Force Militaire Ouest-Africaine: La CEDEAO se dote d’une nouvelle «arme » anti-putsch

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La Communauté économique des États de l’Afrique de
l’Ouest (CEDEAO) entend se doter d’une force mili-
taire anti-terroriste et anti-coup d’État. L’annonce a
été faite dimanche 4 décembre à l’issue du sommet des chefs d’État de l’organisation, à Abuja. Néanmoins, cette force ouest-africaine risque de se heurter à certaines contraintes liées à sa composition, à son financement mais aussi à son mode de fonctionnement face aux juntes militaires en Guinée Conakry, Mali et Burkina Faso

Les chefs d’Etat ouest africains sont bien décidés de partir en guerre contre les coups d’Etat dans la sous région. Lors de la dernière réunion de la Communauté
économique des états de l’Afrique de l’Ouest, les présidents ouest-africains entendentse doter d’une
force militaire anti-terroriste et anti-coup d’état. L’annonce a été faite dimanche 4 décembre à l’issue du sommet des chefs d’état de l’organisation, à Abuja. La création de cette force de stabilisation doit permettre de lutter contre l’insécurité dans la sous-région. Les
chefs d’Etat major des pays de la CEDEAO devraient se réunir dans la deuxième moitié de janvier 2023 afin de discuter des modalités de recrutement, d’encadrement des troupes devant servi dans cette force. Les chefs d’Etat comptent financer les troupes avec des fonds propres. Omar Alieu Touray, le président de la commission de la CEDEAO, a déclaré au micro de nos confrères de RFI : « Pour cette force-là [la nouvelle force de la CEDEAO, NDLR], les chefs d’État ont décidé de ne
pas dépendre des financements volontaires, car jusqu’à maintenant, nous avons vu que les financements volontaires ne viennent jamais. Nous allons regarder comment financer la force avec nos propres moyens », affirme-t-il.
La poussée djihadiste dans le nord du Mali en 2012 a démontré les carences de l’organisation sous régionale dans ce domaine. L’organisation ouest-africaine
envisageait déjà de mobiliser une force régionale. Mais la réflexion ne s’était jamais concrétisée et le
Mali avait dû solliciter l’armée française – l’opération Serval – puis la Misma de l’Union africaine, devenue Minusma lorsque les Nations unies ont pris le relais. Pour Niagalé Bagayoko, présidente du Réseau africain pour le secteur de la sécurité (African Security Sector
Network), « cela va poser des difficultés institutionnelles ». Elle s’interroge aussi sur la question des moyens : « Est-ce que les lacunes d’équipements et de logistique, qui ont très largement été à l’origine de son incapacité à se déployer au Mali en 2012, ont été résolues ? ».
Les limitesfinancières et opérationnelles d’une force ouest-africaine
La question d’une force militaire ouest-africaine est un vieux serpent de mer. En mai 2003, le Comité de sécurité de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest crée une force militaire de réaction rapide, afin de remédier aux conflits dans la région. Il est alors question pour chaque pays membre, de mettre à disposition de cette force, une brigade d’environ 500
hommes, formés aux opérations de maintien de la paix, ainsi que des policiers et du personnel civil.
Malheureusement, l’absence de financements rend difficile la mise sur pied de cette force.

Par ailleurs, la constitution de cette nouvelle force pose la question du maintien de l’Economic Community of West African States Ceasefire Monitoring Group ECO-
MOG (Brigade de surveillance du cessez-le-feu de la CEDEAO), la force armée de la CEDEAO créée en 1999. Une force qui avait pour objectifs : la supervision des cessez-le-feu, le maintien de la paix à l’instar des casques bleus des Nations unies, le déploiement préventif dans des zones de conflits ou encore le désarmement des forces armées non-régulières. Dès
sa création, l’ECOMOG est dirigé par le Nigeria est intervenue à plusieurs reprises dans divers conflits
(Liberia en 1999, Côte d’Ivoire 2003). En 2004, l’ECOMOG est remplacée par la force en attente de la CEDEAO (FAC). Cette force composée de militaires, policiers et civils sera déployée entre 2012 et 2020 en Guinée Bissau afin de sécuriser la transition démocra- tique dans le pays. Mouhamadou Lamine Bara Lo
expert des questions de sécurité : « Les coups d’Etat qui ont eu lieu récemment en Afrique de l’ouest
(Ndlr : Mali, Guinée et Burkina Faso) bénéficient d’un fortsoutien populaire ce qui rend difficile toute intervention étrangère » Selon plusieurs spécialistes, cette volonté des chefs d’Etat de lutter contre les Coups d’Etat ne doit pas faire oublier la responsa- bilité des dirigeants dansla préser- vation de l’Etat de Droit et le
respect des règles démocratiques qui constituent les meilleurs moyens d’assurer la pérennité des Etats démocratiques dans notre sous-région. D’après Mouhama- dou Lamine Bara Lo expert des
questions de politique étrangère, de sécurité et de paix, cette force pose problème au niveau opéra- tionnel mais aussi politique. « Les coups d’Etat qui ont eu lieu récem- ment en Afrique de l’ouest (Ndlr : Mali, Guinée et Burkina Faso béné- ficient d’un fort soutien populaire
ce qui rend difficile toute interven- tion étrangère. Au niveau opéra- tionnel déployer une force militaire dans un paysface aux forces de sé- curité locales peut très probléma- tique », soutient-il. Cette force anti-terroriste répond à une forte demande des populations ouest
africaines mais elle doitsurmonter l’interopérabilité et de professionnalisation des armées et des finances et des moyens matériels des armées. Toujours selon Mou-
hamadou Lo, la CEDEAO est victime d’une certaine perception populaire qui en fait un cartel de chefs d’Etat plus soucieux de pérenniser le pouvoir de leurs pairs
que lutter contre le péril djihadiste. Des pouvoirs à l’instar de celui de l’ex président guinéen Alpha Condé et le président ivoirien Alassane Ouattara accusés d’avoir perpétré des coups d’Etat constitutionnels pourse maintenir au pouvoir au détriment de leur peuple semant au passage les graines d’un coup d’Etat militaire

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