Entretien exclusif avec le Directeur Général des Sénégalais de l’Extérieur – Sory Kaba

Précédemment Administrateur du fonds d’Appui à l’Investissement des Sénégalais de l’Extérieur. Sory Kaba a été nommé à la tête de la direction Générale des Sénégalais de l’Extérieur.Dans cet entretien exclusif accordé à www.tukki.net ce titulaire en Master II en Migrations Internationales se livre aux questions de votre rédaction. Entretien
Présentez vous à nos lecteurs ?

Je m’appelle Sory KABA, suis titulaire d’un Master II en Migrations Internationales, Spécialisé conception de Projet de Développement, Directeur Général des Sénégalais de l’Extérieur

Peut on avoir le bilan à mi-chemin de votre direction ?

Précédemment j’étais l’Administrateur du fonds d’Appui à l’Investissement des Sénégalais de l’Extérieur. Ce n’est qu’au mois de Novembre que j’ai été nommé à la tête de cette direction, suite à la suppression du Cabinet du Ministre Délégué en charge des Sénégalais de l’Extérieur. Ce rappel pour dire qu’il n’est pas possible de faire un bilan en 4 mois, mais plutôt d’évaluer et de jeter les perspectives dans la gestion et la promotion des Sénégalais de l’Extérieur.
Pour rappel il s’agit pour nous au niveau de la Direction Générale des Sénégalais de l’Extérieur, de mettre en place un dispositif d’implication et de mobilisation (des ressources humaines et financières au sein de la Diaspora Sénégalaise) pour une contribution plus réelle et plus efficiente à la construction de notre Nation.
Ce travail passe d’une part par la création d’un climat de confiance qui rassure et garantie un succès aux initiatives de nos compatriotes basés à l’étranger. Et d’autre part, assurer leur gestion et leur protection ainsi que leurs familles respectives en termes de droit et de mobilité comme l’exige la mondialisation.
La promotion réussie d’un cadre incitatif à l’investissement pour la Diaspora Sénégalaise établie à l’étranger, favorisera une contribution économique mieux orientée vers les créneaux porteurs de croissance pour notre pays. Beaucoup d’initiatives allant dans ce sens seront bientôt connues.
Par ailleurs une approche de territorialisation des politiques migratoires nous aidera à associer les collectivités territoriales à la gestion des Sénégalais de l’Extérieur, d’autant plus que chacun d’eux est issu d’un territoire de vie et contribue à l’amélioration des conditions de vie des populations de son territoire. Cette nouvelle approche constituera l’axe fondamental de notre plan d’orientation stratégique en cours de validation.
Parallèlement, nous travaillons à l’organisation de l’Assemblée Générale du Haut Conseil des Sénégalais de l’Extérieur, qui devra remplacer le Conseil Supérieur des Sénégalais de l’Extérieur. Cette instance de consultance sera le parlement de la Diaspora dans la perspective de son érection comme Région Administrative du Sénégal. Au surplus, un programme de Recensement des Sénégalais de l’Extérieur sera réalisé. Il est impossible d’asseoir de bonnes politiques sans de bonnes statistiques.

Quelles sont les innovations apportées ?

Au regard de ce qui est précédemment décrit vous comprendrez que nous évoluerons point en vase clos. Notre démarche va s’ouvrir à l’ensemble des Sénégalais de l’Extérieur, que nous invitons à renforcer leurs dynamiques associatives, à aller dans une perspective de les fédérer pour disposer d’un puissant réseau de solidarité internationale en faveur de notre pays, sous leur impulsion.
Le mode de financement du faise soulève souvent des contestations au niveau de la diaspora ? Qu’est ce qui explique cela?

Le FAISE a été créée en 2008. Mais il faut reconnaitre qu’il n’a jamais été aussi bien connu. Il souffrait de cloisonnement et son fonctionnement donnait l’impression d’être une chasse gardée pour les militants du parti au pouvoir. Aujourd’hui son accès a été démocratisé et il est devenu un véritable Fonds pour les Sénégalais de l’Extérieur avec une forte volonté politique du Président de la République qui l’a ramenée dans le budget 2014 à Un Milliard de FCFA, au lieu de 340 Millions dans le budget 2013.
Quels sont les critères pour être éligible ?

Pour en bénéficier il faut d’avoir justifier qu’on est Sénégalais de l’Extérieur. Il faut disposer d’une étude complète de projets (en 04 exemplaires) et d’un apport de 20% (dont 10% en nature et les autres 10% en numéraire), adressé une demande de financement au Ministre des Affaires Etrangères en des Sénégalaise de l’Extérieur (MAESE), accompagné des 04 exemplaires de l’étude de projet. Il est important de préciser que le domaine d’intervention du FAISE est national.

Hormis le Faise y’a t’il d’autre possibilité pour la diaspora de bénéficier de financement de l’état ?

