EL Hadji Malick GUEYE, député libéral : «Je demande à Wade de ne pas se représenter en 2012»

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El hadji Malick Guèye, député libéral, ne s’est jamais débiné lorsqu’il s’agit de se prononcer sur une situation politique, contrairement à certains responsables libéraux préférant cloisonner leur opinion dans quelques salons feutrés. Dans cet entretien, le responsable du Pds à Latmingué dénonce l’indiscipline de ses «frères» de parti, vilipende l’«Alliance «Sopi» pour toujours» (Ast) qui, selon lui, est un regroupement «d’opportunistes», et se prononce la succession de Me Wade. Sur ce point, le député estime que le Président Wade devrait renoncer à se présenter en 2012 à cause de son âge très avancé, et se choisir un dauphin.

Votre parti traverse ces derniers temps des difficultés marquées par le départ de Aminata Tall. Est-ce qu’on

peut dire que l’histoire vous a donné raison ?
Dans le parti, l’histoire a l’habitude de me donner raison sur eux (ses «frères» de parti), mais ils refusent d’admettre la réalité. Un parti a trois caractéristiques : un cycle de vie, des gens qui le nourrissent, et des gens qui en vivent. Son cycle de vie dépend des personnes qui l’animent. Donc, nos différends dans le parti ne doivent pas nous désunir. Les querelles sont inhérentes aux partis politiques. En politique, il n’y a pas d’ennemis ; votre adversaire d’aujourd’hui peut être votre allié demain. Un parti est une association où le débat d’idées doit prévaloir. Il doit avoir un leader, des responsables, des militants et des soutiens. N’importe qui ne doit pas être responsable. Quelqu’un qui ne sait pas quoi dire ni quoi faire risque de sacrifier le parti. Ce qui a le plus aggravé le problème du parti, ce sont les querelles entre responsables. Certains font des déclarations sans en mesurer la portée et engagent le parti dans des histoires sans issue. Autre cause des problèmes du Pds, c’est l’Alliance Sopi pour toujours (Ast). Cette structure a alourdi le parti. Elle est utile pour un parti qui veut conquérir le pouvoir, mais une fois au pouvoir, vous devez prendre vos propres «enfants» pour renforcer votre parti.

Mais ces alliances existent dans les pays développés com­me la France avec l’Ump…
La différence est que dans les pays développés, les leaders de parti nouent des alliances pour faire vivre la démocratie, alors que chez nous, les hommes politiques le font pour avoir des moyens et non pour soutenir Abdoulaye Wade. Ils viennent nous rejoindre uniquement pour des postes de responsa­bi­li­té ou bien pour avoir de quoi entretenir leur parti. Ce ne sont que des opportunistes.

Vous pensez donc que l’Ast doit être dissout ?
Absolument ! Mais, dans le contexte actuel, ce serait un peu difficile de la dissoudre parce que ses responsables ont fini par prendre en otage Wade. Cela a frustré de nombreux responsables du parti, car ils ne sont pas récompensés. C’est mon cas. Malgré toutes les permanences que j’ai eu à construire depuis 2002 sur fonds propres, les centaines de «frères» de parti que j’ai envoyés à la Mecque, la victoire que j’ai eue lors des élections locales de 2009, j’ai été zappé du bureau de l’Assemblée nationale au profit des alliés du parti. Ils occupent des postes-clés et entretiennent leurs militants. Ce que nous ne sommes pas en mesure de faire car n’ayant pas de moyens.

Lors du dernier Comité directeur, Awa Diop a déclaré qu’elle ne se rangerait jamais derrière Awa Guèye Kébé qui, selon elle, avait voté pour le Parti socialiste en 2000. Dans ces conditions, n’avez-vous pas peur que cela puisse porter préjudice au parti à quelques mois de la Prési­dentielle de 2012 ?
Je considère comme ennemi du Président toute personne qui tente d’opposer Abdoulaye Wade à Idrissa Seck. C’est Abdoulaye Wade, lui-même, qui avait déclaré qu’entre lui et Idrissa Seck, c’est comme une paire de ciseaux. C’est lui qui disait que tout ce qu’il pense, Idrissa Seck le devine.

Mais aujourd’hui, les deux hommes ne s’entendent plus…

Certes, mais lorsque Wade le disait, il était conscient. S’ils sont en contradiction aujourd’hui… (il ne fini pas sa phrase). Dans un parti, il faut reconnaître le mérite des autres. Il faut admettre que, lors de l’élection présidentielle de 2007, Idrissa Seck s’est classé 2e. Malgré tout, certains responsables du parti continuent de dire qu’il ne pèse rien. C’est faux ! S’agissant du différend entre Awa Diop et Awa Guèye Kébé, c’est très normal. Awa Diop veut agrandir le parti ; elle œuvre pour la réunification de la famille libérale. Quant à Awa Guèye Kébé, elle fait partie de ceux qui avaient quitté Idrissa Seck pour revenir aujourd’hui aux côtés de Abdoulaye Wade. Donc, cette personne ne veut, et ne fait que séparer Idrissa Seck de Abdoulaye Wade ; c’est uniquement ce qui l’intéresse. Je me demande si elle n’est pas à l’origine du différend entre Ab­dou­laye Wade et Idrissa Seck. Awa Diop a raison sur elle. Son souhait est d’aider Abdoulaye Wade à réunifier la famille libérale afin que le Pds puisse rester au pouvoir durant 40 ans. Donc, je la soutiens dans son combat.

