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Entretien avec Mously Diakhaté, pdte des femmes du Jëf-Jël : «Talla Sylla m’a déçue ; il est anti-démocratique»

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Mously Diakhaté, présidente des femmes du Jëf Jël est connue pour son franc-parler. Ses vérités, le député non inscrit les dit crues surtout lorsqu’elle se sent victime d’une injustice. Dans cet entretien, Mme Diakhaté, qui reçoit à son domicile, solde ses comptes avec ses camarades de parti, qu’elle accuse d’avoir fomenté un coup d’Etat en convoquant un Bureau politique pour installer un nouveau bureau.
Vous avez publié un communiqué pour fustiger la tenue du Bureau politique du «Jëf-Jël» auquel vous n’avez pas été conviée. Vous estimez que la convocation de ce bureau politique est illégale. Quels sont vos adversaires ?
Le parti n’a pas convoqué une réunion comme cela se devait pour élire un nouveau président. D’abord, nous avions l’habitude de nous réunir en Bureau politique le samedi. Et lorsqu’il se tient le jeudi, ça devient un Bureau politique extraordinaire. Donc, c’est un Bureau politique anticipé. L’autre problème, c’est que je n’ai pas été convoquée en tant que présidente des femmes. Quand j’ai interpellé d’autres responsables, ils m’ont dit qu’ils ont été convoqués. Ensuite, j’ai appelé Cheikh Saliou Bousso, responsable de Mbacké avec qui j’entretiens des relations très amicales, qui me dit qu’il a lui aussi été convoqué. J’ai appelé Emily Zaleh qui est ma Secrétaire générale, elle me dit qu’elle était à cette réunion, et confirme qu’il n’y avait pas plus de 15 personnes. Or, les membres du Bureau politique sont au nombre de 53. Est-ce que le quorum est atteint ?

Etant donné que Tala Sylla a démissionné de la présidence du Jëf-Jël, j’estime que Yoro Ba, qui est son intérimaire, devait pouvoir le remplacer jusqu’au congrès avant de désigner le président du parti. Une fois au congrès, les militants vont choisir la personne en qui ils ont confiance. C’est cela la démocratie. Mais, ils ne l’ont pas fait ; ils ont préféré anticiper les choses en nommant séance tenante Yoro Ba, président du parti. Et ce dernier a les prérogatives de choisir son vice-président et de former le bureau. Je me demande à quoi servent les femmes dans le parti si on ne les associe pas aux prises de décisions.

Selon vous, pourquoi on ne vous pas convoquée ?
C’est la question que je me pose jusqu’à présent…

Qu’est-ce que vos camarades vous ont donné comme réponse ?
La seule personne que j’ai interpellée, c’est Ndiaga Sylla et il m’a dit qu’effectivement beaucoup de gens ne sont pas au courant, en tout cas, les présents n’étaient pas nombreux.

Je ne trouve pas de qualificatif pour cet acte. Non seulement, je n’ai pas reçu de convocation, mais je ne comprends pas leur empressement. Alors que certains responsables revenaient juste du magal avec la fatigue, les gens se permettent de convoquer un Bureau politique, et d’installer un bureau d’autorité. Puis de dire : «C’est comme ça ! C’est comme ça !»

Le nouveau porte-parole, Ousmane Ndiaye affirme que la procédure est légale, et qu’en cas de démission du président du parti, c’est le vice-président qui le remplace immédiatement et qu’il pouvait même se passer de la convocation du Bureau politique…
Je ne polémiquerai pas avec Ousmane Ndiaye. Il est mon jeune frère ; il a beaucoup de respect pour moi. Sa femme est mon amie. Donc, je ne polémiquerai pas avec lui, encore moins avec un autre camarade de parti.

Dans votre communiqué, vous avez qualifié ce Bureau politique de «coup d’Etat». Est-ce que ce n’est pas trop fort ?
Cette réunion était en réalité un coup d’Etat qui ne dit pas son nom. Il y a des choses pas claires dans cette affaire et sur lesquelles je voudrais être édifiée. Le parti a des textes et je voudrais qu’on me dise où est-ce qu’on a dit que la présidente des femmes ne doit pas être convoquée. La présidente des femmes ne s’est pas autoproclamée. Je suis dans le parti depuis 1998 et je ne compte pas le quitter. Que ça soit clair ! Une personne doit être identifiée. Talla Sylla dans Walu Senegaal (Sauver le Sénégal), personne ne le connais ; on ne le connaît qu’à travers Jëf-Jël. Quand vous dites Mously Diakhaté, cela renvoie au Jëf Jël. Le Jëf-Jël, c’est d’abord une idée. Quelqu’un peut avoir une idéologie sans pour autant militer dans le parti. Donc, tout ce que je veux, c’est qu’on me sorte les textes du parti qui stipulent qu’on ne doit pas me convoquer. Depuis notre congrès du 21 mars 2010, je ne parviens pas à disposer du nouveau statut et du règlement intérieur du parti qui ont été révisés. Depuis six mois, je cours derrière ce document.

