Et si la communication était un des points faibles du régime de Macky Sall?

Le régime de Macky est dans l’histoire politique du Sénégal celui qui a le plus d’hommes de médiats et de la communication. Pourtant, aussi paradoxale que cela puisse paraitre, la communication semble être un de ses maillons faibles. Nous tentons ici de décrypter ce problème. Notre analyse va porter sur la communication de l’APR, sur celle de la présidence, sur celle du régime de manière générale où il y’a de réels problèmes.

De réels problèmes dans la communication du parti présidentiel

Le constat est général, la communication est un problèmeréel pour l’actuel pouvoir. Souvent lors que la personne du président est attaquée, les responsables apéristes aillent vite en besogne dans leurs réactions. Dans la plupart de leurs sorties on y note confusion, tâtonnement et cacophonie.

Dans l’affaire dite Sidy Lamine Niasse,la communication de crise des partisans du président Sall laisse à désirer. Les hostilités déclenchées par le sieur Niasse étaient éminemment politiques et la riposte du camp présidentiel devait efficacement « mobiliser des militants et des minutions politiques pour gagner la bataille médiatique » une manière pour nous de reprendre notre doyen Babacar Justin.

A l’instar de Serigne Mbacké Ndiaye qui, avait l’habitude de défendre le président Wade et le faisait en toutes circonstances, Macky Sall dispose plus d’hommes pour assurer sa défense. Presque dépasséepar la violence de la charge survoltée du PDG du groupe Walfadjri, la majorité des défenseurs du régime se sont engouffrés dans le bateau du silence.

C’est vrai que quelques-uns de ses inconditionnels dont Moustapha Cissé, Mbaye Ndiaye, Abdou Mbow et Thérèse Faye ont essayé de mener la riposte. Toutefois il y’a des voix qui sont mieux indiquées pour mener la bataille médiatique face aux arguments développés par le patron du groupe Walfadjri.

Moustapha Cissé Lo est si peu doué car ses sorties sontSouvent malencontreuses car corroborées par des propos parfois trop offensants qui indignent plus d’un. Même si sa liberté de ton fait de lui l’un des plus grands défenseurs du régime.

Mbaye Ndiaye, un gros bonnet du régime ne devrait pas porter le combat, plus grave, il a commis l’erreur d’aller à la télévision publique pour entrer dans la danse. Il y’a d’autres fantassins, des cadres,dans les rangs de l’APR, plus jeunes et plus doués que lui pour aller à l’assaut face à l’ennemie.

Quant à Abdou Mbow, « c’est la faconde sans la facture » pour caricaturer le doyen Justin Ndiaye.

Parlant de Thérèse, elle est plus attendue dans la communication par les pairs c’est -à -dire avec la jeunesse ou avec les étudiants.

Au moins elle a fait une sortie acceptable en déclarant que «Sidy a la nostalgie des mallettes d’argent et c’est fini maintenant. Macky Sall ne va pas céder aux chantages alors il n’a qu’à arrêter » sans trop commenter.

Le comité exécutif du parti présidentiel tentant de sauver la face passe compétemment à cotéet tombe dans les pièges de Sidy. En sortant un communiqué qui considère que Sidy Lamine n’est rien d’autre que le bras armé d’Abdoulaye WADE et son dernier recours. Pour rappel le communiqué contenait ceci « des propos irresponsables d’un vil maitre chanteur, à la solde de ceux qui tentent de protéger ou de couvrir les pilleurs de deniers publics, aujourd’hui auditionnés et maintenus en détention pour les besoins d’une enquête judiciaire, libre et indépendante sur l’enrichissement illicite ».

Et pourtant, tout le monde sait que le régime a en son sein des hommes de médias et parfois même de la société civile qui par la polémique ont occupé la une des médiats pour s’en prendre au défunt régime. Où étaient les Abou Abel, Latif Coulibaly, Souleymane Jules Diop, Seydou Guèye, Hamidou Kassé et autres ?

Nous partageons l’avis selon lequel ceux qui étrennent les véhicules 4X4 rutilants du régime et enfilent les costumes non moins rutilants tirés des salaires ou des revenus de même origine, ont l’obligation de le servir avec ardeur ou d’en démissionner avec grandeur. Pourtant, dans cette affaire personne parmi ces gens doués et roués en communication et qui se trouvent dans les plus hautes sphères de l‘appareil d’Etat ne s’est levée pour assurer la défense du président. Paradoxalement, dans d’autres affaires ils se sont presque tous exprimés, par exemple au lendemain de la fracassante démission de Moubarack Lo, pour décrier son attitude.

On note aussi que dans la plupart des débats ceux qui sont censés défendre le régime ne sont pas à la hauteur. Raison pour laquelle le premier ministre en bon visionnaire avait lors d’une rencontre avec les cadres républicains jugé nécessaire de recruter 600 débateurs.

