Depuis que le bassiste sénégalais au jeu percussif est passé sous le feu des projecteurs avec son premier véritable album, il semble ne plus avoir de limites. Habib Faye, ex-membre du Super Etoile, était sur l’île mémoire ce week-end pour les besoins du festival Jazz à Gorée. Toujours surprenante et imprévisible, la richesse de sa musique crée une belle fusion entre sonorités africaines et le jazz. Son concert aux côtés de Idrissa Diop et d’autres artistes fut un moment de joie.
L’ouverture officielle des spectacles de la première édition du festival Jazz à Gorée était prévue pour vendredi dernier. Elle a finalement eu lieu samedi avant d’être clôturée hier. Le festival Jazz à Gorée a donc été finalement étalé sur deux jours au lieu de trois jours consécutifs, à cause d’un problème de moyens. C’est ce qu’a expliqué Alioune Wade par ailleurs fils du colonel Fallou Wade (ancien patron de la musique des forces armées), et directeur du festival. L’ouverture de ce rendez-vous culturel a donné l’occasion de (re)voir sur scène cet ancien bassiste du Super Etoile et son nouveau groupe. Habib Faye, considéré comme le plus grand instrumentiste que le Sénégal n’ait jamais connu et comme l’un des plus grands bassistes africains de ces dix dernières années, et son équipe ont été les premiers à faire résonner leurs notes de musique dans ce spectacle.
Les quelques notes de jazz qu’ils ont servies au Palais du gouverneur, devant un public composé en majorité d’Occidentaux, ont révélé que Habib reste non seulement un «homme orchestre», mais peut également à l’avenir se prévaloir chanteur. L’ex-bassiste du Super Etoile, qui a eu à réaliser depuis 1986 tous les disques de Youssou Ndour, a montré au public de Gorée, en plus de savoir très bien gratter sur une guitare, qu’il possède aussi le don de chanter et que désormais sa carrière en solo promet de belles surprises. L’artiste nominé aux Grammy’s s’est produit aux côtés d’autres ténors de la scène musicale qui font désormais partie de son équipe. C’est le cas par exemple du percussionniste Moustapha Cissé, membre du groupe Xalam.
Pour cette première présence scénique dans Jazz à Gorée, Habib Faye a repris les titres comme «Jarouko», «Diambo Diambo», «H 2 0», «Djiko» dans un rythme afro-beat, qui ne manque de séduire. On l’a également retrouvé en parfaite aisance dans un duo avec le chanteur Idrissa Diop sur son morceau fétiche «Fly one». Ce tube culte a été repris dans un style jazzy par le groupe de Habib Faye. La chanteuse capverdienne Sandra Horta a aussi réservé au public une sympathique prestation. Pas étonnant alors que la bande d’artistes surfe sur un registre musical très coloré, passant allègrement de la salsa à l’afro. Cette prestation traduit surtout l’esprit d’ouverture de l’ex acolyte de Youssou Ndour, qui dit vouloir désormais «rapprocher la richesse des sons africains et le jazz dans une vision nouvelle et avant-gardiste».
Outre Habib Faye qui a fait des émules, il y avait pour ce concert le Martiniquais Mario Canonze et l’Ivoirien Paco Sery. Le festival Jazz à Gorée a été clôturé hier avec une prestation de la Malienne Oumou Sangaré.
