Très ému par des moments forts de sa vie retracés à travers une exposition, ce week-end à l’Ucad 2, Amadou Makhtar Mbow a profité de cette opportunité pour exhorter les jeunes à toujours donner le meilleur d’eux dans le travail. Une leçon qui, à son avis, pourra permettre de mieux servir son pays.
Le parcours de l’ancien directeur général de l’Unesco, Amadou Makhtar Mbow est présenté comme étant une prestigieuse étoile devant servir de source d’inspiration à la jeune génération. L’exposition consacrée à sa vie et son œuvre dont le vernissage s’est tenu le samedi 7 Mai à l’Ucad 2, en était une illustration. Très ému de cette exposition, Amadou Makhtar Mbow a profité de cette opportunité, en bon grand père pour donner des conseils à la jeunesse sénégalaise, africaine et internationale.
Pour lui, son parcours est fait sur la base de la volonté, de la constance et de la patience. « Aujourd’hui, je voudrais que les jeunes qui visitent cette exposition se disent que rien n’est joué d’avance dans la vie et qu’il faut qu’ils s’efforcent eux-mêmes de travailler toujours pour atteindre le niveau le plus élevé dans le domaine du savoir que de la connaissance ». « Ce que je retiendrais de ma vie c’est forcement d’être toujours en conformité avec les principes qui m’ont été inculqués depuis mon enfance », a-t-il souligné. Pour lui, « Il y a d’abord la responsabilité vis-à-vis de soit et de la communauté à laquelle on appartient ». Il y a également ajouté le respect d’autrui et l’humilité. « Quand j’examine ma vie, je me demande toujours à la fin de chaque journée -je le faisais quand j’étais scout- quelle bonne action j’avais faite. J’essaye également de me demander si j’avais nui à qui ce soit. Je me suis efforcé toute ma vie à ne jamais faire du mal à personne, à rendre un service quand je le peux, sans ne jamais me soucier du mal qu’on veut me faire, en disant que c’est la vie. Et d’ailleurs beaucoup n’ont pas essayé de me faire du mal mais c’est pour dire que tout mal qu’on a voulu me faire je l’ai pardonné à l’avance ». Entre autres conseils donnés aux jeunes, M. Mbow a cité l’hygiène de vie. « Je me félicite d’être avec des jeunes, mes enfants, les contemporains de mes enfants, mes petits enfants ; d’être avec mon épouse à côté de moi et de croire à cette période qui marque peut être la fin de ma vie, de me dire que je me suis toujours efforcé de faire le mieux possible ».
L’homme dans sa diversité
Malgré son age avancé, l’homme a surmonté l’épreuve des longues marches du bâtiment de l’Ucad 2 pour venir visiter l’exposition revisitant sa vie et son œuvre. Photos, diplômes, distinctions, médailles, monographies, enquêtes, rapports, études…étaient passés au peigne fin par les sympathisants, proches, universitaires, étudiants et autres curieux. Dans la foule s’apercevaient des gens comme Habib Thiam (ancien Premier ministre), Ibrahima Fall (candidat de la société civile pour l’élection de 2012), Amadou Kane (Directeur général de la Bicis), le général Mansour Seck… Par contre aucun membre du gouvernement, ni des partis de la mouvance présidentielle encore mois ceux de l’opposition.
Le Pr Penda Mbow du comité d’organisation de la célébration de l’anniversaire des 90 ans d’Amadou Makhtar Mbow a expliqué que l’exposition reflète l’homme dans sa diversité et son évolution. Il a été mis en avant La Jeunesse de M. Mbow qui a été ponctuée par des études universitaires, son engagement dans l’armée, ses études. Ceci à l’aide de tableaux agrémentés par des citations de l’homme mais aussi d’autres intellectuels. Dans le même chapitre de la jeunesse de Mbow figure un tableau sur sa formation professionnelle agrémentée par une citation du Prophète Mouhamed (PSL) qui dit : « Va à la quête du savoir : du berceau au tombeau ».
L’exposition s’est aussi intéressée sur Le Militant qu’a été Amadou Makhtar Mbow à travers son sens de l’intégration africaine et sa diversité culturelle. Une partie qui montre comment l’œuvre de l’homme a participé à la revalorisation de l’histoire de l’Afrique. Une étape appuyée par des diplômes, médailles, trophées que Mbow a obtenus dans ce sens.
La même démarche a conduit à L’homme d’Etat où il a été mis en exergue ses relations avec les présidents Léopold Sedar Senghor et Abdou Diouf. Ce qui sera suivi de la casquette de Directeur Général de l’Unesco qui renseigne davantage sur un homme universel. Vient par la suite l’époque du Patriarche d’aujourd’hui au milieu de ses enfants, petits enfants et leurs contemporains. L’exposition qui sera transférée à l’IFAN compte parmi ses œuvres la dernière distinction de Commandeur de l’Ordre National de la Légion d’honneur que le président français, Nicolas Sarkozy vient de décerner à Amadou Makhta Mbow.
Donnant ses impressions sur l’exposition, M. Mbow a regretté l’absence d’une « partie importante » de sa vie qu’est son enfance à Louga. « C’est la vie que j’ai mené dans un milieu rural comme tout petit paysan sénégalais ». Pour lui, en revisitant les différentes étapes de sa vie, ça lui fait penser à d’autres choses en particulier. « Au fait qu’il n’y a peut être pas de fatalité pour un homme et pour un peuple. Nous étions condamnés à être des employés subalternes dans l’administration ou le commerce du temps de la colonisation. Les gens de ma génération ont pu parvenir à faire des études universitaires ».
M. Mbow pense que toutes les périodes de sa vie l’ont marqué autant son enfance à Louga que la période qu’il a vécu pendant la guerre, ses études en France et ensuite ce qu’il a fais dans le cadre de l’éducation de base, dans l’activité politique au Sénégal, mais aussi les responsabilités qu’il a assumé au Sénégal, sur le plan international en devant alors directeur général de l’Unesco. « Je ne pourrais pas séparer ma vie en des tranches. Elles sont toutes liées les unes aux autres et donc toute une vie menée dans des conditions parfois difficiles et je dois exprimer ma reconnaissance à tous ceux qui ont décidé de célébrer mon 90ème anniversaire, à ceux qui ont organisé cette exposition, à ceux qui vont également organisé un colloque ». En fait, a-t-il précisé, « dans la vie ce qui nous reste c’est ce que nous avons pu faire ; les idées que nous avons pu développer en espérant qu’elles pourront susciter de la part des jeunes, de la part d’autres également. Une action qui est en rapport avec les besoins et les nécessités de nos pays ».
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