contre l’égarement et l’obscurantisme liés à des courants de pensées très nocifs véhiculés par les Shiites et certains sunnites prétendant être des ‘’réformateurs’’. Ainsi, s’appuyant sur le Saint Coran et la Tradition du Prophète (PSL), S. E. Serigne Madior Cissé éclaire notre lanterne et nous donne le remède incontournable de ce fléau. Voilà donc, en toute clarté, la quintessence de son message, en ces termes (in memoriam) :

« L’Islam, dans un souci de tolérance, prône l’obéissance des musulmans vis-à-vis des détenteurs du commandement … alors même qu’ils ne se conforment pas à une partie ou à l’intégralité des prescriptions du Coran et de la Sunna, dans l’unique but de préserver sa communauté. La seule limite qu’il pose au devoir d’obéissance réside dans l’atteinte à la prière : tant que la liberté de prière sera garantie aux musulmans et tant que le dirigeant accomplira la prière, la communauté et le pouvoir restent islamiques et la lutte armée proscrite. Ainsi, les chefs d’Etat musulmans qui, à un certain moment de l’évolution de leur pays, ont, pour des raisons économiques, interdit le jeûne du mois sacré du ramadan, l’immolation du bétail lors de la fête du sacrifice (l’Aïd el kébir) ou le pèlerinage aux Lieux Saints de l’Islam ne sauraient être qualifiés, au regard de la Sunna, de mécréants et traités comme tels, car ils n’ont pas porté atteinte à la prière. Ceux qui les combattent leur reprochent les mêmes fautes qu’ils sont entrain de commettre – à savoir la désobéissance à Allah et à son Messager et la violation des prescriptions contenues dans le Coran et la Sunna. …

Le Messager d’Allah (PSL) a dit en ces termes : ‘’Vous aurez des chefs et vous les verrez agir en bien et en mal. Celui qui réprouve (les mauvaises actions) sera considéré comme innocent et non celui qui les suit avec satisfaction. On lui demanda : est-ce qu’on les combat par la force (ceux qui agissent en mal) ? Il répondit : Non ! Tant qu’ils accomplissent la prière’’. ‘’Si vous constatez quelque chose de répréhensible chez vos chefs, réprouvez l’action et n’enlevez rien de votre obéissance à leur égard (Rapporté par Mouslim).

Si malgré toutes ces interdictions de la rébellion et de la désobéissance, certains se permettent de recourir à la force contre les autorités musulmanes de leur Etat, il est prévu des sanctions religieuses extrêmement graves à leur encontre. Les sources islamiques sont explicites : selon le Prophète (PSL), ‘’sera considéré comme étant mort dans l’ignorance (non musulman), quiconque meurt après s’être rebellé et écarté ainsi de la communauté’’ ; ‘’Ne fait pas partie de ma communauté, quiconque a été sous le chapeau de l’ignorance, combattant pour l’esprit de corps (corporatisme, nationalisme)’’ ; ‘’Ne peut se réclamer de moi, quiconque de ma communauté s’en prendra à une autre partie de ma communauté, combattant sans distinction les bons et les pervers, et sans considération aucune pour les croyants et les non musulmans protégés’’ (Rapporté par Mouslim). De nos jours on aurait dit tout simplement que ce hadith nous enseigne que tous les citoyens ont les mêmes droits dans un contexte d’Etat de droit sans discrimination aucune, notamment celle fondée sur la religion.

L’Imam Jaafar Sadiq a lutté en faveur de la tolérance religieuse, surtout à l’égard des chrétiens et des juifs. C’était un combat qu’il livrait contre le nationalisme (assabiyya) qu’il considérait comme préjudiciable à l’Islam et à l’Humanité. Selon lui, tous les individus qui se permettent de porter atteinte aux non musulmans violent les prescriptions du Coran et de la Sunna et ne peuvent en aucun cas se réclamer de l’Islam quelles que soient leurs prétentions en matière de savoir et de religion. Et pourtant certaines personnes se sont permises de dire, au nom de l’Islam, que la propagation de l’Islam par la guerre est au-dessus des cinq piliers de l’Islam et que le djihad ne prendra fin qu’avec la ‘Umma généralisée à l’ensemble du monde !

