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Fonds Covid 19 pour les Arts et la Culture, selon l’écrivain Tafsir Ndické Diéye: “la chaîne de transmission est souvent grippée par …”

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XALIMANEWS- Le Fonds Convid 19 destiné aux Arts et à la Culture, à l’instar de celui concernant les kits alimentaires en faveur des couches les plus défavorisées du pays, fait des vagues. Quelle réflexion vous inspire une telle situation ?

– C’est un Fonds de résilience. J’ai peur de ce mot, surtout dans le contexte sénégalais où, même si cela émane de l’Etat, c’est-à-dire de ce qui appartient à tous, ceux qui sont chargés de son exécution et tous leurs intermédiaires ont souvent l’habitude de prendre les bénéficiaires comme des moins que rien, excusez-moi de l’expression utilisée. Nonobstant le fait de se servir en premier lieu, eux et leurs proches familles et amis, on note une manière méprisante de le distribuer devant les zooms des caméras des télévisions, des appareils photos etc. 

Je salue l’initiative. C’est toujours une bonne chose, pour un Etat, de venir en appui aux couches les plus défavorisées de son pays, surtout en période de pandémie. Cependant, aujourd’hui, avec toutes les possibilités de rapidité offertes par le système de transfert d’argent électronique à l’échelle nationale, notamment, la transparence et la sécurisation des fonds, je ne vois pas, pour quelle raison l’Etat s’est embarqué dans cette démarche consistant à commander des tonnes de riz, de sucre et des milliers de litres d’huile dans une cacophonie indescriptible. Je pense que l’honorable député Moustapha Diakhaté, qui n’est plus en fonction à l’Assemblée, l’avait très tôt suggéré. Je ne fais pas dans le jugement de valeur concernant les soupesons de passassions de marchés nébuleuses. Des voix plus éclairées se sont déjà saisi de cette question.

Concernant l’épicentre de votre question, à savoir le Fonds Covid 19 pour les Arts et la Culture, moi-même j’en ai reçu.

J’ai lu votre poste de remerciement sur votre page facebook où vous donnez même le montant reçu.

– C’est vrai. Ce poste dit ceci :

« De la belle ville de Saint Louis où je suis en résidence sabbatique depuis le 16 mars 2020, je viens de recevoir, par le biais du président de la Convention Nationale des Ecrivains et Editeurs du Sénégal, une enveloppe financière remise par la Direction du Livre et de la Lecture, dans le cadre du Fonds de résilience destiné aux Arts et à la Culture. En effet, le montant de 113207 F CFA vient de m’être envoyé, par Orange monnaie, par Pape Samba Badji. Je remercie l’Etat du Sénégal pour cette initiative visant à associer ses écrivains dans son élan de solidarité envers certains impactés de la Covid 19. Dieu merci, malgré les contraintes liées à cette pandémie, je ne me plains pas. Dieu est ma fortune. Plus que le montant, c’est le caractère symbolique du geste que je salue. C’est un honneur, et dans nos cultures, l’honneur ne se refuse pas. J’invite l’Etat du Sénégal à développer, davantage, une véritable politique d’achat de livre de ses écrivains. A mon humble avis, c’est le plus essentiel. Que Dieu nous protège ».

A chaque fois que l’Etat accomplit une action en direction de mon activité littéraire, je n’hésite jamais à le remercier à haute et intelligible voix. Depuis trois ans par exemple, quand je suis invité en dehors du pays dans une manifestation littéraire où le Sénégal est le pays à l’honneur, j’en informe le ministre de tutelle avant de demander au président de la république Macky Sall ou à son ministre du transport Omar Youm, la prise en charge de mon billet d’avion. J’ai toujours eu satisfaction. Toutefois, cela ne m’empêche jamais de dire mon opinion sur la marche du pays, sans complaisance, à chaque fois que je le juge opportune.

C’est rare de voir quelqu’un dire publiquement le montant de la somme reçue dans ses remerciements en direction de l’Etat. Il paraît que des écrivains ont reçu des montants très au dessus de ça. Comment expliquez-vous un tel déséquilibre ?

