Après un échange avec Olaf Scholz, Emmanuel Macron a défendu ce lundi 5 septembre une réponse européenne à la crise actuelle de l’énergie. Il se prononce notamment pour une réforme du prix de l’électricité et ouvre la porte à une contribution financière exceptionnelle de certaines entreprises du secteur.
À la suite d’un entretien en visioconférence avec le chancelier allemand Olaf Scholz, consacré à la situation énergétique en Europe, le président français a tenu une conférence de presse à l’Élysée ce lundi. Il y a annoncé que la France allait augmenter ses capacités d’exportation de gaz vers l’Allemagne et que cette dernière avait accepté de livrer de l’électricité à la France en cas de besoin.
À l’échelon européen, « nous sommes favorables à des pratiques d’achat commun du gaz », a expliqué le chef de l’État lors d’une conférence de presse. En outre, « si la Commission venait à décider de mettre un plafond au prix du gaz acheté à travers les gazoducs à la Russie, la France soutiendrait une telle mesure », a-t-il ajouté.
Il a par ailleurs défendu le principe d’un « mécanisme de contribution européenne » des opérateurs énergétiques « dont les coûts de production sont très inférieurs au prix de vente sur le marché », évoquant « des bénéfices indus ». Cette contribution, a-t-il expliqué, pourrait être reversée aux États membres pour financer des mesures nationales.
Le président français a aussi jugé que « le prix (de l’électricité) doit être formé de façon plus cohérente » et a prôné une lutte accrue contre les pratiques spéculatives sur le marché de l’énergie.
Déjà vive, la crise de l’énergie en Europe a franchi une nouvelle étape vendredi avec l’annonce par le groupe public russe Gazprom de l’arrêt pour une durée indéterminée de ses livraisons par le gazoduc Nord Stream 1, qui alimente plusieurs pays, dont l’Allemagne. Le prix du gaz sur le marché à terme aux Pays-Bas, qui sert de référence, a gagné jusqu’à 35?% lundi.
Pas de gazoduc entre la France et l’Espagne
Emmanuel Macron a également exprimé sa ferme opposition à la relance du projet de gazoduc MidCat (Midi-Catalogne) dans le contexte des tensions énergétiques liées au conflit en Ukraine, estimant qu’il ne répondait pas aux problématiques actuelles.
« Je ne comprends pas le problème à court terme qu’on essaye de résoudre (…). Je ne comprends pas comment on sauterait comme des cabris pyrénéens sur ce sujet », a déclaré le président français. « Je ne suis pas convaincu qu’on ait besoin de plus d’interconnexions gazières, il n’y a pas d’évidence de besoin aujourd’hui, demain », a-t-il insisté.
Toutefois, a-t-il ajouté, si Olaf Scholz ou le président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez venaient à lui démontrer le contraire, « je suis prêt à revoir ma position ».
L’Espagne et le Portugal disposent d’importantes capacités d’importation de gaz et le chancelier allemand, notamment, a de nouveau suggéré en août l’option MidCat pour améliorer les interconnexions du réseau gazier en Europe. La France s’y oppose de longue date, arguant notamment du coût du projet, et privilégiant l’installation de nouveaux terminaux GNL.