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Editorial De Abdou Ndukur Kacc Ndao Elections Locales 2014: Laminage !!!

Date:

Abdou Ndukur Kacc Ndao
Socio-Anthropologue

Le Sénégal indépendant vote depuis le 1er Décembre 1963. C’était à l’occasion de l’élection présidentielle couplée aux législatives remportée par feu Président Senghor avec…100% des suffrages. Le taux de participation était de 56,7%. Les élections présidentielles du 25 Février 1968 et du 28 Janvier 1973, n’ont pas dérogé à la règle. Le Poète a toujours caracolé avec 100% et 94,7% de taux de participation pour 1968. Vous voulez accélérer la cadence ou la décélérer ? Décélérons avec l’élection présidentielle du 1er décembre 1978 où Senghor a bien voulu laisser quelques miettes aux opposants avec SVP, 82% des suffrages.

Son successeur Abdou Diouf obtiendra 83% des suffrages à l’élection du 27 Février 1983 avec un taux de participation de 56,7% contre 56,2% pour les législatives.
Depuis lors, les élections présidentielles et législatives souvent couplées, ont «décéléré » la cadence des résultats souvent fantaisistes (73% des suffrages en Février 1988 et un taux de participation de 58,8% contre 57,9% pour les législatives ; 58% des suffrages en 1993 avec un taux de participation de 51,5%. Wade viendra mettre un terme à ces suffrages Doutchéens le 19 mars 2000 avant de récidiver en 2007 avec 55,86% des voix exprimées.

Lorsque plus spécifiquement on analyse l’évaluation des taux de participation aux élections législatives, ces mêmes tendances à la décélération des taux de participation sont observables sur plus de 50 ans d’élections : 90% en 1963, 93% en 1973, 56,2 % en 1978, 57,9% en 1988, 41% en 1993, 39,3% en 1998, 67,4% en 2001, 34,7% en 2007, 21% à 15 heures lors du scrutin de 2102 boycotté par l’opposition.

Les locales ont connu aussi les mêmes logiques de décélération avec 40 % de votants effectifs, sur un fichier électoral estimé à 2 725 280 électeurs en 2002 et 37,68% en 2014 représentant le troisième plus faible taux de participation de l’histoire du Sénégal après les législatives de 2007 et de 2001.

Ces statistiques, qui n’incluent pas les mémorandum de 1963 (taux d’abstention 5,7%), 1970 (4,8%) et 2001 (34,26%), démontrent globalement la baisse tendancielle des taux de participation des électeurs aux différents modes de scrutin. Cette donnée statistique est significativement représentative au plan mondial ou les taux de participation sont souvent en deçà des 50%.

Nous sommes en face, ici et ailleurs, d’une perte de légitimité des politiques et des pouvoirs et un déficit démocratique criard. En observant la participation électorale sur 22 pays entre 1945 et 2004, des chercheurs ont pu établir une progression moyenne de 5,5 points (Mark N. Franklin, 2004). Le politiste sénégalais Alioune Badara Diop de l’UCAD a dans ses recherches exposé les raisons de ces « délégitimités » progressives qui s’emparent des pouvoirs et partis politiques.

Nous sommes au cœur d’une « Démocratie du phénix qui renaît de ses cendre et qui (…) repose (…) sur des forces sociales enracinées et qui élabore sa légitimation sur la base de représentations monarchiques du pouvoir ». (Diop A.B, 2009). Le reste est connu : népotisme, déficit de démocratie interne, personnalisation sublimée du pouvoir, prolifération de partis politiques fantomatiques, brouillage des sphères idéologiques et programmatiques…

En interprétant en première approximation les résultats de ces élections locales du 29 Juin 2014, on est frappé par la débandade politique du pouvoir actuel. Il a perdu les grandes villes comme Dakar, Thies, Saint-Louis, Ziguinchor, Touba, Bambeye, etc. qui concentrent l’écrasante majorité de l’électorat. Ses principaux responsables sont noyés dans leurs propres fiefs à commencer par une PM qui perd de plus en plus son charme et sa crédibilité personnels. Je m’attendais à ce qu’elle démissionne hier. Elle s’est comportée comme si de rien n’était, donnant un long boulevard à son patron de la trucider sous peu. Il n’attendait que çà. Etre PM, solliciter les suffrages des sénégalais et être battu y compris dans son propre bureau de vote, devrait l’interpeller sur l’urgence de quitter au plus vite ses bureaux cossus.

En attendant, Moustapha Cissé LO, lui a tiré les conséquences logiques de sa défaite et de sa désinvolture. Cheikh Bamba Dièye, l’allié rebelle a suivi. On attendra de voir les Seydou, Mbaye, Coulibaly, Ndour, Sambou, et autres grosses pontes aux discours pré-électoraux discourtois et à la « bouche longue ».

