Jeudi prochain, les potaches passeront l’épreuve anticipée de philosophie. Ils seront 70.000 candidats de séries différentes pour concourir. En prélude à cette session, Monsieur Lamine Sylla philosophe et inspecteur de l’enseignement moyen-secondaire a donné un « cours magistral » aux candidats.
« La Sentinelle » : Monsieur Lamine Sylla vous êtes inspecteur de l’enseignement moyen secondaire option philosophique nous sommes à la veille des épreuves anticipées de philosophie. Pourquoi les élèves redoutent tant cette épreuve ?
Lamine Sylla : C’est vrai qu’en général l’immense majorité des élèves redoutent cette épreuve à cause des préjugés qui entourent l’évaluation en philosophie. Ils considèrent que la philosophie est aléatoire, que les professeurs donnent de mauvaises notes dès l’instant que le point de vue de l’élève n’est pas conforme à celui des correcteurs. Bref énormément de préjugés. Il faut souligner que tout ceci n’est que conjectures, les élèves sont bien évalués en philosophie.
« La sentinelle » : Comment se passe cette évaluation ?
L. S : Il faut l’aborder souligner que cette évaluation est sommative, elle est différente de cette formation qui se fait pendant le déroulement de l’apprentissage. Celle-ci se fait en fin d’année après l’apprentissage. Elle a pour fonction de contrôler les acquis des apprenants après un processus d’apprentissage, c’est ce qu’on appelle communément examen.
Il y a un travail qui se fait en amont et en aval. L’Office du baccalauréat en rapport avec l’inspection générale de l’éducation nationale (IGen de philosophie) envoie des correspondances à un certains nombres de professeurs de philosophie pour qu’ils proposent des sujets. Il y a une commission restreinte qui analyse et étudie les sujets. Cette commission élimine les sujets difficiles et les sujets hors programme. Par la suite il y a quelqu’un qui fait le dernier choix
Après l’examen il y a une commission composée d’inspecteurs de spécialisation en philosophie, de conseillers pédagogiques et de professeurs chevronnés qui proposent une grille d’évaluation aux correcteurs. Cette grille a pour objectif de sensibiliser les professeurs sur les enjeux et les problèmes de l’évaluation, d’harmoniser les critères d’évaluation et de corriger les disparités et écarts constatés dans la correction. Ainsi pour la dissertation, il y a trois critères.
1_la conceptualisation et problématisation
L’élève doit analyser correctement les termes du sujet.
Dégager une problématique pertinente
Traiter le sujet tel qu’il est posé, donner au sujet une extension suffisante. Pour la conceptualisation et problématisation, le barème est de 07 points.
2-Argumentation
Formuler un certain nombre d’idées précises et pertinentes (et non les lieux communs ou des généralités.
Bien délimiter les idées importantes et en pousser la logique jusqu’à son terme.
Intégrer les références bien commentées
Elaborer progressivement une réponse à la question posée (cohérence).
Prendre en charge les thèses opposées à celle que l’on défend ; comprendre qu’elles peuvent être pensées et argumentées.
Faire le bilan de l’analyse et répondre à la question soulevée par le sujet. Le barème de l’argumentation est de 08 points.
3-La communication
Poser clairement le problème dans l’introduction
Equilibrer les parties et soigner la présentation
Traiter une idée par alinéa, la développer de manière cohérente
Utiliser à bon escient les mots de liaisons ; les citations et les exemples
Rédiger la dissertation dans une langue correcte et un style précis.
Le barème de la communication est de 5 points
Voila les compétences attendues pour l’épreuve de dissertation philosophique Pour le commentaire de texte ce sont les mêmes critères qui sont attendus avec les mêmes barèmes, même si les exigences méthodologiques sont quelque peu différentes Tous les correcteurs ont par devers eux ce document, avant la remise des copies il y a une large concertation des correcteurs, des échanges sur les sujets proposés.
Maintenant, il faut savoir qu’aucune évaluation n’est totalement objective, car la docimologie dokiné = épreuve et logos discours qui est donc la science qui étudie les épreuves et la notation montre qu’il y a plusieurs facteurs qui influencent la notation d’une part et d’autre part selon les spécialistes une copie de philosophie corrigée objectivement devrait l’être par 127 professeurs. En mathématique, il faut treize professeurs etc…
« La Sentinelle » : Quels conseils donnez-vous aux candidats ?
L.S : C’est de dire aux candidats de ne pas trop se mettre la pression, de considérer qu’il s’agit d’une dissertation ou d’un commentaire. Ce sont des exercices qu’ils ont travaillé tout au long de l’année. Il faut beaucoup d’attention, de concentration et surtout de lire attentivement les sujet pour pouvoir les comprendre. Il ne faut pas oublier que la philosophie n’est rien d’autre qu’une quête de sens. Il faut donc que les candidats travaillent avec sérieux sans se prendre au sérieux.