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Fin de «l’exil »

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XALIMANEWS : Inculpé en avril 2013,condamné à 6 ans ferme en février 2015, “gracié’’ en juin 2016, Karim Wade se libère enfin de sa prétendue “prison’’ dorée de Doha, après l’écoulement du délai prononcé par les juges de la Crei. Renforçant, du coup, la thèse du “deal international’’ qui l’aurait contraint, jusque-là, à rester dans son pays d’accueil pour purger le reste de sa peine.

“Le président de la République, par décret n°2016-880 du 24 juin 2016, a gracié Messieurs Karim Meissa Wade, Ibrahima Aboukhalil dit Bibo Bourgi et Alioune Samba Diassé. Il convient de préciser que cette mesure dispense seulement les condamnés de subir la peine d’emprisonnement restant à courir. Ainsi, les sanctions financières contenues dans la décision de justice du 23 mars 2015 et la procédure de recouvrement déjà engagée demeurent’’.

C’est en ces termes très laconiques que la présidence de la République avait, le 24 juin 2016, vers les coups de 3 h du matin, rendu public que le fils de l’ancien président Abdoulaye Wade a bel et bien été gracié. Depuis lors, jamais l’ex-célèbre prisonnier n’a été entendu nulle part, en dehors du Qatar. Même pas en France pour rendre visite à ses parents ou filles, alors même que ces derniers y étaient domiciliés. Hier, les choses ont pris une toute nouvelle tournure. Le quotidien “L’As’’ a, en effet, révélé que l’ancien pensionnaire de Rebeuss a été aperçu à Kigali, au Rwanda, par le journaliste Mamadou Thierno Talla.

“Selon Mamadou Talla qui raconte la scène surréaliste, Karim Wade, habillé en noir, de pied en cap, s’apprêtait à entrer dans le mémorial (du génocide de Kigali) en compagnie de quatre autres personnes, lorsqu’il l’a aperçu. Complètement médusé, notre interlocuteur rapporte qu’il a aussitôt ôté ses lunettes avant de les remettre pour vérifier s’il rêvait ou pas’’, rapporte le journal qui ne rate aucun détail des échanges entre les deux hommes. Malgré les tentatives de certains responsables du parti libéral de démentir l’information, tout tend à croire en sa véracité.

Joint par téléphone, Amadou Ba, Directeur de la publication, confirme et ajoute : “C’est même ridicule et de mauvaise foi que de vouloir remettre en cause cette information. Les deux hommes se connaissent parfaitement. Je ne sais pas pourquoi certains veulent nier l’évidence. Thierno Talla a voulu même le prendre en photo, mais Karim a refusé.’’

Mais si “EnQuête’’ parle de ces faits, c’est surtout parce qu’ils corroborent parfaitement une information reçue, il y a longtemps, mais dont il ne disposait pas de suffisamment d’éléments probatoires pour la traiter. En fait, certaines sources se sont toujours interrogées sur le fait que l’ancien ministre d’Etat soit, depuis sa libération, resté cloitré à Doha.

Soutenant bec et ongles, à l’instar des membres du Pds, que l’ancien détenu a été “’exilé’’ au Qatar pour y purger le reste de sa peine. Pour étayer leur propos, ils invoquaient “la non disponibilité’’ du décret de grâce, dument signé et publié par le chef de l’Etat. En tout cas, ce qui est constant, c’est que trois ans après sa supposée “déportation’’ à Doha, Karim daigne enfin sortir de la capitale qatarie. Si l’on y ajoute les trois autres années passées à Rebeuss, cela fait exactement six ans, soit la peine prononcée par la Cour de répression de l’enrichissement illicite en mars 2015. Autant d’éléments de nature à renforcer la thèse avancée à l’époque par Idrissa Seck. En effet, déjà au lendemain de sa libération, le leader de Rewmi évoquait la thèse d’un “deal international’’ conclu entre l’Etat du Sénégal, l’Etat du Qatar et les Wade. Pour sa part, l’opinion a pendant longtemps épilogué sur les circonstances rocambolesques de cette libération.

Pour rappel, Karim Wade est sorti de Rebeuss vers les coups de 1 h 30 du matin. Par la suite, il a été conduit directement chez Maitre Madické Niang où il devait rencontrer le fils ainé de Cheikh Sidi Mokhtar Mbacké, alors Khalife général des mourides. Après des séances de prières, l’ex-détenu, escorté, s’est immédiatement ébranlé vers l’aéroport Léopold Sédar Senghor. Sans placer un mot à l’endroit de ses sympathisants qui, malgré la fraicheur de la nuit, avaient tenu à l’accueillir.

Sur le tarmac, l’attendait déjà un hôte bien spécial, en la personne du procureur général du Qatar. Finalement, c’est entre 3 h et 4 h du matin que l’avion s’est envolé pour Doha, avec à son bord Karim Wade, le procureur général qatari et Madické Niang.

S’exprimant devant la presse, l’alors ministre de la Justice, Sidiki Kaba, s’était limité à affirmer que le président Macky Sall avait décidé de gracier le fils de son prédécesseur ainsi qu’Ibrahim Aboukhalil dit Bibo Bourgi et Alioune Samba Diassé pour des raisons humanitaires. “Une fois gracié, disait-il, Karim Wade est libre d’aller où il veut, au Sénégal ou ailleurs. Si vous voulez savoir où il se trouve, allez lui poser la question’’, tranchait-il, interpellé sur la destination de l’opposant politique. Ce qui avait d’ailleurs fait parler beaucoup d’observateurs, particulièrement les avocats et proches de l’ex-prisonnier qui n’ont cessé de parler d’exil.

Reste à savoir si l’homme fort du Pds osera remettre les pieds à Dakar où les tenants du pouvoir l’ont toujours menacé de contrainte par corps.

Enquête

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