XALIMANEWS-Devenus des joueurs de classes mondiales et partenaires de clubs avec des succès retentissants dont la Ligue des Champions et la Supercoupe d’Europe, Édouard Lendy le Sénégalais et Ngolo Kanté le Français, ont eu à galèrer Ces 2 joueurs se sont croisés en 3ème division française, alignés sur les bancs des remplaçants. Retour sur ce passé révisité par Goal.
D’après le média, un certain Mardi 8 janvier 2013, l’AS Cherbourg reçevait l’US Boulogne CO en match en retard de la 17e journée du National, en présence de 880 spectateurs au stade Maurice-Postaire. Sur les bancs de touche des 2 formations, se tenaient places, deux futures stars du football mondial, Edouard Mendy sur celui de l’AS Cherbourg et N’Golo Kanté sur celui de l’USBCO.
« C’était un match en semaine et je l’avais fait jouer plus haut justement pour lui faire un petit peu ressentir tout ce qui était dans la dernière passe et lui faire marquer des buts, se souvient Georges Tournay, alors entraîneurs des Nordistes. On avait joué dans un système en 4-4-2 et N’Golo s’est retrouvé dans le dernier quart d’heure dans deux situations de marquer un but de la tête et il a plus été surpris qu’autre chose de se retrouver dans une telle position parce qu’en général, il joue beaucoup plus bas. » Rapporte Georges Tournay alors entraîneurs des Nordistes, à propos du champion du monde 2018 avec la France.
Le technicien venait du Racing Club de Lens où il avait formé Raphaël Varane, Geoffrey Kondogbia ou encore Serge Aurier. Quand Tournay arrive à Boulogne-sur-Mer au début de la saison 2012-2013, le club venait d’être relégué en National, en échappant de peu à une relégation administrative en CFA et avait des ambitions de remontée immédiate malgré le départ de nombreux joueurs, rapporte Goal.
« Mais on ne m’avait pas dit qu’il y avait un joueur particulier qui sortait du lot. A l’époque, N’Golo avait un tout petit contrat amateur. C’est Bruno Dupuis qui l’avait fait venir au club, avec Jean-Pierre Perrinelle qui est malheureusement décédé. Durant les deux premiers matchs amicaux, il n’a pas sorti la tête de l’eau. Mais lors du 3e match amical, contre une première division belge, j’ai vu un garçon qui était très à l’aise aussi bien dans le pressing que dans le jeu court. » Se remémore le formateur.
N’Golo Kanté va devenir titulaire indiscutable en surprenant son coach : « Non seulement il courrait vite, mais il avait un gros volume de jeu, les deux qualités athlétiques suprêmes. En plus, techniquement, dans tout ce qui était jeu court il était très bon parce qu’il était très tonique. » Rappelle le technicien.
L’international Français, qui n’est jamais passé par les centres de formation a fait une seule saison en National, enchaînant les performances avec humilité et modestie, se faisant discret. « On ne connaissait pas le son de sa voix, se souvient son coach d’alors. Un jour, il est venu me voir dans mon bureau et je lui ai dit : « je sais ce qu’est ton contrat actuellement, on va revoir ça avec le président ». Et lui ne demandait absolument rien alors qu’il gagnait une misère. »
Son ancien partenaire Mohamed Chemlal se souvient de la timidité et de la discrétion de son coéquipier : « Pour aller au centre d’entraînement, il avait toujours pour habitude de se mettre au pied de la longue pente qui menait au centre d’entraînement pour espérer que des joueurs le voient et le récupèrent car il n’était pas véhiculé. Il a même commencé à venir en trottinette. Il ne demandait à personne de venir chez lui pour l’emmener à l’entraînement. Et même après, il ne demandait à personne de le ramener. »
Lors du match retour le 4 mai 2013, les deux équipes étaient toujours à la lutte pour le maintien, à quatre journées de la fin du championnat. Edouard Mendy est encore remplaçant tandis que Kanté débutait bien titulaire. « Moi j’étais numéro 10 et il était derrière moi. Il ratissait tous les ballons, jouait simple », se rappelle son ex coéquipier Chemlal. Lors de ce choc ponctué de carton rouge de chaque côté, N’Golo va inscrire le dernier but de la victoire (2-0), qui condamné Cherbourg en CFA et propulser Édouard Mendy sur le devant de la scène.
Ce dernier, arrivé à Cherbourg un an plutôt (2011-2012), joue d’abord avec la réserve reste en concurrence pour la place de numéro 2. « Il sortait du Havre, où il n’avait pas été conservé. On était à la recherche d’un gardien n°3. Il avait contacté le club car ce n’était pas très loin de chez lui, avant de venir faire un essai. Quand on l’a vu, on lui a dit oui tout de suite. Il est passé numéro 2 au bout de trois mois », raconte son entraîneur d’alors Jean-Marie Huriez.
Profitant d’une blessure du titulaire au poste de gardien, Simon Lugier, le meilleur gardien du monde (saison 2021-2022) va jouer ses premiers matches de National en mars 2012. La saison suivante, Edouard Mendy patiente dans l’ombre du numéro 1 mais après la défaite contre Boulogne-sur-Mer et la relégation actée, il démarre les trois derniers matches du championnat.
Trois prestations qui vont le révéler au grand public : après une victoire face à Vannes, Cherbourg s’impose à Metz, qui vient de valider son billet pour la Ligue 2, après que Mendy a écœuré les attaquants adverses. Après le match, Mickaël Ménétrier, entraîneur des gardiens de la réserve messine vient saluer son pote Jean-Marie Huriez avec qui il a joué à Cherbourg et lui dit : « Ton gardien, c’est un phénomène ».
« Au départ, il devait améliorer son jeu au pied mais dans les sorties aériennes il était très performant, sur sa ligne il était très performant. Dans le vestiaire, il était introverti mais sur le terrain il était très directif pour ses défenseurs et ses milieux. Il faisait voir à tout le monde qu’il ne voulait pas prendre de buts », se rappelle le technicien de Cherbourg à propos des derniers matches en National du futur gardien rémois.
Et dire que quelques années plus tard, ces inconnus qui galéraient dans les clubs de seconde zone, sont devenus champion du monde 2018 pour le Français Ngolo Kanté et champion d’Afrique 2022 pour Edouard Mendy le Francais, en plus d’avoir remporter ensemble dans le même club Chelsea, la coupe aux grandes oreilles. Comme parfois, le destin est imprévisible, faut juste vivre sa passion.