Les flux financiers de la société Ahs ont été passés au laser à l’audience d’hier, dans le cadre du procès Karim Wade. Les individus au cœur de ce système ont diversement analysé les mouvements bancaires de la société. Entre témoignages divergents, la lumière sur la trésorerie de la société se fait lentement mais sûrement.
Il sera difficile de démêler l’écheveau qui s’est tissé entre les différentes stations Ahs et la société-mère Menzies. Les dépositions se suivent et se contredisent. Autant le témoignage de la chef-comptable, Ndiaye Samb, a déchargé les propriétaires supposés de Ahs, autant celui de son collègue Pape Ibrahima Mbodj les a enfoncés. Les déclarations contradictoires de ces superviseurs des comptes de Ahs donnent une idée des ramifications tentaculaires de la société. La déposition de la chef-comptable de la société, de 2003 à 2007, est aux antipodes des témoignages de la veille.
Mme Ndiaye Samb a déclaré, en résumé, que la gestion opaque prêtée aux prévenus Ibrahim Aboukhalil dit Bibo, Karim Aboukhalil, Mamadou Pouye et Pierre Agboba est une vue de l’esprit. Ahs Sénégal n’est pas la société-mère des autres Ahs ; pas de virements sans factures en bonne et due forme, pas de dividendes reversées aux actionnaires sans apurement de dettes antérieures, redressement fiscal, entre 2004 et 2005, siphonage inexistant des comptes de la société, certification ISO 9001 en 2007,… Les dépositions accablantes de la veille ont ainsi été balayées d’un revers de la main par la chef-comptable. Répondant aux questions du prévenu Mamadou Pouye, visiblement requinqué par ce témoignage, elle a réussi à faire s’écrouler comme un château de cartes les dépositions accablantes de Cheikh Tidiane Ndiaye et Noël Deconinck, ‘‘tous deux en litige avec la société’’.
Malgré une relation cohérente dans son récit des faits, Ndiaye Samb a bien confirmé que les noms qui figuraient sur les statuts dans la constitution de Ahs (Paul Sarr, Germaine Sarr, Jerry Guerdhian) étaient des noms d’emprunt. Ibrahim Aboukhalil et Mamadou sont les vrais propriétaires. ‘‘C’est par discrétion qu’ils n’ont pas mis leurs noms, mais je suis convaincue que ça leur appartient. Je les connais, mais je ne les ai jamais vus dans la société’’. Une déclaration malvenue pour Mamadou Pouye qui a toujours soutenu être actionnaire de Menzies, pas de Ahs. La chef-comptable est même allée plus loin, en reconnaissant Mamadou Pouye, Karim Aboukhalil, Ibrahim Aboukhalil et Pierre Agboba comme bénéficiaires économiques de la société.
Pourquoi obéir aux ordres d’une personne qui ne figurait pas dans les statuts de la société ? Difficile à justifier pour la chef-comptable, surtout avec le décaissement de 70 millions de Fcfa sur demande d’Evelyne Rioux, directrice administrative et financière (Daf), en faveur d’Ibrahim Aboukhalil. D’ailleurs, c’est la seule opération ‘‘anormale’’ qu’elle dit avoir effectuée, en mettant ce versement dans un compte courant associé au lieu d’un compte de prêt. Une somme que l’autre comptable, Pape Ibrahima Mbodj, a déclaré n’avoir pas vu dans le compte courant associé de la société. Il a pris le contrepied de Ndiaye Samb, en étant formel sur l’usage de faux. Il a ainsi déclaré y avoir pris part, en imitant la signature de la direction. ‘‘Les modifications consistaient à reprendre certaines écritures comptables pour les mettre en cohérence avec les états financiers de la société et les procès-verbaux établis par les commissaires aux comptes’’, a avoué M. Mbodj. Des opérations menées par la Daf, Evelyne Rioux, sur ordre direct des…HQ à qui elle obéissait, selon le témoin.
Evelyne Rioux, maillon central
Ces assertions ne sont pourtant qu’une pale copie des révélations sur les mouvements bancaires, après le déclenchement des poursuites. Le comptable est péremptoire : ‘‘après le début des enquêtes, de nouveaux documents ont été produits pour les présenter à la commission (de la CREI). La modification concernait le changement d’adresse sur la convention entre Menzies Afrique et Ahs. On a substitué une adresse de banque à Monaco par celle d’une banque à Panama, après instructions reçues par Mme Rioux. Les décisions venaient des HQ’’, a révélé Ibrahima Mbodj. C’est pendant cette période qu’un de ses collègues a dit avoir vu l’autre comptable, Ndiaye Samb, sortir avec un sac contenant les statuts et procès-verbaux des autres stations de Ahs. Un bureau dont les clefs étaient détenues par les deux comptables et la Daf, Evelyne Rioux.
