Fermetures des entreprises: Le fond du débat

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Tout en manquant quelque peu de pertinence, la déclaration, la semaine dernière, de Baïdy Agne, président du Conseil national du patronat(Cnp) sur la fermeture au Sénégal de près de 400 entreprises en 2012, n’en a pas moins jeté un pavé de plus dans la marre des politiques. Celles-ci s’étaient engagées à faire l’Etat des lieux des entreprises en difficultés mais jusqu’ici, cette volonté apparaît comme un vœu pieux. Au delà de la déclaration du président du Cp, le débat est plus profond et nécessite une prise en charge réelle.

Plus de 376 fermetures d’établissements formels en 2012. C’est ce qu’a révélé Baïdy Agne, président du Conseil national du patronat(Cnp), la semaine dernière, alors qu’il recevait le ministre du Commerce et de l’Industrie, Alioune Sarr. Si elle pose la problématique des entreprises en difficultés et celle de l’environnement-même dans lequel baignent ces entreprises, cette déclaration n’est pas sans rappeler l’engagement pris il y a quelques temps par les autorités, de faire l’Etat des lieux à travers un recensement exhaustif et de prendre en charge les difficultés des entreprises en difficultés.

Aussi, la déclaration du président du Cnp apparaît-elle sans doute comme une sommation adressée aux politiques, aux fins de leur rappeler l’urgence de la situation des entreprises. D’autant plus qu’il a par la même occasion, exhorté l’Etat à « rendre opérationnelle la cellule entreprise en difficulté de l’Adepme, en plus de mettre des plans de restructuration viables. » Cette mesure, selon lui, permettra d’améliorer la compétitivité des entreprises, à tous les niveaux, « afin de continuer à leur faire jouer leur rôle de bras armé de toute Nation ayant des ambitions de croissance économique, de progrès social et de création d’emplois durables. »
Il ne croit pas si bien dire car cette cellule qui existe pourtant depuis maintenant plus de dix ans, n’existe que par le nom.
Restructuration sans fonds

En réalité, c’est la pertinence même de la loger à l’Adpme qui apparaît douteuse, quand on sait que pour être opérationnelle et efficace, cette cellule devrait plutôt être logée au Ministère des finances, où les décisions peuvent se prendre rapidement. Ce serait dans une dynamique de positionner ladite cellule plus près du pouvoir de décisions. Mais l’instrument le plus approprié serait une sorte de guichet unique dédié à la restructuration des entreprises, avec bien entendu un Fonds de restructuration.

Aussi, le « message » manque-t-il quelque peu de pertinence dans la mesure où, elle a occulté la dimension typologique des entreprises fermées, de même que le nombre d’emplois perdus. De même, chaque semaine, le comité d’agrément de l’Apix enregistrerait près d’une vingtaine d’entreprises nouvelles contre, d’après le Cnp, une moyenne d’une entreprise qui décède par jour. Il est vrai cependant qu’au-delà de la comptabilité épicière, la dimension structurelle de l’entreprise rend beaucoup mieux compte du problème de celle-ci. Car on ne peut pas négliger le fait que plus de 90% des pme au Sénégal meurent avant leur premier anniversaire.

Toutefois, on peut élargir l’analyse hors des frontières sénégalaises, pour aller en France, par exemple, qui dispose d’un environnement des affaires de classe internationale et qui voit 150 de ses entreprises mourir chaque jour quand, aux Etats-unis, le chiffre est « incroyable ».
Le débat est ailleurs

Un sondage Ipsos/CGI/Publicis publié dans Le Monde du 7 mai révèle que 25% des Européens s’inquiètent du sort des entreprises industrielles.

En 2012, quelque 266 fermetures de sites industriels ont été recensées, soit 42 % de plus qu’en 2011. En moyenne, la taille de ces sites se limite à 71 salariés, selon les chiffres publiés, par la société Trendeo, qui traque les annonces de création et de destruction d’emplois. Mais comme on le voit, dans l’Exagone, il s’agit plus de désindustrialisation. Après avoir culminé en 2009, au plus fort de la tempête économique, les fermetures de sites et les plans sociaux s’étaient un peu calmés en 2010 et 2011. Le mouvement est reparti de plus belle à partir de l’été dernier, alors que le nombre de créations d’usines progressait très légèrement, à 166.

