Dire que le sexe fait vendre, est une réalité à la foire économique de la RDV. En effet, les vendeurs d’aphrodisiaques ont tiré grandement profit de cet évènement. Pris d’assaut par une clientèle de tout âge et de tout sexe, ils ont écoulé leurs produits en l’espace d’une semaine. Suffisant devant un tel engouement de poser à ces experts qui ont fait de bonnes affaires, la question suivante : les Sénégalais ont-ils des problèmes avec le sexe ?
Les rideaux sont tombés depuis hier sur la foire économique organisée par la RDV. Ainsi, pendant une semaine, des exposants venus de tous les coins de l’Afrique et du Sénégal, ont mis à la disposition des visiteurs divers produits. Le centre culturel Blaise Senghor, qui abritait cette foire, a été presque le lieu de convergence d’une bonne partie de la population dakaroise et même des autres régions. A notre arrivée sur les lieux, il était 11heures passées de quelques minutes et les exposants sommés de plier bagage (la foire a pris fin le 10 mai à minuit), sont en train de démonter les stands de fortune installés un peu partout dans ce temple de la culture. Quelques « récalcitrants » ont installé leur commerce à l’entrée du centre. Cette stratégie a apparemment porté ses fruits, comme en témoigne le « docteur » Alhadji Mahamane Alio Badage. Ce Nigérien, qui se dit spécialiste de diverses maladies, manque de sperme, impuissance sexuelle, maux de rein, ne cache pas sa joie. « Regardez ma table, j’ai épuisé tout mon stock, les Sénégalais aiment mon produit. Ce n’est pas surprenant, car ils soignent en moins de 72heures ». Enumérant la liste des différents produits et leurs effets sur l’organe « mâle », l’expert signale : « pour le manque de sperme, je conseille à mes patients de prendre « Mandal ». Il coûte 10.000francs et fait partie des produits les plus prisés. Le « Gualimé » (20.000Frs), augmente la taille du pénis et enfin le « Alihimasa », vendu à 10.000frs, soigne l’éjaculation précoce ». Avant qu’il ne finisse son discours, un vieil homme, de plus d’une soixantaine d’année, lui coupe la parole : « il a dit la vérité sur toute la ligne. Ces produits sont efficaces ». En moins de 20 minutes, plus de 4 patients sont venus vers ce Nigérien pour se procurer « une dose ». A quelques mètres de l’étal de notre interlocuteur, Sani Cissé, un tradipraticiens Sénégalais travaillant en collaboration avec un Nigérien, y a installé son commerce. Ce cinquantenaire, établi à Rufisque, est spécialisé dans le traitement de la faiblesse sexuelle, de l’impuissance sexuelle, de la régulation des règles, de l’éjaculation précoce et de la stérilité masculine et féminine. Magnifiant la bonté divine, il souhaite que « cette foire soit organisée deux fois par an ». « Vraiment, on dirait que tous les hommes Sénégalais ont des problèmes sexuels. Ils viennent en masse pour acheter nos produits ». Quand les jeunes s’en mêlent Après un petit tour dans les différents stands des « vendeurs d’aphrodisiaques », notre attention a été frappée par la forte présence des jeunes dans ses endroits. Abdoulaye Barry, un guérisseur témoigne : « Je n’ai pas été bien inspiré, sinon j’allais faire une comparaison entre les jeunes et les vieux, quelle est la tranche d’âge qui prend le plus les érotiques. Mais, la prise de ces produits n’est plus l’apanage des vieux. Les jeunes sont en train de leur damner le pion ». Moussa, tailleur de son état, ayant pignon sur rue au marché HLM, ne dira pas le contraire. En effet, venu se procurer du « Boutou », un produit destiné à augmenter le plaisir sexuel, il marchande. Avec sa bourse, il est pourtant prêt à débourser 18.000F pour acheter « ce médicament ». Interrogé, il refuse de s’épancher sur ce sujet : « avec le stress, les jeunes ne sont plus performants au lit, pour éviter de décevoir notre partenaire, nous sommes obligés de recourir à une autre force ». L’érotisme, une foire dans la foire La foire économique a été aussi un moment fort pour les vendeuses pour écouler leurs produits érotiques. Elles ont fait de bonnes affaires. Awa Amadou Barry est spécialisée dans la vente de l’encens. Elle étale une gamme de produits : Thiouraye-Tchad, Gap-Gap, Sarkhtane, Gawé-Niger, Oud, Sandal, Diguidiè-Niger, Abamaleum. Elle est envahie par une meute de femmes, dont Aminata Sall, une nouvelle mariée. Cette dernière, n’a d’yeux que pour « le Tchad ». Après un bref marchandage, elle sort de sa pochette la rondelette somme de 150.000frs pour acheter 3,5 kg de ce produit. Très ravie, elle affirme avoir passé par un découvert bancaire, dans l’unique but de maintenir son homme au foyer. « Après avoir donné à manger aux hommes il faut que toute la maison sente bon. C’est le meilleur conseil que je peux donner aux femmes ». Outre l’encens, des ceintures de perles et des « béthio » (petits pagnes) sont aussi vendus par les commerçantes, un arsenal pour tenir son homme. En effet, d’une manière générale, leurs activités ont été florissantes. D’ailleurs, à la fin de la foire, tous les exposants ont demandé, mais en vain, une prorogation de deux jours. C’est pour dire que les affaires ont été florissantes.
Par ABDOURAHMANE MBODJ
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