« ENDOMÉTRIOSE ET FIBROME UTÉRIN De la souffrance à l’action »: L’ouvrage d’Aissatou Sidibé et Joseph Thubert vu par Moussa Beye

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Ce livre co-écrit par deux femmes l’une Aïssatou Sidibé infirmière clinicienne à Montréal , atteinte de fibromes utérins, l’autre Marie-Josée Thibert, conseillère en communication pour le réseau de la santé et des services sociaux de Montréal , atteinte d’endométriose. Des échanges riches sans jamais tomber ni dans la culpabilisation ni dans la victimisation avec un but pédagogique réussi et une envie forte de s’en sortir.
Nous allons passer à travers les différentes phases connues, classiques au demeurant , mais réelles à savoir le choc initial, le déni ou sa tentative, la révolte, la négociation, la réflexion avec le poids des transformations et surtout du regard des autres et enfin cette dernière phase de l’acceptation. À noter que des conseils pratiques liés notamment à la gestion du stress et des émotions ont une place privilégiée dans cet ouvrage.

À travers ces échanges d’informations pertinentes de leurs expériences respectives, elles ont toutes les deux crée des organismes à but non lucratifs afin de se donner tant soit peu, les moyens de mieux lutter contre ces maladies qui déstabilisent souvent les femmes , mais aussi de mieux vulgariser ces maux, souvent gardés dans le silence . Aucun tabou , avec pour seule motivation le partage qui peut aider à se libérer, à mieux comprendre voire à mieux accepter afin de lutter effectivement contre ces maladies qui touchent beaucoup de femmes . C’est une véritable libération de la parole, un grand soulagement certainement. Et l’on se rend également compte que la foi peut à bien des égards aider dans de telles circonstances . Les deux coautrices ont montré qu’il y’a absolument pas de fatalité, la volonté, la motivation et la combativité constituent ici de puissants leviers .
Elles sont devenues « Des patientes expertes en formation constante. » Une expertise acquise de haute lutte et au prix fort. Je ne doute pas qu’elles s’en seraient passées. Avoir été victimes de viol, d’agression sexuelle pour les deux et d’une excision génitale féminine en sus pour l’autre, il y’a de quoi dégoûter une femme à vie!
Une détermination sans faille non pas juste pour s’en sortir individuellement , mais pour « … transformer les choses pour les générations futures et permettre aux femmes d’agir sur leur santé… et de la reprise du pouvoir! ». Quelle noblesse d’âme! Quelle admirable volonté! Malgré les esquives et autres tentatives, la réalité finit par nous rattraper au plus profond de nous. Et il faut quasiment de ressources extraordinaires pour espérer sortir la tête de l’eau. Le déni tout comme le rejet ont une durée de vie limitée « Très longtemps, j’ai rejeté une partie de ma féminité. Je ne voulais absolument pas entendre parler de gynécologie et de tout ce qui pouvait me rappeler les traumatismes liés à mon enfance. ». Il faut vraiment repenser notre société!
Arriver à transformer ce qui était à la base une quête personnelle pour en faire une raison de vie, un combat pour toutes les femmes qui souffrent est une mission d’une grande noblesse. Elles ont été au-delà de la recherche égoïste d’un équilibre personnel. Ce combat pour la sensibilisation s’est fait d’abord autour de « belles âmes généreuses aux parcours semblables… ». Il y’a là une volonté farouche de lutter contre l’isolement et surtout d’aller au-devant de toutes ces personnes qui souffrent afin de consoler, de rassurer, de partager et surtout de se faire comprendre . C’est par là qu’on arrive à travers la sensibilisation à influer sur les décisions politiques, mais également à encourager et à orienter la recherche vers des solutions de traitements appropriés. Aucune piste n’a été négligée. De petits blogs de partages aux sites internets en passant par des journées de sensibilisation, d’éducation, de partage … Tous les moyens sont bons pourvu qu’on fasse parler de la maladie en vu de sa meilleure connaissance, mais surtout de discuter sur des options de traitements entre autres…
Ce livre est riche de par les échanges à la fois poignants et bouleversants, avec toujours cette volonté de lutter, de ne pas rester ni dans l’isolement, ni dans la victimisation encore moins dans la culpabilité et de partager au maximum. L’égoïsme et le renoncement n’ont jamais pris le dessus. Et c’est compréhensible après autant d’efforts de constater en regardant le rétroviseur que tant d’étapes ont été franchies avec bonheur. La note la plus positive reste « Aujourd’hui, je savoure pleinement ma féminité. Je ne me pose plus de question, car mes blessures, mes forces, mes combats font partie de mon récit, de ma personnalité, de mes cicatrices et de mes couleurs. »
Il y’a également ce regard prospectif et intéressant fait par ces dames qui en ont surmonté des épreuves à travers de multiples opérations chirurgicales, des traitements hormonaux divers, une santé physique déclinante par moment , une fragilité psychologique souvent profonde sans parler des épisodes d’autodestructions et autres peurs multiples… autant de phénomènes entraînant des « répercussions significatives sur la qualité de vie des femmes, et ce, sur les plans physique, psychologique, professionnel, familial et social. »
Que d’enseignements à retenir. Elles ont décidé de poursuivre le combat pour les générations futures avec une réelle visibilité sur des changements positifs en ce qui a trait à la santé des femmes et comme elles le disent si bien « Pour le bonheur de notre utérus, de notre corps, de notre santé! ».

Enfin, cet ouvrage a pour entre autres objectifs de lutter contre ce qu’on appelle les (ISS ) inégalités sociales de santé. Ce qui se définit selon les coautrices comme une différence de santé entre les individus liés à des facteurs ou à des critères sociaux de différenciation: classes sociales, catégories socioprofessionnelles, catégories de revenus, niveaux d’études, etc…
Assurément, « De la souffrance à l’action », cet ouvrage porte véritablement son nom. Et la démarche admirable par le courage, la détermination et surtout la volonté de déplacer des montagnes.

Moussa Bèye
Montréal ce 29-10-2022

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