Cette dernière a été le point de recoupement de toutes les dépositions de la journée. Selon le témoin, toutes les modifications, falsifications, les changements d’adresse, ont été faits sous sa houlette et sur instruction des fameux HQ. ‘‘Elle rencontrait souvent M. Bourgi. Il lui demandait de changer les états financiers, et elle modifiait certains résultats. Elle diminuait les recettes, pas forcément pour la station de Dakar. Ensuite, on lui demandait d’effacer tous les messages qu’elle recevait des HQ’’, a-t-il confié, rapportant des confidences faites par l’intéressée.
Agrément de Shs obtenu à l’arraché
Un directeur de société qui demande à des syndicalistes de faire la grève, ça ne court pas les rues. Pourtant cette manœuvre a vraisemblablement sauvé la société d’assistance au sol, Sénégal Handling Services (Shs). Mamadou Lamine Guèye, président-directeur général de CSTT/AO, a dû recourir à cette méthode inhabituelle, avec une conférence de presse, à l’appui, pour obliger le ministre de l’époque, Mamadou Seck, à lui délivrer un agrément. L’actionnaire de Sénégal handling services (Shs), en concurrence avec Ahs, pour l’assistance au sol des avions à l’aéroport, en 2002, n’a pas tari de qualificatifs pour décrire l’environnement de travail. ‘‘Malsain… expérience pénible, traumatisante…’’
Le ministre Mamadou Seck, qui a fait sa déposition la veille, était-il au courant des pressions que subissaient les concurrents de Ahs ? Rien n’est moins sûr, d’autant plus que le témoin a déclaré que lors d’une réunion, à la veille de la libéralisation de l’assistance au sol, le ministre leur a refusé le fameux sésame : ‘‘Il nous a notifié que nous n’allions pas avoir l’agrément. J’avais pris la précaution d’y aller avec mon avocat. Par la suite, nous avons discuté de stratégie avec les travailleurs qui allaient être embauchés, avec une menace de grève.
C’est ce qui nous a permis d’avoir l’agrément. Notre sentiment à l’époque était qu’on n’était pas prévu dans le scénario. Dans cette affaire, nous avons eu beaucoup de difficultés, d’énormes préjudices pour ma personne et mon entreprise. En 2005, je me suis résolu à partir, tellement c’était malsain’’, a témoigné Lamine Guèye. Ensuite, le directeur général a jeté un autre pavé dans la mare. ‘‘Il a été exigé, d’une manière assez brutale à Air Sénégal International, qui faisait son propre handling, de le céder à Ahs. De fortes tentatives de récupération de la compagnie South African Airways par Ahs ont eu lieu, mais comme j’étais son représentant, elle a choisi Shs’’, a déclaré le prévenu.
Malgré les insistances du président de la cour pour savoir si Karim Wade était l’instigateur de ces difficultés, le témoin a été prudent. ‘‘Je ne sais pas. Mais des bruits ont circulé, selon lesquels il y avait de grandes personnalités. Enrichissement de Ahs ? Je ne peux pas dire, Mais tout ça se faisait naturellement à son profit’’, a soutenu Lamine Guèye
‘‘Rioux m’a dit que les HQ étaient Mamadou Pouye et Ibrahim Aboukhalil ’’
L’identité des véritables personnes derrière les HQ devient un secret de polichinelle. Même les témoins à décharge sont formels. ‘‘Seuls quelques employés relevant du personnel d’encadrement connaissaient les véritables identités de HQ 1 et HQ 2… Ils ne voulaient pas que leur véritable identité soit connue’’. En faisant cette déclaration à la cote D 713/4 à la commission d’enquête de la CREI, Ndiaye Samb a jeté un rai de lumière sur ces identités inconnues.
‘‘Evelyne Rioux m’a dit que les HQ étaient Mamadou Pouye et Ibrahim Aboukhalil’’, a-t-elle fait savoir. Malgré toutes ces déclarations concordantes, Mamadou Pouye a nié avec insistance toute relation avec ces dénominations : ‘‘Je ne connais pas de HQ. Si les gens veulent nous appeler comme ça, cela n’engage qu’eux’’, a-t-il fulminé.
EnQuête
Xeme?
Xeme est occupé à essayer de prouver la quadrature du cercle, comme tout ceux qui cherchent à défendre l’indéfendable. Des choses comme les faits et la vérité ne l’intéressent pas. Cette pâle copie de don Quichotte est à la chasse de la presse des 100 et autres délires du gars.
ce procès passe doucement et surement,sa se passe dans les tribunaux pas dans la rue avec la grande gueule des avocats de la rue de karim qui font de la manipulation dans les médias