Franc-maçonnerie, obscurantisme, éducation. Et Macky dans tout ça ? (Par Bathie Ngoye Thiam)

Quelque chose de très grave se passe au Sénégal et on n’y prête pas attention ou on ne veut pas le voir. Avons-nous la mémoire si courte ?

Fin janvier-début février 2018, le débat sur la franc-maçonnerie était très animé. Le mouvement « Non à la franc-maçonnerie, non à l’homosexualité » et une bonne partie de l’opinion publique s’étaient farouchement opposés à la tenue au King Fadh Palace d’une grande rencontre maçonnique qui, finalement, n’a pas eu lieu, du moins officiellement. Mais, malgré tout le tollé qu’elle avait provoqué et les troubles à l’ordre public qui allaient s’ensuivre si elle avait eu lieu, le président de la République si prompt à siffler la fin de la récréation n’avait pas lâché un mot.

On avait aussi beaucoup glosé sur la venue de Rihanna qui n’était pas là pour la musique, mais en tant qu’ambassadrice mondiale pour l’éducation. Qui l’a nommée, sur quels critères et à quels fins ? Allez donc savoir. Pourquoi pas Ouzin Keita ou Yaawu Jaal ambassadeur pour les nouvelles technologies ? Rihanna est mondialement qualifiée de sataniste et les symboles sataniques parsemés dans ses clips ne contredisent pas ses accusateurs. Sa venue, en même temps que Macron, au moment où les francs-maçons annonçaient une rencontre à Dakar, ne pouvait manquer de susciter une certaine inquiétude.

La franc-maçonnerie est une religion satanique déterminée à détruire toute croyance en Dieu. Citons Serge Abad Gallardo qui y a passé 24 ans : « La franc-maçonnerie est luciférienne. Tous les satanistes sont francs-maçons. Aleister Crowly était sataniste et franc-maçon, Albert Pike l’était également. Pour lui, la religion maçonnique est la religion luciférienne par excellence ». Evidemment, on ne vous dit pas cela quand vous y entrez. On vous fait croire qu’il s’agit juste de rencontres pour échanger des idées, mais avec d’étranges rituels. Et vous devez jurer que si vous révélez un seul des secrets de la franc-maçonnerie, vous acceptez d’avoir la langue tranchée, la gorge coupée. C’est déjà suspect. Puis, on vous initie de grade en grade, comme dans l’armée, jusqu’à faire de vous un général de Lucifer. Serge Abad Gallardo confesse que dans la franc-maçonnerie, il servait Lucifer sans le savoir. Celui qui t’a tendu un piège, ne te le dit pas et ne te le montre pas. C’est quand tu tombes dedans que tu t’en rends compte. Lucifer est présenté comme le porteur de lumière, l’être suprême, le grand architecte de l’univers. En vérité c’est Le Malin, le Démon, le Diable, Cheytan, Iblis, Satan.

Dans chaque pays où elle implante ses loges, la franc-maçonnerie cherche à prendre le pouvoir pour dicter ses lois. Comme l’explique Philipe Poncard d’Assac, auteur de plusieurs ouvrages sur la Maçonnerie, la tactique se résume en trois points : infiltration, neutralisation, déviation. Elle s’est infiltrée dans la plupart des gouvernements, notamment en Europe, en Amérique et en Afrique. Et cela ne date pas d’hier. Sous la IIIème république en France, un politicien sur deux était franc-maçon. Aujourd’hui, l’Afrique est sans doute le continent où il y a le plus de dirigeants francs-maçons car il y a dans la franc-maçonnerie ceux qu’on appelle « des idiots utiles ». Ils font ce qu’on leur ordonne sans chercher à comprendre, n’hésitant pas à sacrifier leurs peuples. Certains chefs d’Etat sont de « grands maitres », l’équivalent d’imans dans la franc-maçonnerie. Nos amis les Bongo sont parmi les plus notoires. Eux, ne le cachent pas du tout. Au Sénégal, on veut se persuader que personne n’est franc-maçon et on parle de « mándute ». Pourquoi donc y a-t-il tant de loges maçonniques ? Pourquoi la Grande Loge Mixe d’Afrique veut-elle organiser sa grande rencontre à Dakar ? Euh ! Le « mándu » va mener ce pays à sa perte.

