[Entretien] SA NDIOGOU : «Kouthia est mon disciple je suis son maître»

Réponse du berger à la bergère. La réplique de Sa Ndiogou ne s’est pas fait attendre. Titillé par Kouthia qui affirme ne pas être son égal, l’humoriste animateur de Nepad Musical a renvoyé ce dernier à sa copie, clamant haut et fort qu’il ne boxe pas dans la même catégorie que quelqu’un qu’il considère comme un simple …disciple. Sur le succès de ses émissions sur Walf Tv, son ancienne vie d’apprenti car rapide et d’autres sujets, le protégé de Sidy Lamine Niasse dit tout.

Rewmi Quotidien : Cette année vous avez été le maître d’œuvre d’un sketch qui a tenu en haleine les Sénégalais durant tout le mois de Ramadan, «Tann Bombé». D’où vous est venue cette idée ?

C’est le fruit d’un travail d’équipe. C’est Sidy Lamine Niasse qui nous a demandé, à Mouhammadou Bitèye et moi de trouver un sketch à proposer aux Sénégalais durant le mois de Ramadan. C’est parti comme ça. Tane Bombé c’est la trouvaille de Sidi qui a également choisi Rama Thiam pour faire partie du sketch. C’est moi qui ai choisi Tony. Nous avons innové dans le scénario, car d’habitude ce sont les personnes âgées qui sont les mauvais jeûneurs dans les différents sketchs qui passaient jusque-là à la télévision, comme «Lama ak Kor Guii», Sanekh etc. A notre niveau on a adopté une rupture. Cette fois-ci il s’agit d’un père de famille et d’une mère de famille qui jeunent tous les jours. Mais à chaque fois, ils se voient privés de «Ndogou» par un enfant maladroit, Tane Bombé. C’est un travail d’équipe comme je l’ai dit, fait par des professionnels comme Rama Thiam et Tony. On ne répétait presque pas.

Pourquoi clamez-vous que c’est le sketch le plus apprécié par les Sénégalais au détriment des autres qui passaient dans les autres chaînes de télévision ?

Ce n’est pas nous mais le public. Ce sont les téléspectateurs qui ont apprécié car ils ont vu quelque chose d’original qui n’a rien à voir avec ce qui avait l’habitude de se faire dans les autres chaînes.

Par contre d’aucuns estiment que l’émission «Ataya» que vous animiez en compagnie d’Aïssatou Diop Fall a perdu de sa valeur après le départ de cette dernière…

Nous sommes interchangeables, nous sommes une équipe. Chacun complète l’autre, que ce soit moi, Thiamass, Betty, Maty. «Ataya» garde la même audience. Cela dit, les téléspectateurs ont des préférences au niveau des animateurs. Sinon l’émission cartonne toujours. Je ne dis pas que le départ d’Aïssatou a fait régresser l’émission ou le contraire. Aïssatou n’est plus là, mais n’empêche l’émission est toujours appréciée des Sénégalais. Je reçois les mêmes échos.

Récemment dans nos colonnes, Kouthia, votre ex-collègue à Walf a soutenu qu’il n’est pas votre égal. Que répondez-vous à ça ?

«Sabou dou fot bopam». Kouthia doit d’abord attendre qu’on lui dise qu’il n’est pas mon égal. Mais dès l’instant que c’est lui-même qui le dit cela n’a plus de sens, ce n’est plus objectif. Beaucoup de gens qu’on imite aujourd’hui c’est grâce à moi. Personne n’osait imaginer imiter Me Madické Niang. C’est moi qui l’ai fait pour la première fois. Des termes comme «ndel wathial karaw yeek», ou Abdoulaye Wade «lambar lambaré» ce sont mes trouvailles. C’est par la suite que les gens se sont mis à me plagier. Kouthia ne fait que m’imiter. Par ex il imite Yayah Jammeh mais il ne peut pas le faire comme je le fais. Kouthia son seul point fort c’est El Hadj Mansour Mbaye qu’il maitrise très bien. Ça s’arrêt la. Sinon, c’est lui qui se met à m’imiter car il imite tous les personnalités que j’imite sans le même succès. C’est mon fan. Il fait ma propre promotion. Me Madické Niang, chez lui on l’appelle Sa Ndiogou, de même que El Hadj Daouda Faye. Moi je n’imiterai jamais El Hadj Mansour, car j’empiéterais sur le domaine de Kouthia. Haj Mansour c’est la propriété privée de Kouthia. Certes il est très talentueux, je lui reconnais son savoir faire, mais il doit arrêter de parler et travailler.

