« Force Covid-19 » : les mauvais choix du Sénégal(Par El Malick Ndiaye Montréal)

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La pandémie du coronavirus est train de révéler la faiblesse du filet de sécurité sociale au Sénégal supporté par la parenté, le voisinage et l’aumône. Si en plus l’État organise mal sa réponse face à la crise, les conséquences risquent d’être désastreuses pour les plus vulnérables mais aussi les acteurs du secteur informel. Trois mesures pourraient atténuer ces impacts :
Un soutien financier à la place d’une aide alimentaire : avec l’enveloppe de 69 milliards, l’État aurait pu soutenir 1.280.000 ménages par transfert d’argent de 50.000 FCFA (69.000.000.000/50.000 = 1.280.000) plus que le nombre retenu par l’aide alimentaire du gouvernement. D’aucuns pourraient penser que cet argent servirait à d’autres fins et non aux besoins alimentaires des familles. Et c’est cette fausse idée qui semble guider l’état pour le choix de l’aide alimentaire mais il faut arrêter d’infantiliser et de déresponsabiliser les populations. Le gouvernement aurait pu s’épargner les suspicions actuelles de corruption et de favoritisme en optant pour le soutien financier par transfert d’argent qui est plus rapide, plus efficient et plus transparent. Les collectivités locales étant proches des populations vont appuyer le soutien financier par la distribution d’aide alimentaire comme l’ont déjà fait par exemple les mairies de Dakar, Mermoz Sacré-Cœur et Marsassoum ;
Une baisse du prix du carburant et de l’électricité : le 29 juin 2019 l’État décidait une augmentation des prix du carburant et celui de l’électricité sous prétexte de la hausse du baril du pétrole. Depuis février 2020, on observe une chute vertigineuse du prix de baril de pétrole passant de 71$ en juin 2019 à 23$ le 15 avril 2020 (3 fois moins entre les 2 dates). Qu’est-ce qui justifie le maintien des prix actuels du carburant au Sénégal ? Où va cette énorme manne financière ? Pour exemple, quand le litre d’essence est à 0,80$ (330FCFA) au Québec, il est de 775FCFA ce 15 avril ;
L’État doit supporter les coûts de ses mesures pour freiner la propagation du virus : limiter de moitié les capacités de charge des transports collectifs et ne pas les compenser est une manière de les appauvrir. Ces transports ne trouvent pas mieux que de doubler les tarifs ou sectionner les trajets pour réduire leurs pertes. Quand Senelec et Sen’eau demandent aux clients de payer leurs factures par transfert d’argent à leurs frais, on frise le scandale. C’est comme si les mesures barrière sont au frais des populations sans qu’aucune association consumériste (ex. Ascosen ) ou de la société civile ne pipe mot.
Le président Macky Sall a réussi à fédérer les énergies de la nation autour de la « Force Covid-19 », à interdire les licenciements de travailleurs ou expulsion de locataires mais il tarde à assumer les coûts de ses mesures et montrer plus de compassion pour les sénégalais. Malheureusement, le drame du Sénégal et de l’Afrique en général reste encore que nos dirigeants ne renoncent jamais à leurs privilèges pour améliorer le sort de leurs populations. « NIAKH BADOLO MOY SIIM THIÉRÉ BUUR ».
EL MALICK NDIAYE
MONTRÉAL, CANADA

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