Et certainement, un important problème d’interprétation est à éclaircir à ce propos ! Cet éclairage passe d’abord par la précision de la notion de djihad, selon qu’il sous-tendu par une politique de défense de la foi ou qu’elle soit hégémonique. Comme vous le savez, le djihad a été abusivement traduit sous l’influence des croisades et de l’orientalisme par ‘’guerre sainte’’. En réalité, au plan étymologique, le djihad renvoie à l’effort. Il peut être un effort de guerre, lorsque les intérêts supérieurs de la ‘Umma sont menacés ou compromis. Ces intérêts sont symbolisés par le droit et la liberté de prier, d’adorer Dieu – le Maître de l’Univers. En cas d’atteinte, le recours à la force armée devient licite. Oui, l’Islam ne tolère que la politique défensive en matière de lutte armée : ‘’Quiconque transgresse contre vous, transgressez contre lui, à transgression égale’’ (Sourate 2, verset 194) ; ‘’ Combattez dans le sentier d’Allah ceux qui vous combattent, et ne transgressez pas. Certes, Allah n’aime pas les transgresseurs. Et tuez- les ou que vous les rencontrez ; et chassez-les d’où ils vous ont chassés : la sédition (fitna) est plus grave que le meurtre. Mais ne les combattez pas près de la Mosquée Sacrée avant qu’ils ne vous y aient combattus. S’ils vous y combattent, tuez-les donc. Telle est la rétribution des mécréants. S’ils cessent, Allah est certes, Pardonneur et Miséricordieux. Et combattez-les jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de sédition (fitna) et que la religion soit entièrement à Allah Seul. S’ils cessent, donc plus d’hostilités, sauf contre les injustes (Sourate 2, versets190-193). [Certains oulémas ont traduit, à tort, le terme de ‘’fitna’’ par idolatrie ; thèse privilégiée par la plupart des groupements extrémistes pour légitimer le djihad offensif et les ‘’campagnes d’islamisation’’, alors qu’il ne s’agissait que d’une situation particulière qui avait dicté, en son temps, la guerre contre les idolâtres de la Mecque, pour faire cesser les agressions, les persécutions et les atteintes de toutes sortes dont étaient victimes les musulmans. Et tel n’est plus le cas, car la liberté religieuse est actuellement garantie dans la presque totalité des pays]. … .

[En vérité, pour interpréter cette référence coranique, il faut garder à l’esprit les versets suivants :] ‘’Nulle contrainte en religion ! Car le bon chemin s’est distingué de l’égarement (Sourate 2, verset 256) ; ‘’Et si ton Seigneur avait voulu, Il aurait fait des gens une seule communauté (une seule confession), or, ils ne cessent d’être en désaccord, sauf ceux à qui ton Seigneur a accordé miséricorde. C’est pour cela qu’Il les a créés (Sourate 11, verset 118) ; ‘’Si ton Seigneur l’avait voulu, tous ceux qui sont sur la terre auraient cru. Est-ce à toi (le Prophète) de contraindre les gens à devenir croyants ; alors qu’il n’appartient nullement à une âme de croire si ce n’est avec la permission d’Allah (Sourate 10, versets 99-100). Ce serait une prétention démesurée, une position rebelle à la loi d’Allah que de vouloir être plus ‘’royaliste que le roi’’ en tentant de réaliser par les armes ce que le Seigneur considère comme étant impossible, voire contre-nature. N’y a-t-il pas là tout simplement une volonté délibérée d’utiliser l’Islam comme alibi au service d’une cause inavouée dont la finalité lui est complètement étrangère ?

Le pire n’est pas seulement le fait que les groupements extrémistes invoquent au nom de l’Islam des prescriptions qui lui sont étrangères, mais réside dans le fait qu’ils sèment la corruption sur terre en croyant bien faire (et parfois en étant mal intentionnés). C’est un vrai prodige que de voir cette situation que nous vivons de nos jours prédite dans le Coran : ‘’ Et quand on leur dit : ‘’ ne semez pas la corruption sur terre, ils disent : ‘’Au contraire, nous ne sommes que des réformateurs !’’. Certes, ce sont eux les véritables corrupteurs, mais ils ne s’en rendent pas compte. Et quand on leur dit : ‘’croyez comme les gens ont cru’’, ils disent : ‘’croirons-nous comme ont cru les faibles d’esprit ?’’. Certes ce sont eux les faibles d’esprit, mais ils ne le savent pas’’ (Sourate 2, versets 11 à 13).

