Emigration clandestine : Barrons la route à l’apologie du suicide ! (Par Ibrahima Sène)

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Depuis la sortie du Porte -parole du Khalife Général des Murids qualifiant les morts des pirogues, de « suicide » qui est considéré comme une abomination par toutes les religions, et qui est sanctionné dans l’Islam par « l’enfer » quelque soient les motivations de l’acte, des voix dans des partis d’opposition, dans la société civile, et même chez certaines autorités de confréries musulmanes, se sont élevées pour s’indigner.
Mais ces bons samaritains semblent ignorer, que cette sortie s’adresse principalement aux parents, qui par cupidité, obligent leurs enfants à emprunter les « pirogues de la mort » en finançant même leurs voyages potentiellement sans retour, et non aux jeunes qui n’en sont que des victimes expiatoires.
Ces parents devraient prendre conscience qu’ils envoient leurs enfants au suicide, donc directement en enfer, et non pas à la recherche chimérique de moyens pour leur assurer un bien être.
Pour un pays à 90% musulmans, un tel discours pour lutter contre l’émigration clandestine, est le plus approprié pour dissuader les parents à orienter leur progéniture vers de telles périlleuses entreprises considérées par l’Islam comme une abomination !
Ces parents qui prennent pour prétexte le chômage pour envoyer ainsi leurs progénitures au suicide, se comportent comme le djihadistes qui exploitent eux aussi, le chômage des jeunes en les recrutant pour leur faire porter des « bombes » afin de mener des actions suicidaires, avec la promesse d’aller directement au paradis tout en assurant le bien -être de leurs parents !
Cette exploitation parentale ou djihadiste du chômage des jeunes, ne devrait en aucune manière être glorifiée ou justifiée par des raisons politiciennes pour accabler un gouvernement, mais devrait être considérée comme des crimes contre la jeunesse pour la combattre par tous les moyens, et les sanctionner judiciairement sans états d’âme.
Par contre, ceux qui justifient le recours des parents à l’émigration clandestine au prétexte, qu’à cause du chômage, les jeunes sont « déçus » des politiques publiques actuelles et ont perdu « tout espoir » d’une vie meilleure, ils reconnaissent en le disant, sans s’en rendre compte, que les jeunes ne voient pas, aussi, en eux, un nouvel « espoir » pour résister aux pressions de leurs parents et rester au pays lutter avec eux, pour changer les politiques publiques !
Leur explication réductrice et politicienne des causes de l’émigration clandestine, leur revient ainsi en pleine figure comme un boomerang !
Cependant, lier l’émigration clandestine ou le djihadisme au chômage, c’est accepter qu’il soit impossible de les éradiquer dans le système capitaliste libéral, dont les lois économiques régentent le monde.
En effet, le Capitalisme libéral par essence, à ses débuts, limite l’emploi pour maintenir un chômage nécessaire à sa politique de bas salaire pour obtenir les profits escomptés, et, dans sa phase monopoliste financière et digitale, détruit les emplois pour les remplacer par des robots et par le télétravail.
Ainsi, ceux qui croient encore que pour des pays comme le Sénégal, c’est la promotion de l’entreprenariat local, pour avoir un secteur privé national fort, et l’attrait aux investisseurs étrangers, qui vont régler le problème du chômage , et donc résoudre l’émigration clandestine ou le djihadisme, ignorent que cette voie rend l’Etat incapable de créer les conditions minimales pour assurer la santé, l’éducation, et l’emploi dans tous les pays, y compris dans les plus grandes puissances économiques monde, qui ont choisi cette voie.
Il a suffi la COVD-19 pour monter toutes les limites sociales du Capitalisme libéral, en accentuant la pauvreté et le chômage, tout en rendant les riches détenteurs du grand Capital, encore plus riches !
Cette aggravation des inégalités sociales devrait convaincre les plus sceptiques que sans l’intervention de l’Etat dans la production, donc la création d’emplois, et dans l’offre des services sociaux de base, il n’ y a pas d’alternative pour sortir nos pays, et l ‘Humanité entière du chômage, de la misère sociale, et des maladies endémiques.
La Chine qui a su développer un puissant secteur public dans les secteurs stratégiques de son Economie et en développant un fort secteur privé national tout en s’ouvrant au Capital étranger, est un exemple de Capitalisme d’Etat qui a réussi à réduire significativement le chômage, la pauvreté et les inégalités sociales, et à maîtriser le COVID -19, là où les Etats du Capitalisme libéral s’enfonce dans ses inégalités sociales et leur incapacité à faire face à cette pandémie.
Au Sénégal, sans un secteur public puissant dans les secteurs stratégiques de notre Economie, il n’y a pas d’avenir pour un secteur privé national fort, ni pour réduire significativement les inégalités sociales, territoriales et le chômage pour soustraire notre jeunesse des pressions des parents et djihadistes.
Une telle option pour le Capitalisme d’Etat est incompatible avec le respect, exigé par le FMI et la Banque mondiale, des critères de convergence de l’UEMOA issus du Consensus de Washington, qui bloque artificiellement notre déficit budgétaire à 3% du PB, le taux d’inflation à 3%, notre endettement à 70% et la masse salariale de l’Etat à 35% des recettes fiscales.
Le Sénégal a dû les suspendre pour se donner les moyens de faire face au COVID-19, pour relancer la santé publique, et le taux de croissance de l’Economie en mettant l’accent sur l’appui à la modernisation de notre agriculture, à la promotion de l’Agro-industrie et de l’Agrobusiness, tout en ignorant les recommandations de privatisation des terres et de flexibilisation plus accrue du statut des travailleurs accompagnée d’une réduction de la fiscalité sur les bénéfices des entreprises.
Cette orientation devrait être consolidée à la sortie de la crise COVID619, pour en faire une orientation stratégique d’édification d’un Capitalisme d’Etat dans notre pays.
Pour ce faire, le rassemblement le plus large possible des forces vives de la nation, autour du Président Macky Sall, permettrait au Sénégal de faire cette mutation avec le moins de douleur possible, étant donnée l’hostilité prévisible du FMI et de la Banque mondiale vis-à-vis d’un tel tournant historique.
C’est en cela que le nouveau gouvernement d’ouverture devrait servir d’appui pour un élargissement encore plus grand en direction des autres partis et de la société civile dans les formes les plus appropriées.

Ibrahima Sène PIT/SENEGAL

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