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« En 2011, les avènements du 23 juin ont montré la farouche hostilité des Sénégalais pour un troisième mandat… »

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XALIMANEWS : Dans un entretien accordé à Sud quotidien, Alioune Tine a réagi sur le « forcing » des Chefs d’Etat Africains pour briguer un 3 » mandat.
Selon Alioune Tine, le forcing pour le troisième mandat est la marque d’un seuil critique pour la paix et la stabilité et la sécurité de l’Etat.
« A Conakry, on a la volonté inébranlable du président Alpha Condé de réviser la Constitution pour déverrouiller les dispositions relatives à la limitation des mandats et en face, la volonté aussi inébranlable du Front national pour la défense de la constitution (Fndc) formé par la société civile et tous les partis d’opposition. Quand Sékou Touré avait fait face au Général De Gaulle proclamant «nous préférons la pauvreté dans la liberté à la richesse dans l’esclavage», brandissant les valeurs de liberté, de dignité, de résistance à l’oppression face à la France, devenant lui-même le modèle absolu de la résistance à la colonisation, personne ne pouvait deviner qu’il allait lui-même régner plus tard par la terreur. De là le point de départ de l’épopée tragique, d’une histoire politique marquée par la violence de la répression sur les dissidents politiques, avec des exécutions sommaires, tortures, détentions arbitraires et des exils forcés », a-til-confié, avant de rajouter : « dans les années 1990- 2000, la situation n’a pas fondamentalement changé avec les régimes de Lansana Konté, de Dadis Camara et des autres. Mais cela n’a guère brisé la résistance des dissidents politiques et de la société civile en Guinée, au premier rang desquels le Président Alpha Condé, ancien Président de la FEAN ; qui a vécu l’exil politique pendant plus de dix ans parce qu’il était condamné à mort par contumace par Sékou Touré et a fait la prison en 1998 sous le règne de Lansana Konté, mobilisant tous les démocrates de la planète, en premier ligne les sénégalais. Ce qui fait de lui, un des symboles africains de la lutte pour la démocratie et les libertés fondamentales en Afrique. Il est supposé être le Président le mieux placé pour mettre un terme aux errements démocratiques et constitutionnels en modernisant la culture politique, avec la construction d’une citoyenneté capacitaire qui abolisse définitivement les polarisations communautaires et les conflits politiques qui polluent la vie en Guinée. Concernant la limitation des mandats à deux, il s’agit désormais pour les citoyens africains d’un acquis devenu irréversible : l’expérience du Niger avec la «tazartché» de Mamadou Tandia en 2009, pour réviser la Constitution et qui a du dissoudre l’Assemblée Nationale et la Cour Constitutionnelle qui s’y étaient opposées et a dû être stoppé dans cette aventure par un coup d’état militaire ».

Alioune continue et défend : « l’actuel Président du Niger, Mamadou Ussufou a bien retenu la leçon et s’est fait le chantre de la promotion de la limitation des mandats à deux. En 2011, les évènements du 23 juin ont montré la farouche hostilité des Sénégalais pour un troisième mandat, ce qui a contribué à la défaite du Président Wade à la présidentielle de 2012. En 2014, le Président Burkinabé Blaise Compaoré a quitté le pouvoir dans des conditions humiliantes, chassé par une insurrection populaire, par la suite le Burkina a connu une certaine instabilité politique avec un nouveau coup d’état militaire, une nouvelle insurrection populaire et aujourd’hui les attaques récurrentes des groupes armés djihadistes. Tous cela pour dire que le forcing pour le troisième mandat est la marque d’un seuil critique pour la paix et la stabilité et la sécurité de l’Etat. C’est également une limite au-delà du supportable pour les citoyens africains qui ont appris à se mobiliser, à s’organiser pour stopper les présidents africains qui ne savent pas quitter le pouvoir dans les délais constitutionnels. Il faut également méditer sur les révolutions, les insurrections, les manifestations les plus récentes qui ont eu raison du régime du Président Algérien Bouteflika et du régime soudanais le Président Omar EL Bachir.
« La problématique du troisième mandat est l’arbre qui cache la forêt des dysfonctionnements et autres entropies démocratiques qui reposent essentiellement sur une conception très restrictive de la démocratie largement comprise comme la démocratie électorale et la démocratie constitutionnelle. Il s’a git d’une profonde méconnaissance de la complexité du système démocratique, simplifiée et réduite à la procédure d’autorisation ou de permis de gouverner mais aussi aux pouvoirs constitutionnels reconnus aux institutions. On assiste à la mise en place de régime autoritaire, de césarisme démocratique avec des tendances lourdes, à l’instauration des partis-Etat, de privatisation de la politique et des institutions, , et toutes les conséquences liées à la gouvernance politique, économique et financière. Reste l’attraction et la fascination que l’idole ou la religion du pouvoir exerce sur certains chefs d’Etat accrocs au pouvoir pour filer la métaphore de la « drogue- pouvoir » de Léopold Sedar Senghor » a-t-il-conclu. .

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