Selon un nouveau rapport d’Amnesty international rendu public mercredi, l’armée birmane serait coupable de « crimes de guerre » et de violations des droits de l’Homme à l’encontre d’une faction armée rebelle de l’État d’Arakan, dans l’ouest du pays.
Un rapport d’Amnesty international accable les autorités birmanes. L’organisation de défense des droits humains y dénonce, mercredi 29 mai, des « crimes de guerre », des « exécutions extra-judiciaires » et « tortures » dont serait coupable l’armée à l’encontre d’une faction armée rebelle de l’État d’Arakan, dans l’ouest de la Birmanie.
La région, théâtre du drame rohingya, connaît depuis plusieurs mois une recrudescence des combats entre les militaires birmans et les rebelles de l’armée d’Arakan (AA), qui lutte pour obtenir plus d’autonomie en faveur de la population arakanaise, majoritairement bouddhiste.
Amnesty a déclaré dans un rapport disposer de « nouvelles preuves » montrant que l’armée birmane est actuellement coupable de « crimes de guerre et d’autres violations des droits de l’Homme » contre l’ethnie arakanaise. L’organisation humanitaire énumère dans ce rapport des cas d' »exécutions extra-judiciaires », d' »arrestations arbitraires », de « tortures » et de « disparitions forcées ».
Le document, basé sur plusieurs dizaines de témoignages de différents groupes ethniques, des photographies, des vidéos et des images satellite, évoque sept attaques de l’armée à l’encontre de cette ethnie au cours desquelles quatorze civils ont été tués et des dizaines d’autres blessés. L’armée « terrorise les civils », a déploré Nicholas Bequelin, directeur d’Amnesty pour l’Asie du Sud-Est.
Aung San Suu Kyi garde « le silence »
L’ONG accuse le gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi de « garder le silence » sur ces exactions et de bloquer l’acheminement de médicaments et de nourriture ainsi que l’accès des organisations humanitaires à la région.
Amnesty relève toutefois que même si la majorité des violences sont le fait des militaires, les rebelles de l’AA ont également « commis des abus contre les civils » en envoyant notamment à des responsables et des hommes d’affaires locaux des courriers contenant des balles.
Sept soldats condamnés pour un massacre de Rohingya libérés
Par ailleurs, sept soldats birmans condamnés en 2018 à dix ans de prison pour un massacre de musulmans rohingyas ont bénéficié d’une libération anticipée, ont annoncé les autorités du pays. L’armée avait annoncé en avril 2018 la condamnation de ces sept soldats par un tribunal militaire pour le massacre du village de Inn Din.
Cette libération anticipée est révélatrice du manque d’engagement des autorités militaires à « voir quiconque être tenu pour responsable » de la crise rohingya, a réagi Phil Robertson, de l’ONG internationale Human Rights Watch.
Les violences de l’armée birmane et de milices bouddhistes contre les Rohingya, qualifiées de « génocide » par les enquêteurs de l’ONU, ont poussé depuis août 2017 plus de 740 000 d’entre eux à fuir vers le Bangladesh.
France 23 avril, 2019
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