Obscurantisme et éducation.

Les francs-maçons estiment qu’ils sont dans la Vraie Lumière, celle de Lucifer, et que les croyants en Dieu sont dans l’obscurantisme. Avec le terrorisme dit « islamiste », l’obscurantisme est devenu l’exclusivité de l’islam, le christianisme étant déjà gravement affaibli. A Dakar, Macron a dit : « Face au risque de l’obscurantisme, du fondamentalisme, de la guerre, de voir les filles enlevées de l’espace public, la seule réponse à toutes ces régressions, c’est l’éducation. » Certains ont cru que par éducation, il voulait dire alphabétisation, accès aux connaissances qu’on cherche à l’école. Avant sa venue, une télévision française avait fat un reportage montrant des élèves sénégalais dans un abri provisoire. Des conditions affligeantes. Ndeysaan ! Le peuple français ne pouvait rester insensible. Il fallait rassembler des sous pour aider ces pauvres gamins ! Beaucoup de Sénégalais ne pensaient qu’à ces milliards dont ils n’ont pas encore vu la couleur et disaient : « Macron et Rihanna viennent nous donner de l’argent pour l’éducation nationale qui en a grand besoin, donc c’est bien. » N’y a-t-il pas un budget pour l’éducation ?

Puis, quand Macron est parti inaugurer le Louvre d’Abu Dhabi, aux Emirats arabes unis où j’imagine que les élèves ne sont pas dans des abris provisoires, il avait aussi dénoncé l’obscurantisme et avait qualifié ce Louvre conçu par un architecte français de « musée du désert et de la lumière ». Il s’en fout des conditions dans lesquelles nos enfants étudient, ce qui compte, c’est ce qu’on met dans leurs têtes. Les grèves, les années blanches, tout ça ne l’intéresse pas. D’ailleurs au Burkina Faso, il a répondu à une étudiante qui l’interpellait sur les coupures d’électricité : « Moi, je ne veux pas m’occuper de l’électricité dans les universités au Burkina Faso ! C’est le travail du président. » Au Sénégal, il avait tourné Macky en dérision en demandant à un élève, à Saint-Louis, je crois : « Depuis quand êtes-vous 25 dans cette salle de classe ? » Le garçon avait répondu : « Trois jours. »

Lors de la conférence de financement du Partenariat mondial pour l’éducation coprésidée par les présidents Macky Sall et Emmanuel Macron, il y avait plusieurs chefs d’État africains, mais les vedettes étaient incontestablement Rihanna et Youssou Ndour. Les élèves et étudiants n’avaient d’yeux que pour eux or aucun des deux n’a fini ses études secondaires. Cherchez l’erreur. Et quelques jours après, Youssou était à Kaolack comme parrain de la journée de l’Éducation. Waaw ! Là, il a conseillé aux jeunes de s’inspirer de Serigne Mboup, patron du groupe Ccbm, et de lui-même. Il a souligné que tous deux ont abandonné l’école, l’un  pour le « daara », l’autre pour la musique et ils ont des employés bardés de diplômes universitaires. Quel pied de nez !

Les francs-maçons s’intéressent particulièrement à l’éducation car elle leur permet, avouent-ils, de formater la jeunesse. Jadis en France, l’Église s’occupait de l’éducation, y donnant une place à Dieu. De grands érudits, dans tous les domaines, ont été formés par l’Eglise. Puis, au bout d’âpres et longs combats, la franc-maçonnerie imposa l’Education républicaine, c’est-à-dire l’école laïque, « l’éducation sans Dieu ». La théorie de l’évolution, le Big Bang… Rien après la mort. La Bible et le Coran, des contes d’anciens. Quand on n’apprend que cela, on ne peut pas croire en Dieu. En France, l’école républicaine est obligatoire. De plus, on formate les enfants dès leur plus bas âge pour les emmener à la lumière de Lucifer avant qu’ils ne subissent des influences obscurantistes. Macron veut rendre l’école maternelle obligatoire à trois (3) ans. Il y a encore des écoles religieuses, mais la laïcité ferme progressivement celles qui ne lui conviennent pas.

Homosexualité et éducation sexuelle à l’école.

