L’impact des révolutions en Afrique subsaharienne
SlateAfrique – Est-ce qu’il y aura un impact à vos yeux dans l’Afrique subsaharienne? Y a-t-il une interaction quelconque envisageable ou bien est-ce que ce sont deux mondes?
A.W. – Objectivement, comme il y a des mécontentements dans tous les pays, plus ou moins virulents, il est clair que ces gens vont essayer d’utiliser ces exemples pour faire des manifestations, des mouvements de rue. Maintenant, est-ce que ça peut prendre ou pas, ça dépend de beaucoup d’autres ingrédients. S’il y a un mécontentement populaire profond, à ce moment-là tout s’enflamme. Mais, personnellement, je pense qu’il y a une très grande différence entre les pays arabes et les pays africains. Parce que les régimes arabes dont vous parlez, comme la Tunisie de Ben Ali, ce sont quand même des régimes arabes forts et qui sont des sortes de dictatures où il n’y a pas de respect des droits de l’homme, où il n’y a pas de liberté, où il n’y a pas d’alternance politique possible, ce qui n’est pas le cas maintenant en Afrique noire.
L’Afrique noire s’est ouverte à la démocratie, au pluripartisme, avec plusieurs partis politiques qui se battent avec le pouvoir selon des règles plus ou moins ouvertes. Tout cela fait la différence. Malgré tout, il y a des régimes démocratiques qui ne sont pas très loin de la dictature, où des hommes politiques peuvent trouver des moyens pour truquer une élection, ce n’est pas impossible. Donc je crois que l’exemple des pays arabes n’est pas un cas d’école valable pour l’Afrique même si ce n’est pas à écarter. Je pense qu’il y a une très faible probabilité pour que ça se déroule en Afrique au Sud du Sahara.
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