Fermeture des bases militaires françaises. Hervé Morin, ministre de la Défense, reçu discrètement par Wade

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En catimini, le ministre français de la Défense, Hervé Morin, a été reçu samedi soir par le Président sénégalais. Depuis que Dakar a annoncé, le 3 avril dernier, la reprise symbolique des bases militaires françaises, Paris est plus qu’embarrassé. C’est le 31 mars dernier que le Président Wade a écrit à son homologue français, pour effleurer cette annonce qu’il a faite avant-hier. Alors que les négociations entre Paris et Dakar butent, les Français ayant manifesté des réticences sur le site de Thiès, Me Abdoulaye Wade est passé à la vitesse supérieure. Brice Hortefeux, présent à Dakar, ne pouvait qu’annuler diplomatiquement sa conférence de presse prévue hier.

La gueule de bois des autorités françaises est perceptible de Dakar, depuis que Me Abdoulaye Wade a annoncé, dans son adresse à la Nation du 3 avril dernier, qu’il reprenait, certes symboliquement, les bases militaires françaises au Sénégal. Si la France a affirmé depuis 2008 son intention de réviser ces accords, Me Abdoulaye Wade n’a pas attendu pour passer à la vitesse supérieure. Et sa stratégie a marché, si on sait combien Paris a été prise de court par l’annonce du Président sénégalais dans son traditionnel discours à la Nation. Une annonce faite quelques heures plus tôt, dans le Journal du Dimanche, par Me Abdoulaye Wade : « Je reprends mes terres ce soir à minuit ».
Morin reçu nuitamment à la Présidence

« Les discussions se poursuivent », a immédiatement réagi un porte-parole du ministère français de la Défense, cachant un malaise entraîné par la déclaration du Président sénégalais. À tel point que Brice Hortefeux a annulé la conférence de presse qu’il devait tenir hier, après avoir assisté à l’inauguration du Monument de la renaissance et à la fête du 4 avril. L’ambassadeur de France au Sénégal, Jean Christophe Ruffin, réagissant à cette annonce, a déclaré, dans les colonnes du Monde : « La France a ouvert la concertation sur ce sujet. Cela ne peut pas être présenté comme une victoire sur l’abominable colonisateur ».

Samedi dernier, c’est dans la plus grande discrétion que le ministre français de la Défense a débarqué dans la capitale sénégalaise en catimini. C’est ainsi que Hervé Morin, qui vient pour la deuxième fois à Dakar, en l’espace de quelques semaines, a été reçu par Wade vers les coups de 21 heures. « Les Français savent que le Président Wade ne reculera pas. C’est une question de principe. Morin voulait seulement que les discussions soient diligentées, après avoir pris acte des déclarations du Président. Le chef de l’Etat s’est dit d’accord », confie un proche du Président. Il faut dire que cette détermination, le chef de l’Exécutif sénégalais l’avait exprimée lors d’un Conseil des ministres, alors que certains membres de son entourage s’inquiétaient d’éventuelles représailles de la France. Pour autant, à la Présidence sénégalaise, des voix s’élèvent depuis l’annonce du chef de l’Etat, pour jurer que les « articles contre le Président », qui se bousculent depuis le soir du 3 avril dans la presse française, ne sont pas gratuits.

Ce que Wade a dit à Ali Bongo

En vérité, même si elle ne le dit pas ouvertement, Paris n’a pas apprécié que Me Wade prenne cette décision, de manière unilatérale, sans attendre la fin des discussions, en plus de présenter cette « reprise » des terres sénégalaises comme le dernier acte pour parachever « l’indépendance ». Loin de se dédouaner, Wade est allé jusqu’à charger son homologue français, lors d’une émission diffusée par Tv5 et « Le Monde ». Wade affirme n’avoir pas compris que son homologue français annonce la révision des accords de défense en Afrique du Sud, alors que ce pays n’était pas concerné. « Je le lui ai reproché », révèle Wade, qui ajoute, parlant d’un nouvel accord sur les bases françaises : « Il n’est pas signé, mais en réalité, on n’en a plus besoin. Les bases sont chez nous. Il (Ndlr : Sarkozy) aurait dû nous en parler d’abord ». C’est presque le même discours que Me Wade a confié, au pied du Monument de la renaissance, à Ali Bongo, dont le pays a accepté le principe de révision de ces sombres accords militaires.

La lettre de Wade au Président français

C’est le 31 mars dernier que le Président sénégalais a posé le premier acte, qui a abouti à sa déclaration du 3 avril. Dans une lettre adressée à son homologue français, Me Abdoulaye Wade annonce à Sarkozy sa décision de reprendre en « toute souveraineté » les bases françaises. Certes, c’est Sarkozy qui a annoncé l’intention de réviser ces accords, mais c’est Wade qui est passé le premier à l’acte. Ces discussions entre Paris et Dakar piétinent, selon plusieurs sources autorisées. À preuve, les Français, à qui le Sénégal a proposé, au cours des négociations, le site de Thiès pour abriter quelque 300 hommes qui vont rester sur le territoire sénégalais, ont manifesté des réticences. Si l’effet du Président sénégalais était de montrer la voie à ses homologues présents à Dakar, il a réussi son coup, pour être le premier chef d’Etat africain à « chasser » la France de « ses » terres. Un sentiment qui était bien perceptible le 4 avril, lorsque les troupes françaises passaient devant la tribune officielle, lors du défilé. On aurait dit un adieu…

Cheikh Mbacké GUISSE
lasquotidien.info

3 Commentaires

  1. Est-ce que quelqu’un peut me dire quel est la fonction de la base française au Sénégal et objectivement?

    Wade pense à quelques hectares de terre qu’il veut occuper. Le peuple fantasme sur l’indépendance du Sénégal et sa souveraineté.

    Tous ça n’a aucun sens quand on pense qu’on a cédé à France Télécom 51% de la Sonatel qui leur rapport pres 100 milliards par an, à Mittal (Inde) le fer du Sénégal oriental, au indiens d’Iffco, les ICS, le Port à Dubai Port World, l’aéroport à Fraport (Allemagne) etc etc….

    Qu’on arrête de nous bassiner avec des sornettes. Les américains ont une base à Cuba (Guantanamo) et ça rapporte à Cuba du fric et ils sont très contents.

    Qu’on continue à monnayer ces bases qui créent des emplois et rapportent de l’argent aux caisses du trésor.

    Celui qui crie son indépendance (Wade) a un passeport français et toute sa famille est française. ishhhhh!

  2. que vaut une souverainetè si les fils du pays perdent leur dignitè en perdant leur emploi!!! c est quoi l independance si on est incapable d intervenir en cas d accidents graves(produit chimique ou incendie grave) .somes nous un etat pret et souverain dans ces domaines.n occultons pas que la presence francaise fait vivre des milliers de famille d une maniere directe ou indirecte.alors de grace meme si aucune solutions n est trouvè(dieu sait qu il y en a) laissons leur le temps afin qu il puissent partir progressivement et ceci dans la durèe pour au moins permettre a ces milliers de pere et mere de famille teminer leur carriere professionnelle.WADE n oublie pas que tu nous dois protection aussi.

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