Mamadou Mansour Diop, Alex Mike Audé, Ibrahima Konaté, Ahmed Ndiaye, Mohamed Sané pourraient garder la prison à vie. Cette bande d’agresseurs, qui semait la terreur dans les quartiers de Castors, Bourguiba, Grand-Yoff et Dieuppeul, encourt la prison à la réclusion criminelle. C’est la sentence demandée par le Parquet contre ces accusés, qui ont comparu mardi devant la Chambre criminelle pour «évasion, association de malfaiteurs, vol en réunion commis avec violence, port d’arme et usage de moyen de locomotion, recel de malfaiteurs, tentative de meurtre et offre ou cession de drogue». Dans ce groupe, les deux dernières personnes citées pourraient bénéficier de la relaxe, si le juge suit les conseils du Parquet. En attendant le sort qui leur sera réservé, ils devraient psalmodier des prières, renseigne Le Quotidien.
Les populations de Castors, Bourguiba, Grand-Yoff et Dieup¬peul, pourraient définitivement être débarrassées de la bande d’agresseurs qui perturbait leur quiétude. Mamadou Mansour Diop, Alex Mike Au¬dé, Ibrahima Konaté, Ah¬med Ndiaye et Mohamed Sané ont en effet comparu devant la bar¬re de la Chambre criminelle du Tri¬bunal de grande instance de Dakar, et ils risquent gros. Con-tre les trois premiers nommés, le Tribunal a requis la prison à la réclusion criminelle et l’acquittement, pour les deux autres. Les faits objets de leur comparution se sont passés en 2017.
En fait, la bande d’agresseurs dictait sa loi dans les quartiers sus mentionnés, en agressant d’honnêtes citoyens avec des armes à feu, pour leur prendre leurs biens. Pour ces actes peu orthodoxes, Mamadou Mansour Diop et ses acolytes ont été arrêtés, avant de comparaître ce mardi devant la Chambre criminelle pour «évasion, association de malfaiteurs, vol en réunion commis avec violence, port d’armes et usage de moyen de locomotion, recel de malfaiteurs, tentative de meurtre et offre ou cession de drogue».
Le chef de la ban¬de, Mama¬dou Mansour Diop, ne reconnaît que le crime de l’évasion. Il prétend avoir été arrêté en 2013 pour agression. Avant de faire sa valise le 29 décembre 2015, après avoir agressé deux gardes pénitentiaires pour s’évader et d’aller se terrer aux Parcelles Assai¬nies à bord d’un taxi. Diop dit n’avoir usé de son arme, que lorsqu’on procédait à son arrestation. C’est à ce moment, informe-t-il, qu’il a tiré sur les policiers. Aujourd’hui, il nie la tentative de meurtre et la détention d’une arme lors de son interpellation.
Dans ses dénégations, Ma¬ma¬¬dou Mansour Diop a aussi nié l’agression et le cambriolage et soutient n’avoir aucun rapport avec ses présumés acolytes. «Je n’ai agressé personne. J’ai un règlement de compte avec les limiers du Com-missariat central depuis 2008», tente-t-il de faire croire à la Chambre criminelle. Mais, le juge ne s’est pas privé de lui demander s’il connaissait son co-accusé, Mike Audé, le seul ressortissant nigérian du groupe d’accusés. Et Diop d’affirmer n’avoir fait sa connaissance qu’en prison, en 2014. Mais qu’ils n’ont aucun lien.
Pourtant, il avait déclaré dans l’enquête préliminaire que le sieur Alex Mike Audé l’avait appelé le 6 février 2017, pour lui demander de le rejoindre. Il disait aussi qu’ils avaient attaqué plusieurs agences de transfert d’argent entre Dieuppeul et Avenue Bourguiba, entre autres. «On menaçait les victimes avec des armes à feu», précise-t-il. Selon ses déclarations devant le juge d’instruction, l’idée de l’évasion venait de Alex et que l’une des victimes avait perdu la somme de 6 millions de francs.
Embouchant la même trompette, Alex Mike Audé a versé aussi dans des dénégations systématiques. Il dit n’être, ni de près ni de loin, mêlé à cette évasion. «Je n’ai pas vu Mansour après ma libération. Je suis venu au Sénégal pour gagner ma vie à la sueur de mon front. Les juges m’ont blanchi après ma première arrestation. J’avais fait 7 ans de prison. Je n’ai pas d’arme à feu», s’est-il défendu.
Même Ibrahima Konaté ne veut pas, lui non plus, assumer ses actes. A l’en croire, il ne connaît pas Mansour Diop. «Le jour des faits, j’étais chez Pape Moussa Diop où je fumais du chanvre indien. Ma mère, qui était dans la salle, ne l’a jamais su», s’est-il dédouané.
Des propos, qui tranchent d’avec ceux de Mansour Diop, qui avait déclaré que Ibrahima Konaté faisait partie de sa bande installée à Petit Mbao et Keur Mbaye Fall, et qu’il s’adonnait au trafic de chanvre indien avec un certain Omar Bâ. D’après lui, ils s’attaquaient aux boutiquiers. Et au moment du partage du butin, ils se retrouvaient à la plage de Petit Mbao.
Mansour Diop prétend par ailleurs, avoir été criblé de balles par les enquêteurs, pour lui extorquer des aveux. Comme le disait l’autre, la guerre ne tue pas les absents.
Ahmed Ndiaye, condamné pour agression et qui purgeait sa peine de 20 ans de travaux forcés en prison, s’étonne d’être mêlé à cette histoire d’agression. «J’étais en prison au moment de l’arrestation de Mansour», fait-il savoir à la chambre. Même Mohamed Sané a déclaré aussi n’avoir rien à voir avec ces crimes. «On m’avait arrêté après une bagarre et condamné à 1 an de prison. Ensuite, pour agression et condamné à 20 ans de prison. Je n’ai commis aucune agression ou cambriolage après. Mansour n’est jamais venu chez moi. Parfois, on jouait ensemble au football. Il était le capitaine de l’équipe de la Cité Millionnaire», précise-t-il.
Selon le Parquet, les plaignantes, Aminata Guèye et Ndèye Déguène Guèye, qui officiaient dans les services de Wari, ont formellement identifié Mike comme le détenteur du pistolet, lors du cambriolage. «A Dieuppeul, ils ont pris 500 000 francs et 4 téléphones. Ils cherchaient protection chez Malick Diop. Mansour Diop jouait le rôle d’intimidateur. A Castors, il a cambriolé 4 boutiques. Un arsenal a été découvert chez Mansour et Mike.»
Selon toujours le maître des poursuites, Mamadou Thierno Diallo a reconnu Mamadou Mansour Diop, comme la personne qui a cambriolé sa place. Pour lui, les victimes n’ont aucun intérêt à désigner les accusés comme des coupables. Ainsi, il a requis l’acquittement pour Mansour Diop, concernant le chef d’agression. Il est d’avis que Mohamed Sané et Amath Ndiaye doivent être relaxés pour tous les chefs, car il n’y a pas de preuve contre eux.
Cependant, il a demandé à ce que Ibrahima Konaté alias Nice, Alex Audé et Mansour Diop soient déclarés coupables pour les autres chefs d’accusation et condamnés à la réclusion criminelle.
La défense, quant à elle, a plaidé la relaxe.