– Aminata Sophie disait qu’il ne faut pas s’acharner sur l’écrin en faisant tomber le trésor. Dans ce cas de figure, le trésor, ce n’est pas le montant de la somme d’argent reçu, c’est plutôt le beau geste de l’Etat ; c’est à saluer. Nous sommes dans un pays où la gestion clanique et nébuleuse n’épargne aucun secteur d’activité. La chaîne de transmission est souvent grippée par des schémas concoctés pour justifier des forfaits savamment orchestrés de manière à les présenter comme légaux.. Le Président de la république a du pain sur la planche, avec tous ces esprits très brillants en matière de recherche du gain facile.  J’avais cherché à connaître leur logique, pour mon information, par déformation, puisque je suis auteur de romans policiers. Le Directeur du Livre et de la Lecture m’a servi, comme explication alambiquée, l’usage, par la sous commission sous sa coordination, de l’argument, que je juge fallacieux, de « reconnaissance par les pairs » pour procéder à une catégorisation des écrivains. De l’arnaque intellectuelle qui ne dit pas son nom. Je lui avais servi cette réplique :

« Je ne discute pas la notion de « reconnaissance par les pairs » qui, à mon avis, n’est pas un baromètre sérieux dans le domaine qui nous concerne, surtout au Sénégal où, ces « pairs » dont on fait allusion ne sont, le plus souvent, que des écrivains et leurs bras armés organisés en lobby pour bonifier leurs inconditionnels et ignorer royalement ceux qui décident d’accomplir leur mission d’écrivain, avec engagement et honnêteté, loin d’un suivisme dégradant nuisible à une production littéraire innovante et de qualité… » En effet, on ne peut pas être juge et partie. L’unique baromètre sérieux de l’écrivain, c’est son lectorat.  Ce lectorat transcende le temps et traverse l’espace, vu que le livre détient son destin propre.

Vous ne vous reconnaissez donc pas dans son argumentaire ?

– Pas du tout. Lorsqu’on a publié cinq romans policiers et trois recueils de poèmes entre Abidjan, Lyon, Paris et Québec auprès d’éditeurs reconnus, des ouvrages vendus en format papier et en format numérique par les meilleurs diffuseurs de ce monde à l’heure actuelle, Fnac, Amazon, Leslibrairies.fr, la Librairie Gallimard  entre autres et, référencés à la Bibliothèque et Archives du Canada, à la Bibliothèque nationale de Côte d’Ivoire et à la Bibliothèque nationale de France, reçu des honneurs à Lyon, dans la région Auvergne Rhône Alpes en France, au Tchad, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, travaillé avec un éminent peintre martiniquais dans le cadre d’un projet artistique et humaniste dénommé Portrait sans visage, en compagnie du Goncourt Patrick Chamoiseau et d’autres écrivains de la Palestine, de Djibouti, de France etc., c’est parce qu’on a blanchi sous le harnais. Pareilles grimaces de guignols qui se prennent pour le centre du monde de la littérature sénégalaise ne pourront jamais me convaincre. J’ai dit au Directeur du Livre et de la Lecture : «  Je vous concède, votre mode de classification qui n’existe, au risque de me tromper, qu’au Sénégal et, pour des raisons nébuleuses…Veuillez à l’avenir m’enlever de votre registre, il ne m’a pas convaincu. C’est mon droit de vous le demander, désormais, ignorez mon existence en tant qu’écrivain, s’il vous plaît ; cela n’influencera en rien la bonne marche de mon travail au Sénégal et dans le reste du monde. » Je n’accorde aucune crédibilité à ces « pairs ». Pourtant, il existe dans ce pays d’éminents écrivains sérieux, honnêtes et très ouverts d’esprit ; malheureusement, parce qu’ils rassemblent ces qualités, ils ne sont mêlés à rien.

Comment faire pour redresser la barre dans le domaine qui vous concerne ?

