EL HADJI DIOUF « L’équipe nationale a gagné avec beaucoup de chance, mais il n’y avait pas de fond de jeu »

Même s’il tire le chapeau aux « Lions » après leur victoire sur le Cameroun, El Hadji Diouf estime qu’un réel problème se pose, notamment avec un classement où l’on a cherché à « faire plaisir à tout le monde ». L’international sénégalais ne manque pas de cogner violemment Malickou Diakhaté qui raillait la « génération boîte de nuit », au lendemain de la victoire du Sénégal sur les « Lions indomptables ». Sans gants, le « Bad Boy » vide son sac au bout du fil. Et avec des mots crûs.

L’As : Que pensez-vous de la prestation des « Lions » face au Cameroun ?

El Hadji Diouf : Vraiment, je leur tire le chapeau. L’essentiel, c’était de gagner pour le Sénégal et les Sénégalais. Cela dit, on a une équipe en construction. Ça joue, mais il n’y a pas de fond de jeu. L équipe a eu beaucoup de chance. Mais on ne peut pas comparer ça avec ce qui s’est passé en 2002. 2002, c’était autre chose. Ce match me rappelle notre victoire sur le Maroc en 2002. On avait gagné, mais avec la manière. L’équipe a eu beaucoup de chance.
Où en est-on avec votre retour en sélection nationale ?

Les gens en parlent. J’ai d’ailleurs écouté Roger Mendy en parler sur la 2S. Ce sont des gens comme ça qu’il faut écouter. Que je revienne ou non en sélection, ça m’importe peu. Mais ceux qui croient que je vais baisser le pantalon ou supplier quelqu’un pour revenir en équipe nationale peuvent déchanter. Je ne le ferai jamais. Je suis double ballon d’or, meilleur joueur sénégalais du cinquantenaire. Les gens peuvent raconter ce qu’ils veulent, mais je suis le meilleur. Il faut qu’on arrête de casser du sucre sur le dos des gens. Ce n’est pas bien. Les gens doivent apprendre à parler moins et à travailler plus. S’inspirer de personnes comme Cheikh Amar par exemple, quelqu’un que je respecte beaucoup et qui me soutient moralement. Arrêtons de parler.

Et la lettre que vous aviez écrite à la fédération et à la Fifa ?

Il fallait tout simplement l’écrire et je l’ai écrite. Maintenant comme je vous le disais, je ne vais pas baisser mon pantalon pour qu’on me prenne dans la sélection. Si je peux apporter quelque chose, je le ferai. Car cette équipe-là, je l’ai faite. Mon rêve, ce n’est pas la sélection, mais de gagner avec cette équipe en tant que sélectionneur national.

Dans une interview à « Week-end », Fadiga vous a presque fermé les portes de la sélection nationale…

Je n’ai pas le temps de répondre à tout le monde. Je suis le meilleur joueur sénégalais des cinquante dernières années. Aujourd’hui, qu’on parle de moi, en mal ou en bien, je fais partie des joueurs sénégalais qui ont ébloui et qui continuent d’éblouir le monde.

Quand Pape Malickou Diakhaté affirme que leur génération n’est pas celle des boîtes de nuit, ça vous fait mal ?

Me faire mal ? Non. Cela m’a fait rigoler ! Car cette « Génération boîte de nuit » dont il parle, c’est elle qui a amené le Sénégal à la finale de la Coupe d’Afrique des Nations puis à la Coupe du Monde. C’est cette Génération qui a charmé le monde entier. Malickou veut se donner de l’importance. Il doit la fermer ouais. Qui le connaît lui ? Ferdinand Coly et Amara devaient lui demander de la fermer, parce qu’il ne devait pas tenir ces propos irresponsables. C’est inacceptable ce qu’il a dit. C’est du manque de respect notoire. Sa Génération doit apprendre à faire mieux que nous et arrêter de parler. La « Génération boîte de nuit » a fait vibrer le monde entier. Il n’a qu’à la fermer et apprendre à refaire ses passes.

Récemment, The Sun a publié une de vos photos où vous êtes tout nu. L’affaire a fait des vagues ici…

(Rires). Y a des vedettes et des stars. Moi, je suis une star. Quoi que je fasse, les gens parleront toujours en bien ou en mal. Même si je porte un short rouge, certains se demanderont pourquoi je n’ai pas porté un short d’une autre couleur. El Hadji Diouf dépasse le monde du foot. À Glasgow ou en Angleterre, les gens me considèrent comme un extra-terrestre, mais ça ne fait pas perdre la tête…

Mais justement, un journal a écrit que vous seriez indésirable à Glasgow…

Vous savez, comme je vous l’ai dit, les gens parleront toujours. Même quand tout va bien, ils parleront. Ici, nous nous battons pour le titre et je vais encore surprendre les gens.

Qu’est-ce que cela vous a fait de voir les joueurs courir derrière des primes ou être menacés d’expulsion de leur hôtel, comme on l’a vu…

C’est tout simplement honteux. Après le match contre le Cameroun, des joueurs m’ont joint pour dire qu’ils n’avaient pas encore reçu leur prime. Ça, on ne le fait pas à El Hadji Diouf. Regardez le classement lors du match. On voulait faire plaisir à tout le monde. Comment peut-on avoir quatre attaquants ? El Hadji Diouf lui, dérange. Je dérange parce que quand il faut dire la vérité, moi je la dis. Je ne cherche à faire plaisir à qui que ce soit. Je ne suis pas un mouton. Quand j’ai vu ce qui s’est passé à Ngor Diarama, c’était vraiment honteux. La Fédération veut se faire un nom, mais elle doit comprendre que tant que l’équipe ne gagne pas, elle ne peut pas se faire un nom.

Il paraît que vous rêvez de devenir sélectionneur national ?

Pourquoi pas ? Mon rêve, c’est de passer mes diplômes d’entraîneur. Je connais le football de haut niveau, c’est maintenant indéniable. Regardez, ils disent que Mourinho est arrogant, mais il gagne. Mais chez nous, vous m’excusez du terme, les gens croient que pour être entraîneur, il faut être un lèche cul. Ecrivez-le comme ça. Moi, je ne ferai jamais la lèche à quelqu’un. Jamais !

Que dites-vous aux Sénégalais ?

Name naa Sénégal (j’ai la nostalgie du pays). À bientôt, lors des vacances. J’irai d’abord avec ma famille aux Etats-Unis, avant de venir au Sénégal me ressourcer. Sénégal sama deuk leu (Le Sénégal c’est mon terroir ».

Propos recueillis par Cheikh Mbacké GUISSE

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