Que les choses soient claires ! Le Messager d’Allah (PSL) a fait connaître très clairement que ceux qui se rebellent contre les autorités, ceux qui combattent les musulmans en terre d’Islam et ne prennent garde des droits des non musulmans, ceux qui tuent les bons et les pervers sans distinction, ne font pas partie de sa communauté et ne peuvent se réclamer de lui, ni de son message, et sont considérés à leur mort comme non musulmans. Il s’agit là, conformément à l’universalité du message islamique, d’un avertissement qui s’adresse non seulement aux musulmans, mais à l’ensemble de l’Humanité pour que chacun sache à quoi s’en tenir. … .

[Oui, le Coran est très explicite, en matière de cohabitation entre musulmans et non musulmans : (7) Il se peut qu’Allah établisse de l’amitié entre vous et ceux d’entre eux dont vous avez été les ennemis. Et Allah est Omnipotent et Allah est Pardonneur et Très Miséricordieux. (8) Allah ne vous défend pas d’être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Allah aime les équitables. (9) Allah vous défend seulement de prendre pour alliés ceux qui vous ont combattus pour la religion, chassés de vos demeures et ont aidé à votre expulsion. Et ceux qui les prennent pour alliés sont les injustes. (Sourate 60, versets 7 à 9)].

En tout état de cause, le djihad défensif pour la liberté et la sécurité en matière religieuse ne saurait être invoqué dans un contexte d’Etat de droit où la liberté religieuse est garantie. Il ne constitue, en effet, qu’une mesure dissuasive en temps de paix et dont l’application nécessairement exceptionnelle n’est même pas souhaitable. En revanche, il existe en Islam une autre forme de djihad, valable en tous temps et en tous lieux et qui a la valeur d’une obligation religieuse à la charge de tout croyant. C’est un djihad inhérent à l’Islam, qui a été interrompu à ses débuts à cause des persécutions et autres oppressions dont les musulmans étaient victimes. C’est en l’occurrence le ‘’jihadou nafs’’ – c’est-à-dire le combat livré par le croyant contre ses passions et contre Satan. C’est ainsi qu’après la grande Bataille de Badr, le Prophète (PSL) réunit ses compagnons et leur dit : ‘’Nous sommes revenus du petit djihad et nous sommes en route pour le grand djihad (Rapporté par Bayhakhi). C’est-à-dire passer du djihad par les armes pour restaurer la liberté religieuse au djihad par la foi contre les passions et le Diable. Le Prophète (PSL) dira également : ‘’le vrai combattant est celui qui combat ses passions dans la soumission de Dieu (Rapporté par Tirmizî) ; ou encore : ‘’ le meilleur combat est celui que la personne livre contre ses passions et ses penchants’’ (Rapporté par Ibn Najjar d’un hadith de Abou Dharr) ».

Ainsi, de notre point de vue, cet éclairage précieux de S. E. Serigne Madior Cissé devraient contribuer à apporter les rectifications doctrinales qui s’imposent pour combattre l’ignorance et guérir la ‘’névrose des islamistes’’ – une véritable distorsion mentale liée à une inertie dans la compréhension des Textes Sacrés et qui, comme toute névrose, génère forcément de la violence (verbale ou physique).

Au demeurant, la lutte contre le terrorisme, n’est rien d’autre que la croisade contre Satan et ses suppôts – dont l’Antéchrist (le Messie de l’égarement) qui, selon le Prophète (PSL) sera le plus grand fauteur de troubles de la fin des temps et dont la mort est programmée avec l’avènement du Mahdi (substitut du ‘’Christ de la Parousie’’). Oui, l’Antéchrist – l’ « Axe du Mal » est le seul responsable ! (*)

[Interview de S. E. Serigne Madior CISSE sur « l’Islam, la laïcité et le terrorisme ». Propos recuellis et présentés par le Professeur Abdoullah CISSE, Agrégé en Droit) – Spécial Ihsaan, Janvier 1999. (Introduction, choix des extraits et conclusion. Dr Mouhamadou Bamba Ndiaye) (*)].

(*) Elucidation de la mission du Mahdi (Ecrit et audio). http://sites.google.com/site/missionmahdi

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