Vous ne pensez pas que la faute revient à  Me  Abdoulaye Wade qui semble faire trop de calculs ?

Je m’adresse toujours à Wade. Imaginez une région comme Kaolack ; il n’y a personne qui puisse régler le problème des militants dans la région. Pourquoi ? La défaite du Pds à Kaolack est de la faute du parti qui a voulu parachuter quelqu’un qui n’est pas de la ville de Kaolack. Ce que les Saloum-Saloum ont refusé. Les Kaolackois n’ont pas besoin de Abdoulaye Wade ; c’est ce dernier qui a besoin d’eux. Si cela continue comme…(Il ne termine pas sa phase). J’attire l’attention du Président Abdoulaye Wade. Il y a beaucoup de gens qui sont dans le parti, mais qui sont dans d’autres partis, parce que certains regardent si Karim Wade va remplacer son père. Il y en a qui ne veulent pas que Idrissa Seck s’entendent avec Wade. D’autres, par contre, s’interrogent sur l’image du Président Abdoulaye Wade. On ne peut pas avoir ces appréhensions et vouloir que ce parti marche. C’est impossible ! Donc, c’est à Me Wade de donner définitivement sa position par rapport à la Présidentielle pour que nous soyons édifiés. Personnelle­ment, je demande à Abdoulaye Wa­de de ne pas se représenter en 2012.

Qu’est-ce qu’il devrait faire dans ce cas ?

Qu’il choisisse dans le parti des cadres qui ont la compétence, l’expérience ; et qu’on arrête de haïr les gens sur des bases crypto-personnelles. Vous ne pouvez pas rejeter quelqu’un qui est arrivé 2e et choisir quelqu’un d’autre. Ce n’est pas possible !

Selon vous, qui est le mieux placé pour succéder à Me Wade ?
Si le numéro 2 retourne au Pds, et que le numéro 1 n’est plus là ; le numéro 2 le remplace d’office.

Vous parlez de Idrissa Seck ?
Oui ! Cela, ce sont les Sénégalais qui l’ont fait. Si Idrissa Seck revient dans le parti, forcément il doit être le numéro 2. D’ailleurs si on se dit la vérité, chacun sait ce qu’il vaut dans le parti. Tous ceux qui s’agitent savent nettement qu’ils ne peuvent pas se mesurer à Idrissa Seck. Même ses cheveux pèsent plus de poids qu’eux. Si Abdoulaye Wade devait avoir une copie, ce serait Idrissa Seck. Qui aime Abdoulaye Wade, aime Idrissa Seck. Et vice-versa.

La semaine dernière, le cortège de Idrissa Seck a été bloqué à l’entrée de Kaolack par les autorités policières de la localité. Quel commentaire vous en faites ?
J’ai entendu Souleymane Ndéné Ndiaye dire qu’il n’est pas le griot de Abdoulaye Wade. Cela m’a étonné. Comment on peut être le directeur de campagne de Abdoulaye Wade sans pour autant être son griot ?

Un directeur de campagne n’est pas un griot…
Je suis convaincu que ce sont les proches du président de la République qui sont derrière cet déclaration honteuse. Mais ceci ne fait que renforcer Idrissa Seck. Les gens du Pds travaillent, sans le savoir, pour Idrissa Seck, à cause de leurs nombreuses maladresses. Or, ils devraient plutôt le soutenir puisqu’il est de notre parti, afin que le Pds puisse rester encore au pouvoir pendant 40 ans. Ce sont les termes qui changent, mais c’est la même chose. Tout le monde sait qu’il n’est pas un griot. Il s’agit de parler des réalisations du président de la République, de ses compétences, c’est tout. S’il n’est pas capable de le faire, en tant que directeur de campagne, c’est que Abdoulaye Wade doit revoir son choix.

Est-ce que vous pensez que le contexte actuel plaide en faveur d’une réélection de Abdoulaye Wade, si jamais il se présente en 2012 ?

Abdoulaye Wade pourrait être réélu facilement, s’il n’était pas d’un âge avancé. Parce qu’il a suffisamment travaillé pour que les Sénégalais lui renouvellent leur confiance. Ma seule inquiétude, c’est son âge (il se répète). C’est pourquoi je lui conseille de choisir parmi ses «fils» quelqu’un qui puisse le remplacer. Je souhaite qu’il ait une sortie honorable. S’il décide, malgré tout, d’aller à la prochaine élection présidentielle, nous le soutiendrons. Mais son âge me pose réellement problème.

