Le lait en poudre qui inonde nos boutiques, nos marchés, blanchit le café, le kinkeliba ou le chocolat que nous consommons, surtout qui étouffe nos élevages locaux, est en fait un lait contrefait !
L’Europe invente toute sorte de normes techniques, sanitaires et même sociales pour défendre sa production, étouffer la concurrence. Voilà une situation qu’une décision de normalisation sur le lait entrant au sein de l’UEMOA règle immédiatement. Pourquoi attend-on? Que font nos services ou institutions de normalisation ? Et les autorités du commerce de l’UEMOA?
Le Sénégal avec un cheptel consistant doit être autosuffisant en produits laitiers et en viande. Comme à l’époque notre pays avait fait en arrêtant l’importation de cuisses de poulet, il est possible par une mobilisation nationale à consommer notre lait, à manger nos viandes, à chausser les chaussures faites avec les peaux de nos bêtes à donner un coût de fouet à un secteur pas toujours favorisé, en stoppant l’importation de lait en poudre contrefait, ainsi donnerons-nous plus de valeur et d’attractivité à notre élevage ce qui va encourager les entrepreneurs locaux à s’y investir. Certains défaitistes me disent déjà qu’on ne peut pas se passer de ce lait contrefait!
Si nous décidons de nous émanciper, refusant la facilité et l’argent facile, alors il suffit de se donner courageusement les moyens pour que tout soit possible.
L’élevage est un secteur qui peut devenir rapidement créateur d’entreprises et générateur d’énormément d’emplois à condition de valoriser ceux qui le pratiquent par l’éducation, la formation et l’équipement et d’encourager les jeunes à l’intégrer en procédant comme beaucoup de pays l’ont fait à un croisement génétique massif pour produire plus de lait et de viande. Et aussi de promouvoir de manière agressive la culture de la consommation du lait frais! Que c’est délicieux de siroter du vrai lait frais, de manger du fromage blanc à base de lait frais!
Rien de décisif n’est simple, facile et automatique! Le chemin vers le développement est complexe cependant, il passe inéluctablement par l’amour atavique de sa patrie, la discrimination positive en faveur de la production nationale et de l’entrepreneuriat national, la promotion par tous les moyens fiscaux, tarifaires, sociaux et meme culturels du consommer local et enfin des décisions politiques qui centrent la croissance économique sur la production locale et les entreprises de services locaux.
Le lait doit provoquer un sursaut national pour plus d’exigence pour notre bien être culinaire !
Fait à Dakar, le 24 août 2021
Unis et engagés, nous vaincrons
Mary Teuw Niane
La proposition ainsi faite consistant à produire localement le lait, les produits laitiers et le lait en poudre relève de la théorie de l’import-substitution. Plus largement remplacer certains produits importés par des produits domestiques. Elle fait appel à une autre théorie, celle ricardienne des avantages comparatifs. Celle-ci à son tour repose sur la comparaison des coûts et des avantages; Elle nécessite le protectionnisme pour la durée de l’apprentissage d’une économie dans l’enfance. Or une telle protection nationale présente un inconvénient majeur : celui de réduire l’incitation des producteurs locaux à se hisser au niveau compétitif de leurs homologues étrangers plus performants. Bref, une telle politique généralement appliquée de 1950 à 1980 par des pays africains et d’Amérique latine s’est soldée par un fiasco dans l’ensemble du fait des coûts élevés et des marchés exigus qui appellent une nécessaire exportation