Des couacs dans la communication relative à la gestion des affaires étatiques

Le premier ministre Mimy Touré lors de sa déclaration de politique générale avait dit que le gouvernement va communiquer davantage. Une manière de dire que la communication faisait défaut n’est-ce pas ? Le président lui-même a du mal à comprendre pourquoi les choses ne bougent pas. A son niveau, il est en train de faire d’énormes efforts mais la visibilité laisse à désirer. En un moment donné il avait réuni tous ceux qui gravitent autour de la communication gouvernementale et institutionnelle autour d’une table pour trouver une solution à la communication de son régime jugée défectueuse. Il se dit conscient de la mauvaise harmonisation de la Communication du gouvernement où ça communique dans tous les sens.

Dans l’affaire de la traque des biens supposés mal acquis, après une sortie de Me Elh Diouf faisant état d’une médiation pénale à la suite une audience avec le Président Sall,Il y’a eu le démenti du porte-parole du président de la République, Abou Abel Thiam qui soutenait que ce sujet n’est pas l’affaire de Macky Sall.

Par la suite c’était autour du Ministre de la Justice, Mimy Touré d’annoncer qu’il n’était pas question de négocier avec les personnes poursuivies dans le cadre de la traque des biens mal acquis. Pourtant le ministre Abdou Latif Coulibaly avait fait état d’une possibilité de médiation au cas où les incriminés l’avaient accepté. Réagissant à la sortie du porte-parole du Gouvernement, Mimy Touré avait indiqué qu’Abdou Latif Coulibaly a donné sa position personnelle et non celle du Gouvernement.N’est-ce pas une véritable cacophonie ?

De passage nous signalons que sur les dossiers pendants devant la justice des responsables de l’Alliance pour la République en communiquent comme s’ils étaient de véritables juristes alors qu’ils ne font que bafouer les règles élémentaires du droit.

Le dernier impair dans la “cacophonie communicationnelle ” est la sortie du secrétaire du gouvernement sur la baisse du prix des loyers. IL y’a eu un « un quiproquo » autour de la loi sur la baisse du loyer. On a vu une publication éditée par l’imprimerie nationale qui dépend du secrétariat général du gouvernement dont le patron, Seydou Guèye, affirmait « le journal officiel fera l’objet d’une édition spéciale dont la parution est prévue pour le lundi». Or on constate que la loi a été publiée depuis le 22 janvier 2014, date de sa promulgation par le président de la République. Comment Seydou Guèye a-t-il fait pour ne pas être au courant de cela ? « Mystère ! ». Autre élément dans la communication de certains collaborateurs du président, on peut y souligner à longueur de journées des fautes de français qui feraient tressaillir Molliere dans sa tombe.

Honnêtement, il y a un problème de communication dans le régime actuel et ce n’est pas avec l’entrée en fonction de Souleymane Jules Diop qu’on va voir le bout du tunnel.Qui ne se rappelle pas des quatrecommuniqués du conseil des ministres quelques jours après la nomination de ce dernier?

Tous ces constats nous font douter du professionnalisme de certains conseillers en communication logés et nourris par la Présidence ou par l’actuel régime de manière générale!

Nous pensons que ça nécessite plus que jamais un travail beaucoup plus sérieux et beaucoup plus de rigueur passant par un exercice de diagnostic qui pourrait identifier les facteurs de ces problèmes. Comment se fait-il que les faits divers prennent le dessus sur les grandes réalisations du gouvernement ? Ce que les communicants appellent l’effet d’agenda. Par exemple lorsque le président avait baissé l’impôt sur le revenu des travailleurs, cela a été relégué au second plan de l’actualité au détriment d’un mouvement d’agent de son cabinet avec le départ de son assistante Fatim Senghor.

Cela pose problème, même s’il y’a des efforts depuis un certain temps force est de reconnaitre que certaines défaillances persistes toujours ce fut le cas il y’a quelques mois avec les décrets d’avances.

Nul ne doute que c’est la même chose avec l’acte 3 de la décentralisation car les autorités ne parlent pas le même langage et l’opinion a du mal à comprendre.

En définitive, nous considérons qu’en matière gouvernementale, la communication, entre autres fonctions, doit favoriser la gestion de l’opinion dans ses préférences et perceptions.

Donc il faut que la cellule de communication s’appuie sur la célèbre formule managériale du POCCC (planifier, organiser, commander coordonner et contrôler) pour rendre visibles les actions du gouvernement.

Le président Sall devrait s’adresser à tous ses ministres et partisans en ces termes « Je tiens à dire qu’il faut arrêter de communiquer dans tous les sens ».

En clair, il devrait leur demander de ne plus s’exprimer hors de leur périmètre d’actions. Chacun est désormais prié de s’en tenir à son domaine de compétence.

ModouFall journaliste-Communicant

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