En quatre ans, 1 087 fermetures ont été annoncées, pour seulement 703 ouvertures. La France compte ainsi 384 sites industriels de moins qu’au début de 2009. C’est « le pays le plus désindustrialisé d’Europe », selon Patrick Artus, de Natixis. Aussi au Sénégal, le débat de l’entreprise est ailleurs et doit porter sur la problématique de l’emploi productif autour duquel tous les gouvernements et les patronats, au-delà de l’unification des organisations, se mobilisent. Le débat est dans l’ostracisme absurde dont on est l’objet, entre autres, les cimenteries Dangote dont rien ni personne ne peut justifier le blocage du démarrage de sa production. Mieux, qu’est-ce qui explique sinon le mutisme du patronat sur la question alors qu’il s’agit d’investissements massifs profitables à l’industrie sénégalaise et plus généralement à l’économie sénégalaise?

Beaucoup d’industries au Sénégal connaissent des difficultés principalement a cause de leur incapacité à innover, a diversifier, a investir dans la recherche donc dans le futur.

Le ministre l’a d’ailleurs suggéré lors de sa visite au Cnp, en jetant une bouteille dans le jardin des huiliers dont il estime qu’ils pourraient remonter la filière arachide en participant à la production et à la reconstitution du capital semencier. Certains n’hésitent pas d’ailleurs à suggérer la renégociation de la cession de l’entreprise Suneor, mais sur la base d’un cahier des charges qui prennent en compte cette dimension globale. Cela pose d’ailleurs la question des grandes industries installées depuis des décennies et qui ont digéré plus de dix fois leur capital et campent dans des situations de rente, sans pourtant se renouveler dans la diversification et s’emparer de nouveaux segments de marché. Parce qu’en définitive, le débat porte sur la production nationale qui peine à sortir de l’ornière tandis que le marché sénégalais, en grande partie, reste tributaire des biens et services produits ailleurs. Cela pose bien le problème des entreprises mais bien plus le problème de l’industrie sénégalaise dans sa globalité, qui reste figée dans culture de recherche de rentabilité financière d’un côté et qui se débat avec des facteurs de production qui obèrent sa compétitivité, de l’autre et qui n’encouragent pas non plus une véritable production nationale de qualité.

Toutes choses qui participent d’encourager cependant des habitudes de consommation extraverties et qui laissent ces mêmes consommateurs à la merci des prix du marché mondial. La nouvelle tendance en dit long avec ces sénégalais qui, depuis quelque temps, s’organisent depuis l’étranger pour importer par containers entiers au Sénégal, leurs consommations de base pour 6 mois…

Malick Ndao

2 Commentaires

  1. Bonjour

    Il ne faut pas faire de la malhonnêteté intellectuelle.
    Tout le monde sait que les profiteurs de l’ancien régime créaient des entreprises de complaisance pour capter des marchés fictifs ou des marchés bidons. Le bulletin économique de la Chambre de Commerce publiait régulièrement des dizaines et des dizaines de nouvelles créations de société chaque mois.

    Dès l’alternance survenue, c’est tout naturellement que tous ces voleurs ont dissolu ces sociétés bidons. Alors de là à dire faire croire à l’opinion qu’il y’a un problème d’environnement économique ou des affaires ayant entraîné la fermeture de plus de 376 entreprises, il faut vraiment se foutre de la gueule du monde.

    Baidy Agne lui même fait partie de ces créateurs d’entreprises bidons. Il a lui même été adjudicataire d’un marché BTP de plusieurs milliards grace à ses collusions avec les Wade père et fils, alors que personne n’a jamais connu Baidy Agne comme entrepreneur dans ce domaine.

    Il faut réfléchir un peu plus. Les journalistes sont devenus de simples paresseux et des maîtres chanteurs sans vergogne. Ces énergumènes du type de Yakham Mbaye, Sidy Lamine Niasse, etc…., ces guignols du soi-disant forum civil de l’acabit de Birahim Seck sont en train de polluer l’atmosphère de par leur malhonnêteté. Mais le chantage ne passera pas

    SPECTATEUR

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