– Il faut laisser à ceux qui courent derrière l’argent frauduleux et les honneurs préfabriqués entre copains et leurs protégés, le soin de le faire et, encourager ceux qui sont dans la création littéraire à toujours rechercher l’excellence dans leur travail. « Le livre s’affranchit des frontières et des continents », pour paraphraser Ilé Axé du Brésil qui disait que la musique s’affranchit des frontières et des continents. C’est tonton Doudou Ndiaye Rose qui me l’avait cité un jour, alors que je rédigeais sa biographie, en 2005. Le milieux du livre, au Sénégal, est miné par des courtiers  atypiques, solidement présents et, qui savent défendre leurs intérêts insolites, sans être trop regardant sur les voies et moyens pour arriver à leur fin et assouvir la faim de leur panse, véritable tonneau de Danaïdes. Relisez l’article du journaliste écrivain, ancien ministre de la culture et actuel ministre porte parole de la présidence de la république paru récemment dans Xalima.com, sur la situation du Fonds d’appui à l’édition, il nous parle de cinquantaines et de soixantaines de millions remis à des éditeurs sans que ces derniers ne produisent un seul exemplaire de livre. C’est horrible, cela mérite une audite sérieuse de la part des instances habilitées à le faire, au nom de la gestion sobre et vertueuse dont parle ce régime ; encore une fois, le président Macky Sall a véritablement du pain sur la planche. Quand l’Etat dégage un budget assez élevé pour booster l’édition, il doit aussi mettre en place les mécanismes qui garantissent son utilisation transparente et équitable en faveur du livre et de tous les acteurs de la chaîne du livre, à commencer par les écrivains qui écrivent et publient. Si l’Etat ne le fait pas, c’est comme s’il accordait, à dessein, ce Fonds, comme un gâteau chocolaté, à un groupuscule d’écrivains-éditeurs, au comportement inquiétant, au détriment d’un véritable appui à une bonne politique du livre et de la lecture ; aucun Etat n’a le droit d’enrichir illicitement, avec les deniers publics, une quelconque oligarchie.  D’ailleurs j’ai saisi un éminent journaliste d’investigation de ce pays et un défenseur chevronné de la gestion transparente de nos deniers publics sur cette affaire soulevée par l’ancien ministre Abdou Latif Coulibaly et qu’on a tendance à vouloir ranger aux oubliettes ; on oublie que c’est un ancien ministre de la culture et actuel ministre porte parole de la présidence de la République qui fait cette révélation renversante. C’est une nébuleuse qui mérite de recevoir l’éclairage de ces professionnels de la lutte en faveur de la bonne gouvernance. 

Je crois avoir mieux compris ce déséquilibre dans le traitement de ce Fonds Covid 19 alloué au secteur des Arts et de la Culture, ailleurs aussi, le brouhaha existe.

– J’ai constaté ce bruissement comme vous. La Covid 19, on dirait qu’elle est venue dans ce monde pour rééquilibrer beaucoup de chose. Dommage qu’on ne retient que son caractéristique mortel que nous déplorons tous. Beaucoup de masques sont en train de tomber ici et dans le reste du monde. Je n’aime pas l’injustice et, malheureusement, elle devient de plus en plus la règle partout. Les acteurs culturels peuvent se battre pour le principe d’équité dans le traitement de ce Fonds Covid 19 cependant, qu’ils n’oublient pas l’essentiel : « Il ne faut pas s’acharner sur l’écrin en faisant tomber le trésor. » Pour reprendre Aminata Sophie DIEYE. Dans ce cas de figure, le trésor, ce n’est pas le montant de la somme d’argent, c’est surtout le beau geste de l’Etat et, c’est à saluer.

Je comprends mieux ce déséquilibre dans le traitement de ce Fonds, ailleurs aussi, le brouhaha existe.

– J’ai constaté ce bruissement comme vous. La Covid 19, on dirait qu’elle est venue dans ce monde pour rééquilibrer beaucoup de chose. Dommage qu’on ne retient que son caractéristique mortel que nous déplorons tous. Beaucoup de masques sont en train de tomber ici et dans le reste du monde. Je n’aime pas l’injustice et, malheureusement, elle devient de plus en plus la règle partout. Les acteurs culturels peuvent se battre pour le principe d’équité et de transparence dans le traitement de ce Fonds Covid 19. Toutefois, qu’ils n’oublient pas l’essentiel : « Il ne faut pas s’acharner sur l’écrin en faisant tomber le trésor. » Pour reprendre Aminata Sophie DIEYE. Dans ce cas de figure, le trésor, ce n’est pas le montant de la somme d’argent, c’est surtout le beau geste de l’Etat et, c’est à saluer. Que des intermédiaires soient malintentionnés n’y change rien.

Votre prochaine publication ?

– Un polar intitulé Banquet des Grands Bandits, incha Allah.

Par Xalima

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