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Évènements du 16 Février 1994: Devoir de Mémoire (Par Maam Cheikh)

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Il y’a 23 ans, le Sénégal plongeait dans une période de troubles jamais vécue depuis son avènement à l’indépendance. La conscience publique se perdait dans les dédales d’un chaos des plus complexes: un état qui refusait de céder la place à ce principe noble qu’est l’alternance, une opposition engagée qui soutenait «s’être fait voler ses suffrages », un peuple sénégalais inerte face aux inconvenances dictées par les gouvernants, un Mouvement Spirituel attaché aux grands objectifs du siècle, avec à sa tète un guide religieux aux enseignements ayant toujours transcendé les réalités communément admises. Retour sur les grandes lignes de cette histoire qui fait annuellement l’objet de publications de la presse allant souvent à l’encontre des faits.

LA PRISE DE POSITION DE SERIGNE CHEIKH TIDIANE SY
« Serigne Moustapha Sy a eu des résultats dans un domaine assez complexe : la spiritualité. La lumière acquise dans cette sphère ne peut nullement être éclipsée par de petites ombres d’adeptes des ambiguïtés de la politique politicienne. » Ces propos de Serigne Cheikh Tidiane SY ont pesé lourdement sur la conscience collective, le samedi 29 janvier 2000, lors d’une conférence tenue au CICES de Dakar. Ils marquaient la constance d’une prise de position symbolique.
Les fameux événements du 16 février 1994, et ceci avec l’implication des Moustarchidines, ont été à l’origine de plusieurs interventions du Tribun de Tivaouane. A défaut de « flagrant délit » comme évoqué par la justice à l’époque, il a fait référence à une prise d’otages. Dans une série de lettres ouvertes, il soulignait des approches qui justifiaient un fait : Serigne Moustapha Sy n’avait pas tort de faire référence aux crises d’autorité, de compétence et de confiance. Et le penseur de citer le Prophète Muhammad (psl) : « Mahomet n’a-t-il pas apporté son soutien aux chrétiens au détriment des perses ? Serigne Moustapha n’a pas à avoir de « repentir », son choix est à la fois juste et fondamental».

Sur le plan politique, le Mystique et Citoyen du Monde dénonce des gens se sentant «immunisés contre la vérité et le bon sens chaque fois qu’il s’agit de s’agripper à ce qui leur reste comme « lambeaux de pouvoir. » Et l’Homme à la Djellaba de poursuivre, dans sa fameuse lettre ouverte datant du lundi 7 mars 1994 : « Tous ceux qui ont participé, ne serait-ce qu’un seul jour à cette chose, se verront immanquablement traqués par les forces de l’autre galaxie. Ils vont tous payer, parce qu’ils ont tous commis un crime contre ce peuple qui, face aux inconvenances qu’on lui dicte, ne réagit jamais. Un peuple qui respire mais qui ne vit pas, parce que la vie est aussi faite pour se battre. ».
Pour le Tribun de Tivaouane, la déclaration du régime socialiste de tenir des élections transparentes en 1993, histoire d’annihiler un passé d’usurpateur de pouvoir, n’a pas été concrétisée comme il le fallait.
Enfin pour évoquer la situation dans laquelle se trouvaient les Moustarchidines, le pensionnaire de Fann Résidence, dans un Communiqué de Presse publié le lundi 8 novembre 1993, précise que l’aspect mystique de la chose dont se réclament les membres dudit Mouvement spirituel a pour centre de rayonnement la mémoire du Calif Ababacar SY, et que seul cet Homme de Dieu peut régler le problème selon les règles de sa sainteté.

