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Engagement sur la réduction du train de vie de l’état : Abdoulaye Diop dit non au Fmi

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Les revues de l’Ispe avaient tendance, ces derniers temps, à ronronner dans un train-train de bon aloi, signe que le pays respectait ses engagements. Cela n’a pas été le cas avec celle qui vient de prendre fin. La mission du Fmi, qui a décidé de tenir un point de presse en fin de matinée, n’indiquera peut-être pas tous les points de divergence. Le Quotidien les signale à ses lecteurs.
Par Mohamed GUEYE

La mission du Fmi venue au Sénégal dans le cadre de la revue de l’Ispe va conclure, fait inhabituel, sa visite par une conférence de presse, aujourd’hui, en fin de matinée, dans les locaux de la Mission résidente à Dakar. La chose mérite d’être notée et crainte, parce qu’elle ne présage pas nécessairement de bonnes nouvelles. Déjà, sur ce que Le Quotidien a pu en savoir, les deux partenaires ne sont pas loin d’une crise sérieuse. Peut-être pas du niveau de celle qui a suivi la découverte des dépenses extrabudgétaires, mais néanmoins assez proche.

Un pays, deux ordonnateurs de dépenses
Contrairement à ce que l’on aurait pu croire, à la lecture de l’information donnée dans notre édition du jeudi dernier, numéro 2158, ce n’est plus le cas Karim Wade qui a posé problème. Sur ce point, la mission conduite par M. Funke a fini par se ranger à l’avis du ministre d’Etat chargé de l’Economie et des Finances. Et dorénavant, le Fmi ne voit pas d’inconvénient que le ministre d’Etat, chargé, entre autres, de la Coopération internationale, dispose du pouvoir de négocier des financements, et d’engager la signature de l’Etat du Sénégal, à l’instar de son collègue des Finances. Abdoulaye Diop a fait valoir que cela était une décision souveraine du chef de l’Etat, prise au nom du Sénégal, et que pour lui, elle ne posait aucune difficulté d’ordre technique ou autre, et qu’il n’y avait aucune raison pour les partenaires de s’y opposer. Ces arguments et la détermination de leurs interlocuteurs, ont fini par faire céder les fonctionnaires du Fonds monétaire international. Ainsi, le Sénégal va se distinguer, jusqu’au sein de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’ouest (Uemoa), en étant le seul pays dont les dépenses seront gérées par deux ordonnateurs.
Cependant, le désaccord qui a paralysé les travaux de la mission de la revue a porté sur la sempiternelle question du train de vie de l’Etat ; ce que dans le jargon technique, l’on appelle, les dépenses de fonctionnement. Pour cette fois, les membres de l’équipe du Fmi, agissant certainement sur instructions de leur hiérarchie, ont demandé de manière très ferme que le Sénégal revoie sa politique et s’engage dans un processus de réduction très drastique de certaines dépenses.
Etaient visées explicitement, les dépenses de téléphone de l’Administration. Les gens ont relevé que, pour chacune des deux dernières années, la moyenne des frais de téléphone portable supportés par l’Etat, a été de 15 milliards de francs Cfa. Et les charges du téléphone fixe n’ont pas été notées. Il y a, en plus, les bons d’essence, ou les frais de mission des fonctionnaires et assimilés, qui gonflent les dépenses. Mais tout cela, pourrait-on dire, a été jugé assez négligeable par rapport à certaines dépenses, que le ministre d’Etat Abdoulaye Diop a présentées comme étant, «des dépenses de souveraineté». Il s’agit notamment, de la location d’avions pour les voyages du président de la République, et pour ceux de son fils.

Abdoulaye Diop refuse de s’engager
En plus des frais de location, le Trésor public prend en charge les frais de kérosène pour ces aéronefs, les frais d’atterrissage dans les aéroports étrangers, de maintenance au sol, et de décollage de ces appareils. Cela n’aurait pas trop choqué les membres de la mission du Fmi, si les voyages étaient assez espacés, mais cela n’est pas le cas. Il ne se passe quasiment pas de semaine, en moyenne où, l’un ou l’autre des Wade ne quitte le pays, à bord d’un avion de location, aux frais de la princesse Sénégal. Et comme aucun des deux ne voyage jamais seul, il revient toujours au Trésor de prendre en charge les frais de mission des membres de leur délégation, ainsi que leurs frais d’hébergement. Ce qui n’est jamais une petite affaire.
Néanmoins, contre toute attente, le ministre de l’Economie et des Finances a refusé tout net de prendre un quelconque engagement de réduction sur ce volet. Abdoulaye Diop a fait valoir que les rubriques ciblées relevaient de la souveraineté du chef de l’Etat, et qu’il ne pouvait empiéter dans un domaine réservé. Malgré les insistances de la délégation de Norbert Funke, le ministre d’Etat est resté inflexible. Car en plus de ces dépenses de la famille Wade, les restrictions devaient porter également sur les dépenses effectuées pour atténuer les effets de la hausse des prix de certains produits alimentaires. Sur ce volet social, le ministre des Finances a fait valoir le caractère sensible d’une telle décision en cette période.
Il faut toutefois indiquer que cette exigence du Fmi n’est pas une chose nouvelle, surtout dans le cadre de l’Ispe. Mais le Fonds n’en avait jamais auparavant fait une clause rédhibitoire. Est-ce cette fois-ci, une manière d’échapper aux critiques qui l’accusent de faire montre de trop de complaisance envers le Président Wade et son régime, ou que le niveau de gaspillage a atteint un point qui inquiète profondément les services de Dominique Strauss-Kahn ? Pour donner une certaine idée, il y a deux ans, le Fonds demandait à l’Etat de réduire 15 milliards de francs Cfa de ses dépenses de fonctionnement. Aujourd’hui, ce montant ne représente que la valeur des appels sur téléphone portable de l’Administration. Et l’on sait que ce sont les locations d’avions pour le président de la République qui ont précipité la crise avec les partenaires Marocains dans le cadre de la compagnie aérienne Air Sénégal international (Asi), et entraîné le crash de la société. Toutes ces raisons ont sans doute pesé lourdement sur la volonté de Abdoulaye Diop de ne pas engager sa signature dans cette affaire.

Tu me tiens, je te tiens
Quoi qu’il en soit, à ce niveau, les deux parties n’ont pu que constater leur désaccord profond. Et le mémorandum de fin de mission de la revue n’a pu être signé. Toutefois, comme dit plus haut, les ponts ne seront pas coupés pour autant, car aucun des protagonistes n’y a intérêt. Même s’il sera très intéressant d’entendre ce que seront autorisés à nous dire les fonctionnaires du Fonds, Mme Valeria Fichera, la représentante-résidente, et M. Norbert Funke, le chef de la Mission, qui vont s’adresser aujourd’hui à la presse, il faudra avoir en mémoire que Le Quotidien a toujours indiqué sans être démenti, que la signature du Sénégal n’a de la valeur sur le plan international que par la caution que lui offre le Fmi, en particulier dans le cadre de l’Ispe. Et le Fonds, en perte de crédibilité sur plusieurs points du globe, a envie de montrer, à travers le Sénégal et le régime de Abdoulaye Wade, qu’il y a des pays qui réussissent de bonnes choses grâce à ses recettes. Un bon jeu de dupes qui arrange les deux acteurs.

lequotidien.sn

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