Les résultats de l’emprunt obligataire de 50 milliards qu’avait lancé l’Etat sénégalais sur le financier régional le 8 novembre dernier, sont au-delà des attentes. Le montant collecté est de 88,1 milliards de francs Cfa à la période du 7 décembre dernier.
Les souscripteurs ont répondu favorablement à l’emprunt obligataire du Sénégal. Pour 50 milliards de francs Cfa, l’opération qui a été lancée le 8 novembre 2012 a résulté à un montant global de 88,1 milliards de francs Cfa, entièrement retenus par l’Etat du Sénégal. Pour une durée de 7 ans, le taux moyen de l’emprunt est de 6,7%.
Concernant la répartition des souscripteurs, les banques représentent 67%, les compagnies d’assurance 12%. Les organismes de placement collectif en valeur mobilière représentent 2%, les personnes physiques, 5% de ce montant levé de cette opération et les autres sociétés, près de 14%. S’agissant de la répartition par pays, le Sénégal a pu collecter plus de 47 milliards de francs Cfa, soit 54% du montant levé. Le Togo suit avec 12% représentant un montant collecté de 10 milliards ; le Burkina avec 9 milliards, représentant 11%, la Côte d’Ivoire 7,7 milliards représentant 9% de cette opération, le Mali, 3,2 milliards, 1%…
Suffisant pour que Amadou Kane, ministre de l’Economie et des Finances se réjouisse du «succès» de l’émission. C’est le montant le plus élevé qui a pu être levé sur le marché régional, ces dernières années. «Le taux de couverture dépasse 175%. Et c’est le montant le plus élevé qui a pu être levé sur le marché financier régional, ces dernières années. C’est l’opération qui nous permet de rentrer dans notre stratégie d’endettement à moyen terme», a indiqué le ministre des Finances. D’après les responsables de Cgf bourse qui ont conduit conjointement l’opération avec Ecobank, des personnes physiques ont massivement participé à cette opération. La directrice générale Odile Sène Kantoussan explique que de 64 en 2005, le nombre de personnes physiques est passé à 437 en 2012, pour un montant global collecté de 4 milliards de francs Cfa. Pour ce qui est des personnes morales, le nombre est passé de 58 en 2005, à 147 en 2012. Le Sénégal en est à sa quatrième opération, après les emprunts obligataires qui ont été levés «avec succès, en 2005, 2007 et 2010». Les différents montants qui ont été levés dans ces opérations sont respectivement, de 45 milliards, 55,1 milliards et 76,8 milliards de francs Cfa.
En termes de maturité, indique Mme Kantoussan, «l’opération de 2012 sur 7 ans, est la maturité la plus longue que le marché financier a eu à offrir au Sénégal depuis 2005. Les opérations précédentes avaient une maturité de 5 ans, alors que celle de 2012 est de 7 ans, avec un différé de deux ans. Ce qui permet à l’Etat du Sénégal de restructurer sa dette». A ce propos, souligne Amadou Kane, «l’opération de 7 ans, était un pari. Nous avons dans notre programme d’emprunt 2012, des emprunts complémentaires de courte durée à effectuer, de un ou trois ans. Le succès de cette opération nous permettra de remplacer des crédits d’un an ou trois ans, par des crédits de 7 ans. C’est pour cette raison que nous avons retenu la totalité du montant levé et de nous abstenir de procéder à des emprunts additionnels de plus courte durée. Ce qui va nous permettre de souffler un peu et de continuer à reprofiler notre dette». Le ministre réitère que l’endettement global du Sénégal reste «soutenable» dans la mesure où il est en dessous de 70% de la norme communautaire. Ce qui n’est pas soutenable selon lui, «c’est le service de la dette, les montants qui tombent dans la même année. C’est cela qui fait 603 milliards en 2012 et qui font à peu près 40% des recettes fiscales. C’est ce profil qui conduit à des montants extrêmement élevés. Antérieurement, on n’a pas tenu compte de beaucoup de facteurs, quand on empruntait et on a augmenté de façon accrue le montant de la dette entre 2006 et 2012. C’est cela que nous avons stoppé. Et nous nous sommes engagés dans un processus de reprofilage. Cette opération nous aidera à réussir cette stratégie». Il précise que l’emprunt servira à financer les secteurs prioritaires, notamment l’agriculture, les infrastructures et l’énergie.
Les biens mal acquis pour financer le développement
L’actualité nationale, portant sur les biens mal acquis, s’est invitée à la conférence de presse du ministre de l’Economie et des Finances, hier. M. Kane a déclaré que tout argent qui sera restitué ira dans le financement de la Stratégie nationale pour le développement économique et social (Sndes 2013-2017) dont le besoin financier est estimé à plus 5 000 milliards de francs Cfa. Cela devrait, selon lui, servir à alléger le niveau d’endettement du Sénégal.
Les 38 milliards vont financer des fonds d’investissement
Le surplus de 38 milliards de francs Cfa récoltés par l’Etat du Sénégal dans le cadre de son emprunt obligataire, seront destinés à financer des fonds d’investissement dans les secteurs de l’agriculture et de l’énergie, a annoncé, le ministre de l’Economie et des Finances, Amadou Kane, lors de son point de presse hier.
«Nous avons lancé une opération dans la zone de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) et nous l’avons réussie au-delà de nos espérances. Ce surplus de 38 milliards va permettre à l’Etat d’augmenter la productivité, d’accroître les surfaces irriguées, de renforcer les semences et de maîtriser l’énergie en élevant la subvention», a-t-il dit.
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