Evidemment. Le FONGIP, le FONSIS comme la BNDE sont des outils à la disposition de tous les Sénégalais y compris les Sénégalais de l’Extérieur, dés lors qu’ils remplissent les conditions. Mais aussi il y’a un financement exclusivement réservé aux Femmes de la Diaspora pour un montant de Un Milliard de FCFA. Ce Fonds intervient exceptionnellement dans les pays d’accueil pour soutenir les Femmes face aux crises répétitives dans le monde.

Les contestions ne sont ils pas dues à un manque de communication de votre part?

La communication est toujours utile. Il faut toujours communiquer non seulement pour atteindre sa cible mais surtout pour montrer les résultats enregistrés. Mais tout de même il faut signaler que nos besoins réels pour répondre à l’ensemble des demandes en financement sont de 22 Milliards à peu prés. Donc il faut communiquer en ayant de vue que l’offre est très limitée. Et souvent malheureusement c’est cela qui occasionne les contestations.
Une Ong de la place vient de réclamer la démission de votre ministre de tutelle suite aux nombreux assassinats de nos compatriotes?Qu’en pensez vous?

C’est un procès d’intention. Le Ministre des Affaires Etrangères et des Sénégalais de l’Extérieur est parti pour être l’un des meilleurs Ministres à ce poste. Son esprit de dépassement, son sens de l’écoute, sa capacité managériale et son degré d’engagement aux côtés du PR sont utiles pour la tenue d’une bonne politique diplomatique. Car c’est un domaine réservé au PR. Le vrai débat aujourd’hui est celui de la mobilisation, de la protection (juridique et physique), de la promotion économique, sociale et de la gestion des SE.
Votre direction a t’elle entamé des actions pour mieux protéger nos compatriotes?

Oui en effet. Mais permettez-moi de souligner que nos compatriotes ont plus de chance de vivre à l’étranger en réussissant leurs projets migratoires s’ils organisent. Je l’ai indiqué un peu plus haut il est impératif d’avoir des Associations solides et viables pour mieux se protéger. Et dans cette dynamique des initiatives opérationnelles (le temps d’en informer l’autorité) dans ces différents domaines seront mis en œuvre.
Comment comptez-vous soutenir les sénégalais détenus en prison?

Par un système de protection judiciaire, qui consiste à s’appuyer sur le Ministère de la justice pour favoriser des accords judiciaires avec l’essentiel des pays d’accueil, qui permettront d’une part à des avocats commis par l’Etat du Sénégal de pouvoir plaider les causes de nos compatriotes et d’autre part de faire prévaloir des transfèrements. Mais le point de départ de nos actions c’est la sensibilisation et l’encadrement avant le départ à travers le Bureau d’Accueil et D’orientation et de Suivi des SE (BAOSE).
Prévoyez vous une assistance pour le rapatriement des sénégalais décédés à l’étranger?

Oui à chaque fois que nous sommes saisis, des actions d’assistance sont systématiquement mises en œuvre. Le Président de la République a encore posé un acte d’une haute portée à ce niveau. Il a considérablement augmenté la caisse d’aide et de secours qui sert d’assistance à nos compatriotes à l’étranger, qui est passé de 40 Millions (budget 2013) à 540 Millions (budget 2014).
Vos ambitions et défis ?
Nos ambitions sont celles du Président de la République et du Ministre des Affaires Etrangères et des Sénégalais de l’Extérieur. C’est de faire en sorte que les Sénégalais de l’Extérieur se sentent chez eux une fois qu’ils sont de retour. De les créer des conditions favorables et incitatives à l’investissement, de mener des initiatives et avec eux, qui les protègent et qui protègent leurs familles.
Au demeurant, le Sénégal doit se positionner en leader dans le domaine de la gestion de la Diaspora. Et dans le cadre sous-régional il faut impérativement prendre l’initiative du dialogue entre pays africain pour favoriser une approche mutualisée.
De telles initiatives ne se réaliseront pas de manières isolées. La fin de la migration n’est pas envisageable dés lors qu’elle caractérise la mondialisation. Ainsi abordée, la migration devient un défi autant pour les pays de départ que d’accueil. Il faut alors promouvoir un cadre de partage et de dialogue pour mieux apporter des solutions loin des stigmatisations et des manipulations qui débouchent sur un dialogue des territoires portés par nos diasporas respectives.
en Conclusion

je lance un appel à l’ensemble des Sénégalais de l’Extérieur, à leurs associations et regroupements, à l’ensemble des acteurs de la société qui s’intéressent à la problématique migratoire à faire preuve de dépassement pour la création d’un cadre de concertation multi acteur pour mener à bien des stratégies communes et concertées. la migration est complexe et ses implications doivent faire l’objet d’une approche différenciée qui prend en compte les différents profils migratoires.

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