Est-ce que ce n’est pas parce que vous avez des ambitions qu’on vous met les bâtons dans les roues ?
Je n’ai jamais eu d’ambitions. Je n’ai même pas demandé le poste de présidente des femmes ; j’ai été désignée. Je trouve gênant de diriger des femmes dont la majeure partie peuvent être ma mère. On ne m’a pas éduquée de la sorte. Nous avons toujours cru au destin. Personne ne m’a entendue dire que je veux être le président du parti.

Mais la politique et les ambitions vont de paire…
Je suis d’accord. Nous avons nos ambitions, mais nous ne les avons jamais déclarées.

Vous avez aussi dit que vous étiez déçue par Talla Sylla que vous aviez toujours considéré comme un démocrate…
Le texte est clair, on m’a rapporté que Talla leur a dit d’agir ainsi. Alors, je me suis dit qu’il m’a déçue et qu’il est un anti démocrate. L’autre chose, c’est que je n’ai rien à discuter avec Talla parce qu’il a quitté la direction du parti. Par conséquent, je ne polémiquerai pas avec lui. Nous n’avons pas de problème de leader. Talla est mon frère. Dans toute la maison, à part les photos de Serigne Abdou Lahad et Serigne Bamba, il n y a que celle de Talla Sylla qui est accrochée au mur. De 1999 à 2002, chaque jour que Dieu fait, c’est ma mère qui donnait à manger à Talla Sylla et ses amis. L’affaire a tellement affecté ma mère qu’elle ne sait plus quoi dire. Je l’ai rassurée en lui disant que je n’ai aucun problème avec Talla et je ne souhaite pas en avoir. Toutefois, je lui conseille de revoir son entourage et d’écouter les gens. Si quelqu’un vient vous raconter des choses liées à ses intérêts personnels, peut-être parce qu’une personne le dérange, vous avez l’obligation de regarder l’intérêt du parti avant d’agir.

Est-ce que Talla Sylla vous a téléphoné après votre sortie ?
Non, il ne m’a pas appelée jusqu’à ce jour.

Quelles sont les circonstances de votre adhésion au Jëf Jël ?
Au départ, je voulais rejoindre le parti de Djibo Kâ, mais une des cousines de Talla Sylla, Khady Diakhaté, l’a amené un jour à la maison et m’a demandée de le soutenir. C’est comme cela que j’ai adhéré au parti.

Votre parti a enregistré des départs et non des moindres. C’est le cas de Benoît Sambou, de Moussa Tine, alors respectivement porte-parole et numéro 2 du «Jëf-Jël». Est-ce que leur départ n’était pas lié à cette démarche que vous décriez ?
J’ignore les raisons du départ de Moussa Tine. Par contre, j’ai eu à discuter avec Benoît avant qu’il ne quitte le parti. C’est mon ami. Il m’a confié beaucoup de choses. Mais comme nous sommes tenus par la discipline de parti, je ne pourrai pas vous dire la teneur de nos discussions. Nous n’avons pas le droit de révéler le secret des gens. Si quelqu’un d’autre le sait, c’est certainement lui (Benoît) qui l’aura dévoilé.

Mais vous avez quand même votre opinion sur leur départ…
No comment !

Vous dites que vous n’allez pas quitter le parti, jusqu’où comptez-vous aller ?
(Rires) Le moment venu, nous aviserons. En tout cas, nous sommes au Jëf Jël et je ne suis pas la seule dans ce combat. Tout le monde connaît ce que représente Ndèye Absa Diakhaté, responsable des femmes de Pikine, adjointe au maire de Pikine. Il y a aussi Gnagna Laobé de Guédiawaye et Emily Zaleh. Toutes m’ont manifesté leur solidarité et ont dénoncé ce qui s’est passé. Je remercie aussi ma base politique, car dans une situation pareille, vous ne pouvez compter que sur votre base.