Macky a gagné aussi incontestablement des collectivités locales. Il reste que l’ampleur de la défaite et sa significativité statistique et sociologique ont fini de lui rappeler qu’on est au pouvoir, parce que dépositaire d’une offre politique. Il reste qu’il faut satisfaire la demande. Les sénégalais ont sanctionné la faiblesse voire l’inexistence de cette offre noyée dans des lambris folkloriques digne d’un « sabaru laobé ».

Les Sénégalais et les Sénégalaises ne sont avec personne. Ils ou elles sont avec une offre politique de qualité, dépoussiérée des démagogies conjoncturelles et des phraséologies simplificatrices. Le pays est en profonde crise et les sénégalais sont très, très fatigués. Comme pris dans une sorte d’aimant irrésistible, nos politiques, une fois au pouvoir, oublient que ce dernier leur est donné par le Peuple.

Une sociologie électorale sommaire permet de se rendre compte de la maturité d’un peuple qui a décidé d’être loin des coquetteries et népotisme politiciens. Il a sa carte d’électeur et connait le calendrier électoral. Il laisse le soin aux agitateurs de finir le festin et le bal, pour introduire, dans la paix et la liberté recouvrées, son bulletin. « Ni réek laa nak » !!! (c’est comme çà).

Y’a t’il besoin de s’épancher outre mesure sur les raisons de cette débandade qui est aussi celle de la classe politique dans son ensemble. Il est vrai que certains comme Khalifa Sall ont pu tirer leur épingle du jeu. Les Dakarois ne sont sans doute pas totalement contents de son magistère. Il reste qu’il a fait et on a vu. Les Sénégalais ont voulu, au-delà de la personne du responsable du Parti Socialiste, donner un message clair sur la nécessité d’apporter des solutions raisonnables à leurs problèmes. Celui qui réussit à le faire, réussira à être élu.

L’arène a été ouverte il y a quelques mois. Le combat a livré les résultats des vaincus et des vainqueurs. Le peuple est en attente de savoir ce que feront ces milliers de conseillers qui ont promis ciel et terre. Il attend de savoir si les logiques de prébende, d’accaparement et de vente illicite des terres vont s’estomper. Si nos collectivités locales ragaillardies par l’Acte III de la décentralisation, seront plus propres…

Le peuple attend de savoir si le Président de la République va faire un mandat de 5 ou de 7 ans. Il veut savoir ses réponses sur les réformes institutionnelles proposées par la CNRI. Il veut savoir s’il va donner un statut spécial ou non à Touba. Il veut savoir si les urgences sociales qui l’assaillent seront raisonnablement satisfaites.

Les regards sont tournés vers ce Président démocratiquement élu, mais adepte des combines d’appareils au lieu de prendre ses responsabilités. Le Peuple veut savoir si désormais, ce sera le règne du parti, de la patrie ou…la fratrie !!! Un peuple prêt à laminer une fois de plus !!!

ANKN

2 Commentaires

  1. franchement si c’est ça les analystes/politologues au sénégal, le pays est foutu. cette « analyse » est tout simplement NULLE.

    c’est la mode depuis wade : animer une émission à la télé, avoir un journal, écrire des éditoriaux, taper sur le président ou un autre haut placé en espérant faire pression et en espérant être « corrompu ». ces « intellectuels médiatiques » m’exaspèrent avec leur extrapolation, météo politique, le fait qu’il parle pour le « peuple » , les « sénégalais » comme si ils étaient mandatés par eux, sont décidément parmi les « goulots qui étranglent le senegal » comme disait un des leurs. triste pays !

    • @ Analyste Ca
      ET TOI AVEC TA GRANDE PROMPT A DIRE DU MAL AS TU QUELQUE CHOSE DE MEILLEUR ?
      ON ATTEND TON ANALYSE IL NE PARLE PAS POUR LE PEUPLE IL N’A FAIT QU’UN CONSTAT HISTORIQUE ET D’AILLEURS LES JEUNES ONT APPRIS L’EVOLUTION DE L’ELECTORAT DEPUIS 1963 ET C’EST IMPORTANT DE VOIR QU’ENTRE 1963 ET 1978 IL EXISTAIT UN PARTI UNIQUE L’ELECTEUR N’AVAIT QU’UN SEUL BULLETIN DE VOTE A SA DISPOSITION
      L’AUTRE PARTIE DE L’ANALYSE EST AUSSI INTERESSANTE PORTE SUR LE RAPPORT ENTRE LES POLITIQUES ET LES POPULATIONS
      LES PARTIS ET LES COALITONS RISQUENT DE NE PLUS ETRE UNE GARANTIE POUR SE MAINTENIR AU POUVOIR LES SENEGALAIS ATTENDENT DES RESULTATS

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