En spéculant sur une possible grâce présidentielle d’ici la fin de l’année pour Karim Wade, le chef de l’Etat, Macky Sall avait besoin de montrer des gages de bonne foi aux populations, et particulièrement au Parti démocratique sénégalais (Pds). C’est du moins l’avis du directeur des Services régionaux de la Direction des Impôts est domaines. Invité à l’émission politique Objection de la radio Sud Fm du dimanche 12 juin, El Hadj Mamadou Diao, dit Mame Boye Diao, estime que les gens n’auraient pas cru à la bonne foi de Macky Sall, s’il avait dit dès l’entame du dialogue que Karim Wade ne sera pas libéré.
La déclaration du président de la République, Macky Sall, sur une éventuelle grâce à Karim Wade, condamné à 6 ans de prison par la Crei pour enrichissement illicite, n’est vraisemblablement pas fortuite. Le chef de l’Etat voulait donner des gages de bonne foi à la population sénégalaise. C’est du moins l’avis personnel du Directeur des services régionaux de la Direction des Impôts et domaines (Dgid), par ailleurs responsable apériste. Invité par Baye Oumar Guèye, dans l’émission politique Objection de la radio Sud Fm, dimanche 12 juin dernier, El Hadj Mamadou Diao estime que «le président n’écarte pas la possibilité qu’on le (Karim) libère parce qu’on ne comprendrait pas d’ailleurs qu’on puisse parler d’apaisement de climat social et qu’on ne donne pas de gage de sa bonne foi». Pour lui, si Macky Sall avait, dans le contexte d’ouverture du dialogue national, dit qu’il n’est pas question de libérer Karim Wade, «une frange de l’opinion sénégalaise allait dire qu’il n’était pas dans les dispositions d’un dialogue sincère». Ainsi, à son avis, si le dialogue national permet au Pds de demander une grâce et que le président l’accepte, il peut bien le faire.
Toutefois, le responsable politique apériste à Kolda précise qu’il n’est pas question de mettre de côté les intérêts des populations lors de ces concertations. A l’en croire, «il n’est pas dit que les intérêts du Sénégal et ceux du Trésor public sénégalais vont être dévoyés dans ce dialogue». Il pense ainsi dur comme fer que la libération de Karim ne peut pas se faire sur le dos des Sénégalais. Pour lui, «ce qui nous importe le plus, c’est de recouvrer les sommes dues au Trésor public».
D’ailleurs, pour ceux qui disent que la traque sera arrêtée avec la libération de Karim, Mame Boye Diao rassure que le chef de l’Etat n’a jamais parlé de stopper cette traque. A son avis, il y a eu beaucoup d’incompréhensions dans la démarche entre la Crei et l’opinion sénégalaise sur certaines questions. D’où selon lui, le besoin pour le chef de l’Etat de dire que la Crei doit faire l’objet d’une évaluation et éventuellement d’une modification. S’exprimant en outre sur le rapprochement entre le Pds et l’Apr, M. Diao a rappelé que, depuis une vingtaine d’années, aucun homme n’a été élu sans être dans une coalition. Donc, «l’heure est aux grands ensembles». Cependant, il pense qu’il est mieux de faire des ensembles homogènes que de faire des coalitions hétéroclites, à savoir entre idéologies. Toutefois, il informe que le chef de l’Etat est conscient que ce n’est pas une coalition qui va être à la base de sa réélection. Pour lui, «ce sont les résultats le terrain, c’est-à-dire tout ce qu’on a pu faire pour réduire la précarité des Sénégalais, pour amener le pays dans l’émergence, qui va être notre bréviaire pour sa réélection».
Sud Quotidien