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Entre impuissance et fuite en avant

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S’il est une seule réalité dont MACKY a bien pris la mesure, c’est bien la rapidité féroce avec laquelle la pauvreté colonise toutes les couches sociales sénégalaises. Son discours du nouvel an est suffisamment explicite sur ce point. C’est en effet un discours fort instructif, surtout si nous en analysons les ellipses et les sous entendus à obligatoirement débusquer dans la péroraison inopérante d’un président dont le logos est émoussé par l’incapacité à maitriser son sujet et à endosser une posture d’homme d’action.
Ainsi dans son discours, n’avons-nous senti à aucun moment émerger le leader dont le SENGAL a besoin, car MACKY aura été incapable tout au long de son speech de se mettre en avant, préférant donner la place de sujet aux quelques actions grossies par une chiffromanie pédante censée valoriser un bilan à mi-parcours des plus étriqués.
En plus, l’auxiliaire « être » employé dans presque chacune de ses phrases sonne comme un aveu : il ressort clairement que MACKY oublie certainement à dessein à travers son discours les acteurs des résultats qu’il anone à la manière d’un élève content de faire une bonne lecture à son maître compatissant pour sa première prestation laborieuse et donc passable dans cet exercice. Un million et quelques mille tonnes ont été récoltés : par qui ? Comment ? Et cela amènera à poser inéluctablement la question de qu’est ce que ces masses paysannes ont gagné en conséquence ? A quoi doivent –elles s’attendre ?
La réponse est contenue plus loin : ils grossiront à coup sûr les rangs des miséreux qui composeront la prochaine cohorte des boursés pour la sécurité familiale !
On nous parle de réalisations de routes et de ponts : par qui ? A quels prix ? La question des coûts des infrastructures est subtilement éludée par MACKY. Et quand des sous fifres de l’APR tentent de valoriser ce bilan, ils omettent d’éclaire l’opinion sur ce point. Nous savons tous que le partenariat public-privé est une option irréversible adoptée par la presque totalité des pays de ce monde, car il permet de réaliser des offres techniques et financières compétitives sur la base desquelles des entreprises font des offres pour que l’Etat sélectionne la plus intéressante en tous points.
Le partenariat public-privé n’occulte pas la compétition en effet, au contraire, elle l’affine et permet non seulement d’être efficace dans la formulation des projets correspondant aux attentes véritables des populations, mais en plus il permet d’être efficient car privilégiant le meilleur rapport qualité-prix pour l’atteinte des résultats recherchés à travers les projets réalisés sous cette forme de partenariat.
Cette démarche n’est pas celle appliquée par le régime mackyen : au contraire, les projets qui sont enrobés de cette formule avec MACKY sont exagérément coûteux, avec des délais de remboursement hyper élastiques et des avantages léonins octroyés aux entreprises adjudicataires scandaleux.
A qui profite ce qui ressemble à une surfacturation éhontée sur chacun des contrats que le régime passe avec ces entreprises ? Et pourquoi certaines de ces entreprises exclues de tous les marchés financés par la Banque Mondiale trouvent-elles droit de cité au SENEGAL où elles sont accueillies par MACKY avec tous les égards ?
L’ACTE III de la Décentralisation dont l’échec patent n’est plus à démontrer est l’une des plus grandes ellipses du discours de MACKY : les travailleurs victimes de sa mise en œuvre précipitée ne perçoivent plus ni salaires ni avantages et ont constaté tout au long de l’année une détérioration de leurs conditions de vie et de travail. N’en pouvant plus de toutes les promesses non tenues, ils ont entamé unilatéralement avec leurs syndicats l’opération gnibi !
MACKY a omis radicalement de parler de la mise en œuvre de la fonction publique locale, un domaine sur lequel son régime avait pris des engagements fermes et initié un audit au point mort désormais.
Et que dire des enseignants, cette armée silencieuse jamais décorée ? MACKY a parlé de l’aspect qui les intéressait moins. Il leur avait promis que les reclassements seraient faits avant la fin de l’année. Il avait promis que tous les rappels seraient payés. Aujourd’hui, la situation est au point mort. Nulle part à travers son discours il n’a annoncé une quelconque volonté d’améliorer les conditions d’enseignement-apprentissage, ne serait-ce qu’en renforçant les équipements scolaires et en relevant les budgets des établissements scolaires !
Et que dire justement de la situation des hôpitaux ? La réforme hospitalière a atteint ses limites objectives et tourne désormais en roue libre, avec sa somme de dysfonctionnements qui altère chaque jour plus encore les conditions de travail des agents de santé. C’est bien de recruter du personnel : mais à quoi peut-il bien servir quand il n’y a ni équipements ni intrants pour faire correctement son travail ?
Ce discours de MACKY est en réalité un discours qui ne repose sur rien. Confronté à la réalité de la détresse généralisée de la population, confronté à la morosité ambiante et à l’inertie de notre économie artificiellement porteuse d’une prétendue croissance qui profite à d’autres acteurs économiques que les entreprises sénégalaises, il perd son objectivité et finit par devenir le lieu d’expression d’une incapacité à appréhender les choses et surtout, surtout, à agir.
D’où l’emploi exagéré comme souligné plus haut du verbe « être » dans la forme du passé composé avec en position de sujet des réalisations effilochées bien mises en perspective par quelques chiffres. Même les compléments d‘agents, qui auraient pu servir de prétexte pour faire voir le lien entre ces actions et les composantes sociales qui en sont les acteurs sont occultés. En voulant mettre l’accent sur les réalisations sans pouvoir démontrer quel impact elles ont eu sur les populations, MACKY démontre lui-même que ces réalisations ne sont pas porteuses d’une amélioration des conditions de vie matérielles des travailleurs, et de la population qui est censée en bénéficier.
Ajouté à cela l’ellipse des sujets qui fâchent, nous en arrivons à la conclusion que véritablement MACKY a raté son discours, ce qui est le meilleur des postulats. Car si ce n’était pas le cas, nous pourrions arriver au constat grave qu’il conduit une politique aux antipodes des attentes des sénégalais, et sous ce regard, nous pourrions véritablement dire effectivement que MACKY est coupé des réalités, et cherche à apporter des solutions à des problèmes qui ne sont des urgences que dans sa tête, ou celle de ses collaborateurs délibérément aveugles et sourds aux complaintes d’un peuple perclus de misère !
Pour les réformes politiques évoquées par MACKY, il faut souligner qu’il n’est pas en la matière l’interlocuteur des sénégalais sur ce point. Celui qui maitrise ces questions et qui en est le vrai inspirateur, c’est ISMAEL MADIOR FALL ; il l’a démontré à suffisance sur le plateau de la télé TFM, le 31 décembre, en apportant les précisions et les réponses à toutes les remarques soulevées par ses co-débatteurs de la soirée.
Je retiens du discours de MACKY sur ce point que le SENEGAL manque cruellement d’un médiateur capable de travailler à l’instauration d’un véritable dialogue politique.
En conséquence, il n’y a rien à attendre de l’amélioration de la situation politico-judiciaire et les rapports de force arriveront à un point de rupture lourd d’incertitudes pour l’avenir de notre pays.
Avec un régime qui se regarde le nombril et refuse la critique et une opposition poussée dans ses derniers retranchements, il n’ya aucun lendemain meilleur qui chante, en ce nouvel an naissant.
Cissé Kane NDAO
Président de l’A.DE.R

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