SERIGNE MOUSTAPHA SY : UN RESPONSABLE MORAL PLUS QUE DÉTERMINÉ
Malgré son arrestation et celle de plusieurs membres du Mouvement Moustarchidine, le fondateur de la prestigieuse Université du Ramadan est resté plus que jamais attaché à des principes de missionnaire, en atteste les propos tenus lors d’une interview juste après sa libération. « La prison est un état d’esprit », soutient-il. Comment s’interroger sur les impressions d’un homme qui n’a nullement senti être enfermé dans une cellule ? « La Liberté est plus têtue qu’une cellule de prison », disait son seul maître spirituel Al Maktoum.
En faisant référence à la déclaration télévisée de Djibo Ka, ministre de l’intérieur à l’époque, citant le décret 001123 du 17 février 1994, et soulignant l’interdiction sur tout le territoire national des activités du Dahiratoul Moustarchidina Wal Moustarchidaty, il cite : « Notre Mouvement constitue un démembrement de l’Islam. On ne peut dissoudre une cause affiliée à une religion.Le Colloque International tenu par le Dahira en 1989 a été une occasion saisie par le Président Abdou Diouf pour mobiliser toutes les institutions de l’Etat et les faire participer à l’initiative, en plus des éloges que lui-même a tenu ce jour-là. Qu’on ose nous faire croire que ce n’était pas les mêmes Moustarchidines qui ont été victimes du complot tenu quatre années plus tard.» Il considère un tel geste comme un devoir, parce que conforme à l’enseignement prophétique, celui là qui juge que le ciel salue tout appui fait à une initiative tendant à faire valoir la dignité humaine dans un élan conforme aux lois divines. Aussi il cite une maxime inspirée de la philosophie de Seydil Hadj Malick Sy : « l’alliance de ceux qui se déclarent ostensiblement ennemis de la loyauté et du bon sens est un complot des plus sournois. »

ET DEPUIS, LA CONFUSION REGNE TOUJOURS
Après les événements, la confusion est toujours au rendez-vous. Les écrits et jugements portés sur les événements peignent un bras de fer entre le Mouvement Moustarchidine et le Régime de l’époque, socialiste d’appartenance. L’erreur la plus grave est sans nul doute celle commise par le Professeur Habib Thiam. Dans son ouvrage intitulé Par Devoir et par Amitié et publié en 2001, l’historien de renom précise à la page 175 que le mercredi 17 février 1994, qui coïncidait avec un mois de ramadan, fut une journée de tentative de création d’une situation insurrectionnelle et terroriste par l’opposition et le Mouvement Moustarchidine, avec, à sa tête, Serigne Moustapha Sy. Tant s’en faut. C’est sans nul doute l’une des plus graves erreurs jamais constatées dans un ouvrage politique, d’autant plus qu’en 2001, les événements n’étaient encore vieux que de 7 ans, et que l’auteur en question avait été témoin des faits. En effet, Serigne Moustapha Sy avait été arrêté bien avant, plus précisément le samedi 30 octobre 1993, après son évocation des trois (3) crises citées précédemment. Ce qui fait qu’il était en prison au moment ou se tenaient lesdits événements. Dans tout les cas, cette illustration de l’homme politique donne tout son sens à la crise de mémoire.

Le drapeau du Mouvement Moustarchidine flotte toujours au carrefour symbole de la grâce Mahometane. Sa vocation spirituelle a fait qu’elle ne cessera nullement de verser dans des défis d’ordre culturel, politique, religieux, économique et social. Après tout, l’islam est un système éducatif portant en son sein toutes ces dimensions. Un régime politique, aussi puissant qu’il soit, ne peut bafouer le message qui git dans le cœur d’un partisan d’une conscience dédiée à la mémoire des Grands de l’Islam. Celui que les Moustarchidines appellent affectueusement Mame Cheikh l’avait compris bien avant tout le monde. Ses nombreuses lettres ouvertes et communiqués de presse de l’époque en témoignent, et la plus significative reste cette fameuse formule qui doit être considérée comme un crédo dans le Mouvement dédié à la mémoire des gens de la caverne (ashàboul keuhfi) : « Les Moustarchidines sont, plus que jamais, attachés aux grands objectifs de ce siècle. »:

Maam Cheikh
Chroniqueur

+221 77 459 42 83

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