Que pensez-vous du découpage administratif de certaines collectivités locales ?
Ce découpage administratif a posé beaucoup de problèmes au Pds, car il y a des porteurs de voix qui sont lésés. Avant 2000, Kaolack, Kaffrine, Nioro, toutes ces localités étaient gérées par un seul leader qui était feu Abdoulaye Diack. Ces découpages vont fait tort à certains leaders, à de nombreux électeurs. Quelqu’un comme moi, si voulez découper Kaolack, vous me privez forcément de Kaolack, de Nioro. On ne doit pas mettre sur le même pied tous les leaders parce qu’ils n’ont pas le même poids électoral. Cela risque de porter préjudice au parti.

Si ces découpages sont motivés par des raisons économiques, je n’y vois pas d’inconvénient. Mais s’ils ont été faits sur une base politicienne, je suis contre. Confier ce genre de dossier à Aliou Sow, qui est un homme politique, il fera tout pour porter un coup politique à ses adversaires. Dans ce cas, ce n’est pas équitable. Pour le cas de Sangalkam, tout le monde sait que c’est éminemment politique.

Le président du Conseil rural de Sangalkam, Oumar Guèye, considère que c’est à cause de sa proximité avec Idrissa Seck que sa localité a été découpée…
Si on veut aider Abdoulaye Wade, on doit le faire en cherchant une base politique et non lui créer des problèmes. Il y a des gens qui ne vivent que de polémique. Il est normal lorsqu’on nomme ce genre de personnes à des postes de responsabilité, qu’il y ait des polémiques. Il (Aliou Sow) a parlé d’une histoire de 15 millions à Thiès. Or, si sa propre région avait été auditée, on allait y trouver un trou de 100 millions. Aller jusqu’à Thiès pour contrôler 10 ou 15 millions, c’est de la provocation. Et cette situation se retourne toujours contre Abdoulaye Wade.

Vous aviez fait récemment une sortie contre votre collègue Doudou Wade. Ce dernier a, à son tour, répliqué. Est-ce que le président de l’Assemblée nationale, Mamadou Seck a essayé de vous réconcilier ?
Tout le monde sait, dans le parti, que ma seule référence, c’est Wade. Je ne crois qu’en lui. Personne d’autre n’ose m’interpeller sur la question.

Mamadou Seck, c’est quand mê­me le président de l’Assem­blée nationale.
Je suis d’accord et je reconnais son autorité. C’est quelqu’un de bien et d’honnête. Mais, j’ai l’impression que le problème qui m’oppose à Doudou n’est pas lié à l’As­semblée. Il n’a opposé aucun argument à mes critiques qui ne sont pas d’ordre professionnel. Et Mamadou Seck n’est pas compétent pour en parler.

Le procureur a requis 5 ans de pri­son ferme contre Bara Tall, dans le procès qui l’oppose à l’Etat. Qu’en pensez-vous ?
Je rappelle que j’ai été le premier à me rendre chez Bara Tall pour tenter de le réconcilier avec l’Etat. Je me suis rendu compte que c’est un citoyen qui travaille pour son pays ; donc on devrait l’aider. Je m’en étais ouvert au président de la Rép­u­bli­que qui m’a recommandé à Sou­ley­mane Ndéné Ndiaye. J’avais pensé que la situation allait se décanter. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Je demande solennellement au président de la République, dans sa magnanimité, de pardonner et de penser aux nombreuses familles qui dépendent de Bara Tall. Qu’on permette à Bara Tall de reprendre son travail, de gagner des marchés afin qu’il puisse partager ses bénéfices avec les Sénégalais !

Mais vous semblez culpabiliser Bara Tall qui est convaincu de son innocence…
J’ignore qui a tort et qui a raison, parce que je ne suis pas juge. Dans le cas d’espèce, j’interpelle directement le président de la République. Nous avons l’habitude, dans notre pays, de régler les problèmes entre familles. On nous a éduqués ainsi.
lequotidien.sn

2 Commentaires

  1. j’apprécie beaucoup votre sincérité et la pertinence de vos analyses,ce que nul n’ose dire ,vous le dites,c’est peut-être cause pour laquelle DOUDOU L’ARROGANT vous taxe de FOU.,mais tu pouvais porter ta sincérité et ton courage à bout et reconnaitre la persécution que BARA TALL EST ENTRAIN DE SUBIR.

  2. Sois honnete avec toi meme et quittes ce parti si tant est que ce que tu dis est sincere.Tu ne crois pas a la candidature de Wade du fait de son age et malgre tout tu vas le soutenir si d’aventure il se presenterait.quelle incoherence!!

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