Le Jëf-Jël a quitté Bennoo Siggil Senegaal pour créer Bennoo Taxawal Senegaal. Est-ce que vous pensez que c’est la meilleure solution ?
(Elle se redresse pour se servir du café). Il est important que les gens sachent que si Bennoo existe, c’est grâce à Talla Sylla. Je me souviens en 2009, quand Talla Sylla était aux Etats-Unis, il avait déclaré : «S’unir ou mourir.» Si Talla a quitté Bennoo Siggil Senegaal, c’est pour qu’il y ait un candidat comme son nom l’indique. Nous sommes allés en Conseil national, certains ont approuvé la décision de quitter la coalition, d’autres ont pensé le contraire. Finalement, la majorité l’a emporté. Ce qui est important, c’est que le leader se sente soutenu. Un leader, on ne le fragilise pas, on ne le ridiculise pas. Quelle que soit la décision qu’il prend, nous devons le soutenir.

Vous, quelle a été votre position ?
Je pense que ce n’est pas une bonne idée de quitter (Bennoo Siggil Senegaal). Je ne suis pas d’accord. Mais si la majorité pense autrement, je ne fais que me plier à la décision. Ce n’est pas parce qu’on a été mis en minorité qu’il faut quitter le parti. C’est pourquoi, moi Mously Diakhaté, je ne quitterai pas le parti.

«Benno Taxawal Senegaal» a lancé avant-hier un appel à candidature pour être le candidat de ladite coalition à l’élection présidentielle de 2012. Quelle est la personne, selon vous, qui peut aujourd’hui diriger cette coalition ?
J’ai mon choix, mais je préfère ne pas dire son nom. J’y travaille en toute discrétion. Si j’avais à choisir un candidat, je choisirais Talla Sylla. Pourquoi ne peuvent-ils pas choisir Talla Sylla, vu ils (les leaders de l’opposition) sont tous très âgés ?

C’est qui alors la personne de votre choix ?
J’ai dit dans le communiqué que la question de la candidature n’est pas une chose simple. Il faut en discuter avec vos parents, vos conseillers. C’est une affaire d’Etat. Ce n’est pas un jeu. Une fois qu’on a trouvé un consensus, nous nous engageons pour le meilleur et pour le pire. Je souhaite que Bennoo ait un seul candidat et les autres suivront. Nous sommes dans une situation qui fait qu’il nous faut unir nos forces pour enlever ce régime-là d’ici. Ce régime sur qui le peuple avait fondé beaucoup d’espoir en 2000 et qui l’a aujourd’hui déçu (…)

Parlant de crise, on a noté des émeutes à travers le pays du fait des coupures d’électricité. En tant que parlementaire, qu’en pensez-vous ?
Je pense que l’électricité n’intéresse pas l’Etat. Le Ghana a eu son Indépendance en 1957, en 1960, il a inauguré son premier barrage avec le Président Nkrumah. Alors qu’au Sénégal, depuis 51 ans, on parle de coupure de courant. Les Ghanéens se sont très tôt mis au travail, au point de vendre aujourd’hui du pétrole à l’extérieur, contrairement à nous. Cela montre qu’ils ne veulent pas que les Sénégalais aient du courant. L’autre problème, concerne le prix du baril. D’après les dernières informations dont je dispose, le prix différentiel sur le baril de pétrole est de 5,90 dollars et peut aller jusqu’à 4 dollars ; alors qu’il était passé il y a quelque temps à 14 dollars. Ce qui fait que la Sar n’a pas pu disposer d’argent pour faire face à ses obligations, car ils ont tout bouffé.

Vous pensez que c’est moins un problème de personne qu’un problème de système ?
C’est un problème de personne. On a dit que dans le monde entier, le prix différentiel ne doit pas dépasser 2 dollars. Ils ont besoin d’argent et ils se sucrent à partir de la Senelec. Qu’ils aient pitié des Sénégalais (…)

Vous avez annoncé la publication d’un livre. Pouvez-vous nous en parlez.
Dans ce livre, je parlé de mon parcours politique, des mes origines, de mon bilan à l’Assemblée nationale. Il y a aussi des analyses faites sur nos leaders politiques, comment ils dirigent leur parti. Il y a des complots au sommet de l’Etat ou à l’Assemblée nationale, sans oublier le fonctionnement de l’Unacois.

Pouvez-vous être plus précise…
Je n’en dirai pas plus, je préfère que vous attendiez la parution de l’ouvrage. Dans la vie, il faut que vous ayez un franc-parler ; nous ne sommes pas des hypocrites.

Quel est le titre du livre ?
Je le garde pour l’instant. Ce livre sera édité par le Nègre africain

Quelle est la date de parution du livre ?
Ce sera en mai prochain.

lequotidien.sn

2 Commentaires

  1. sokhna si si tu veux partir rejoindre d autres prairies fais le mais ne salis pas PRESI TALLA SYLLA avec PRESI jusqu a la mort may niou sounou diam ak say conneries nguir yalla SENEGAL mo nnekh ko si khetali bot ko mou mat la si guinaw

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