Le 26 mai, les citoyens français sont appelés aux urnes. Un événement continental, mais à la portée nationale.
Et à quarante-huit heures de l’isoloir, la tension est à son comble pour les 34 listes en lice pour les européennes. Avec un durcissement de la campagne ces dernières semaines, entre débats télévisés et meetings interposés, en passant par une interview présidentielle amplement critiquée, tous les partis espèrent créer la surprise pour s’asseoir sur un maximum des 79 sièges mis en jeu au Parlement. Alors que l’abstention élevée est une constante des européennes (57 % en 2014), ce scrutin?– le premier depuis la séquence électorale de 2017 – s’annonce plus que jamais crucial pour l’ensemble des formations, chacune ayant autant à perdre qu’à gagner.
DES ÉLECTIONS À HAUT RISQUE
Deux ans après le second tour de la présidentielle, c’est un nouveau duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen qui se profile, à en croire les sondages donnant la liste LREM (23 %), menée par Nathalie Loiseau, sur les talons de celle du RN (25 %), portée par Jordan Bardella. En martelant le clivage entre les «progressistes», dont il se prévaut, et les «nationalistes», le président a en effet acté une confrontation directe avec la leader de l’extrême droite, qui veut, dans la même logique, faire du scrutin un «référendum anti-Macron». Battu à domicile, le locataire de l’Elysée verrait son image écornée en Europe, tandis qu’une avance du RN permettrait au parti de se présenter comme la première opposition du pays.
Autre enjeu crucial du vote : la captation des électeurs de droite, très convoités. «Ils sont partagés entre LR et LREM, les deux partis attachés à l’ordre et au credo européen. La plus grande porosité vient d’eux», explique Frédéric Dabi, de l’Ifop. Pour le parti au pouvoir, le défi sera donc de séduire les centristes «Macron-compatibles» et les retraités, tandis que pour LR, il s’agira de convaincre les déçus du macronisme, avec l’espoir que leur tête de liste, François-Xavier Bellamy, à 13 %, devienne le troisième homme du scrutin.
Face à ce camp très libéral, les Insoumis (8 %), incarnés par Manon Aubry, et les Verts (9 %), par Yannick Jadot, se disputent la première place à gauche, chacun tentant de se faire plus écologiste et social que son rival. Pour les autres partis de gauche (PS-Place publique, Génération.s, PCF) comme de droite, tel DLF, l’enjeu sera celui de la survie, à savoir d’atteindre les 5 % de voix pour obtenir des députés. D’autres, comme les listes étiquetées gilets jaunes, l’UPR et Les Patriotes, vont chercher à dépasser le seuil de 3 % pour être remboursés de leurs campagnes, et ainsi espérer rester dans le paysage.
UN QUINQUENNAT SOUS PRESSION
Après plus de six mois de crise, les résultats de ces européennes risquent de peser sur le mandat d’Emmanuel Macron dans la balance. Avec, selon des cadres de la majorité, un éventuel remaniement (dont le remplacement du Premier ministre Edouard Philippe) en cas de nette avance du RN sur LREM. En outre, à l’heure où le chef de l’Etat cristallise la colère, arriver à la deuxième place le fragiliserait pour imposer son agenda de réformes impopulaires (retraites, fonction publique…). Pour Frédéric Dabi, «si le président perd ce scrutin, qui devrait pourtant lui être favorable sachant qu’il se pose en défenseur de l’Europe, cela n’augure rien de bon pour les municipales de 2020».
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