Réprouvée par les religions monothéistes, l’homosexualité est aujourd’hui bien défendue et bien mise en valeur. Etre contre, c’est de l’obscurantisme. Macky a expliqué à Obama que les Sénégalais ne sont pas encore prêts… Comment les préparer ? Avec l’éducation, pardi ! En Occident, des livres pour enfants font la promotion de l’homosexualité. A l’âge où les garçons jouent entre eux et les filles entre elles, on leur inculque que l’homosexualité est tout à fait naturelle et qu’on doit suivre ses pulsions. Au Mali, des croyants ont réussi à obtenir la suspension d’un projet de manuel scolaire valorisant l’homosexualité. L’iman Mahmoud Dicko, ancien professeur d’arabe, donc pas analphabète du tout, « mais dans l’obscurantisme », a dit ceci sur ce manuel : « On y parle d’orientation sexuelle avec une tendance à faire admettre l’homosexualité comme une valeur. Elle peut être une valeur pour d’autres mais elle n’en est pas une pour nous, et nous ne voulons pas qu’on nous l’impose ». Fulla, waay ! Les Sénégalais ont intérêt à bien examiner les nouveaux manuels scolaires qui ne manqueront pas de débarquer si Macky reste au pouvoir ou si quelqu’un comme lui est élu. La vigilance doit être de rigueur car les adorateurs du Malin ne lâchent jamais leur combat. Quand ils reculent, c’est pour mieux sauter. Vous les faites sortir par la porte, ils essaient de rentrer par la fenêtre. Macky veut instaurer de nouveaux droits. Lesquels ? Il n’est pas pressé de le dire.

Aujourd’hui en Occident, les couples d’homosexuels sont en vogue. Des enfants adoptés ou engendrés par un ou une des partenaires se retrouvent avec deux papas ou deux mamans. A la place de « père » et « mère », on dira désormais « parent 1 » et « parent 2 ». Et après l’homosexualité, c’est la théorie du genre qu’on incruste dans la tête des enfants. En bref, jusqu’à sa maturité, l’enfant ne sait pas s’il est un garçon ou une fille. Il lui faudra choisir. Par exemple, vous demandez au petit Mandiaye : « Es-tu un garçon ou une fille ? », il répond : « Je ne le sais pas encore. Je déciderai à tel âge. » Pour ne pas entrer dans les détails, j’invite les lecteurs à regarder quelques vidéos de Farida Belghoul, brave opposante à la théorie du genre à l’école. Mère de famille et enseignante, elle sait de quoi elle parle. Au Sénégal, il y a un ministère qui s’occupe du Genre. De quel « genre » s’agit-il ? Mystère et boule de gomme.

La position des Sénégalais est claire. Devant leur détermination, le préfet de Dakar avait interdit les rassemblements des organisations d’obédience maçonnique. On avait naïvement et hâtivement crié victoire. Trois mois plus tard, le calme revenu, le même préfet a fait une volte-face prodigieuse. Les francs-maçons ont dorénavant l’autorisation d’organiser leurs rencontres. Que s’était-il passé entre temps ? La loi sur le parrainage adoptée le jeudi 19 avril 2018, malgré les vives contestations de l’opposition et de la société civile. On craignait un bain de sang, mais deux jours auparavant Macky était précipitamment parti à Paris pour une visite privée, une fuite, du tourisme ou des rencontres secrètes, après avoir apparemment donné des consignes fermes. Il suffisait à un opposant de sortir de chez lui pour être gazé ou jeté dans une fourgonnette ou les deux. La loi sur le parrainage est passée comme une lettre à la poste. Macky vit l’efficacité de ses forces de répression. Juste après son retour de France, le préfet a fait du « wax, waxeet ». Plus rien ne doit perturber les rassemblements maçonniques. Tout citoyen ordinaire qui protestera sera gazé et jeté dans une fourgonnette, privé de liberté jusqu’à la fin de la rencontre.

Il fut un temps où les petits Africains disaient « Nos ancêtres les Gaulois ». Si les Sénégalais chrétiens et les musulmans, et surtout leurs guides religieux, ne se dressent pas résolument contre la franc-maçonnerie, leurs enfants diront dans quelques décennies : « Lucifer, notre Seigneur ! » Et cela se fera par l’éducation.

Ah ! Si Serigne Abdou Aziz Sy Dabakh était encore là !

Bathie Ngoye Thiam