Les mouvements sociaux prennent de plus en plus de l’ampleur. Mais sont-ils tous animés d’un même objectif : transformer les conditions de vie des populations, un rôle que jouent aussi les partis politiques.
La tendance semble favorable, au cours de ces dernières années, à la mise sur pied de mouvements sociaux ou citoyens. Les derniers devant voir le jour sont le mouvement social annoncé par le guide religieux Serigne Mansour Sy Djamil qui a insisté sur ‘l’importance et l’urgence’ de créer ce mouvement social pour ‘catalyser des changements et mener une dynamique de transformation’.
Bien avant, le musicien Youssou Ndour a décidé ‘d’éveiller les consciences, faire des tournées pour aider à comprendre’. Et cela passera par la création d’un Mouvement social intitulé : ‘Féké massi bolé’ (l’occasion fait le larron) révèle le lead vocal du Super étoile. Puis s’en suivra, l’annonce de l’entrepreneur Bara Tall qui, depuis New York, lance l’idée de création d’un Mouvement en perspective de 2012. Et la liste est, certainement, loin d’être close.
Cette prolifération des mouvements sociaux s’explique-t-elle par un manque de confiance à l’endroit des partis politiques dont la plupart sont incapables à donner une impulsion d’ensemble, voire à reconstruire un projet porteur d’un compromis social ? Ou s’agit-il, simplement de groupes de pression soucieux de préserver une position sociale acquise ?
En tout cas, force est de constater que les partis politiques n’inspirent plus confiance et manquent de crédibilité, aux yeux de nombreux Sénégalais. La preuve par les dernières élections locales durant lesquelles la percée des mouvements sociaux ou citoyens a surpris plus d’un. Parce que, dans ce contexte de crise de leadership et de perte de crédibilité des partis, les populations semblent se rabattre sur les mouvements sociaux. Lesquels élaborent de plus en plus des modèles viables pour leurs revendications sociales, économiques… D’ailleurs, les signataires du Manifeste du Mouvement social lancé par Serigne Mansour Sy Djamil, estiment que ‘c’est un mouvement qui permet une mutualisation de l’ensemble des dynamiques et forces aptes à créer une transformation sociale qui manquait dans le landernau politique sénégalais en 2000’.
Analysant les raisons de la floraison de ces Mouvements, le sociologue Djiby Diakhaté que nous avons joint au téléphone, renvoie à la crise généralisée que connaît le pays. ‘Dans ce contexte de crise généralisée où la pauvreté a atteint des proportions élevées, la demande sociale devient de plus en plus pressante et les réponses jusque-là proposées sont largement en deçà des espoirs entretenus par les populations’. A cette situation de précarité dans laquelle est plongée la majorité des Sénégalais, s’oppose, selon le sociologue, ‘une opulence arrogante, à la limite provocatrice, de certains éléments qui contrôlent les espaces de pouvoir et les ressources’. Il s’y ajoute, poursuit-il, que ‘le discours politique est peu novateur et peu articulé, aux vraies préoccupations des populations. Pour beaucoup de Sénégalais, la politique signifie la ruse et est un raccourci pour accéder au pouvoir, à des ressources’. Il s’agit là, selon M. Diakhaté, des problèmes qui, dans un contexte de pré-élection, poussent certains acteurs à s’engager pour transformer les conditions de vie des Sénégalais.
Toutefois, certains observateurs font dans la prudence, quant à l’engagement réel de certains de ces acteurs qui, à leurs yeux, semblent beaucoup plus proches à des groupes de pression que de vrais acteurs qui s’engagent dans un combat pour l’amélioration des conditions de vie des populations.
Mais selon Djiby Diakhaté, pour l’essentiel, il s’agit d’acteurs crédibles qui ont fait leur preuve au niveau de l’espace public. Seulement, ajoute le sociologue, ‘il faut espérer que les principes auxquels ils disent être adossés, sous-tendent leur action jusqu’au bout’. Ce qui sera, sans nul doute, un espoir pour l’approfondissement de la démocratie et la prise en charge des vrais problèmes des populations.
Yakhya MASSALY
walf.sn