Mais Kouthia n’est pas n’importe qui quand même…

Certes, comme je l’ai dit, il est fort. S’il se met à empiéter sur mon domaine, il va se casser les dents, car ce n’est pas la même chose. On animait lui et moi l’émission «Khoumb té dagane» mais sachant que j’étais plus fort que lui, il a fui. Il faut demander aux techniciens qui enregistraient l’émission, ils étaient témoins. C’est moi qui l’appelais au téléphone tous les jours en lui disant voilà ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire. Je le jure devant le Prophète. Les techniciens qui enregistraient l’émission sont là pour le confirmer. Lui par contre il ne va jamais le faire.

Une personnalité quelconque s’est elle sentie un jour dérangée par vos imitations ?

Je n’ai jamais imité quelqu’un au point qu’il se sente dérangé. Une fois les «talibés» de Cheikh Béthio m’ont attaqué, mais lorsque je suis allé chez le cheikh, lui-même m’a dit que les talibés avaient tort de s’en prendre à moi. Il m’a mis à l’aise. Il m’a fait comprendre qu’il suivait mes émissions et qu’il demandait à chaque fois à ses enfants qu’est ce que sa Ndiogou a dit aujourd’hui. Serigne Moustapha Sy de même, je l’ai imité un jour mais ses disciples m’ont appelé pour me menacer. Cela dit tous ceux que j’imite je les apprécie, je les adore.

Personnellement qui est celui qui vous fait pouffer de rire ?

Des gens comme lamine samba me font rire, je ris jusqu’à avoir des larmes aux yeux. Nous sommes des êtres humains. Parmi les comédiens, tous ceux qui sont talentueux me font rire.

Selon vous comment se porte le théâtre Sénégalais ?

Je pense qu’il n’y a plus d’originalité. Les gens font du «copie-coller», le théâtre a perdu de sa valeur. Nous ne sommes plus à l’époque où le théâtre produisait des chefs d’œuvre comme le faisait la troupe Daray Kocc. On ne ressent plus le théâtre.

Vous taquinez les gens mais ces derniers vous rendent la monnaie en parlant de votre légendaire laideur. Ca vous fait quoi ?

«Sa ya niaaaw !», c’est mon deuxième nom de famille. Ca ne me dérange nullement. Certains le disent pour chahuter, d’autres parce que c’est vrai. Je ne suis pas l’homme le plus vilain du Sénégal. Il y’a des gens plus vilains que moi, mais « nit yi sama gnaway molène saf ». Être vilain au point de retenir l’attention des gens, c’est réjouissant. J’en rends grâce à Dieu. Il y a des gens qui sont très beaux, élégants, mais les gens ne leur accordent aucune importance. Alors si ma laideur fait autant parler, c’est tout bénéfice.

Et votre famille comment apprécie-t-elle ces railleries ?

Ca ne dérange pas ma famille. Des gens me trouvent même chez moi et me disent «Sa Ndiogou ya niaaw !». Tu ne peux rien leur dire. Ce qui me dérangerait c’est qu’on me dise, Sa t’es beau.

Qu’est ce que Sa Ndiogou faisait auparavant, avant d’intégrer le monde des médias ?

J’ai été apprenti car rapide, j’ai vendu des cigarettes, j’ai été docker au port… J’ai tout essayé dans le seul but de réussir et de gagner l’argent à la sueur de mon front sans voler ni arnaquer. Cela a un peu pris du temps avant de voir le bout du tunnel.

Entre le Sa Ndiogou apprenti car rapide et le Sandiogou employé de Walfadjri beaucoup d’eau a coulé sous les ponts…

J’y ai toujours cru, j’ai toujours cru que j’allais, non pas devenir quelqu’un, mais réussir.

Mais vous êtes quelqu’un car avec Kouthia vous êtes parmi les meilleurs dans votre domaine ?

Kouthia n’est pas mon alter égo, il ne m’arrive pas à la cheville. C’est mon disciple, je suis son maître. Il fait partie de mes disciples car celui qui passe tout son temps à m’imiter et à copier sur moi ne peut être que mon disciple. Il ne faut plus faire de moi un alter égo à Kouthia.

Votre dernier mot ?

Lancer un appel aux autorités pour qu’ils repensent à la cherté de la vie. La vie est trop chère les sénégalais sont fatigués.

Réalisé par Amadou Lamine Mbaye

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