Ségolène Royal, ministre de François Hollande. Comment ne pas sourire ? Comment ne pas penser à tout ce qu’a d’extraordinaire une telle situation ? En entendant Pierre-René Lemas, le secrétaire général de l’Elysée, annoncer mercredi 2 avril que « Madame Ségolène Royal » était nommée « ministre de l’écologie », il était évidemment impossible de rester impassible.
Ségolène Royal, ministre de François Hollande. Oui, décidément, tout est singulier dans la réalité que décrivent ces quelques mots. Un président qui fait appel à son ex-compagne. Une ex-compagne qui avait failli être présidente. Un couple qui se reforme sur la scène politique, quelques années après s’être déchiré en privé. Ici tout s’entremêle, et le citoyen qui assiste à ces retrouvailles si particulières ne peut qu’hésiter : suis-je dans un vaudeville ? suis-je dans l’histoire ? Peut-être un peu dans les deux, en fait.
LOIS IMPÉRIEUSES
Imaginons que Ségolène Royal n’ait jamais partagé la vie de François Hollande. Si tel avait été le cas, son entrée au gouvernement aurait eu lieu depuis longtemps. Dans d’autres pays, d’anciens candidats à l’élection présidentielle deviennent naturellement ministres : Hillary Clinton ou John Kerry, par exemple. Candidate malheureuse de la gauche en 2007, Ségolène Royal aurait pu être ministre de la gauche victorieuse en 2012. Politiquement, c’eût été logique.
Mais la politique, en l’occurrence, n’a pas dicté ses lois. Car d’autres lois, plus impérieuses, ont alors pris le dessus. On connaît l’histoire, inutile de la rappeler en détail. Deux femmes qui se haïssent, entre les deux un président qui sait que tout geste en direction de celle avec qui il a vécu provoquera l’ire de celle avec qui il partage désormais sa vie. Un tweet dévastateur le lui prouvera.
FEUX VERT AU RETOUR
Paradoxalement, ce fameux tweet du 12 juin 1012, dans lequel Valérie Trierweiler apportait son soutien au concurrent de Ségolène Royal aux élections législatives de La Rochelle après que cette dernière eut reçu le soutien de François Hollande, aidera à normaliser les relations entre les deux derniers en même temps qu’il distendra les liens du couple présidentiel. Mais il faudra la rupture officielle de celui-ci, en janvier 2014, pour que « les feux redeviennent verts pour le retour de Ségolène », selon un de ses proches.
Ces vingt mois d’attente, pour l’ex candidate à la présidentielle, auront d’abord été marqués par une longue dépression. Puis par une lente reconstruction. Peu à peu, après un temps d’isolement, Ségolène Royal a repris contact avec ses proches, laissant à ceux-ci, notamment Guillaume Garot et Dominique Bertinotti, tous deux ministres, d’envoyer régulièrement des signaux de son désir d’intégrer le « dispositif ». Un « dispositif » envié mais volontiers critiqué, Ségolène Royal endossant peu à peu le rôle d’alliée frondeuse, d’aiguillon d’un gouvernement dont elle n’hésite pas à fustiger les hésitations, les prudences et certaines décisions, en matière fiscale notamment.
MINISTRE POUR LA QUATRIÈME FOIS
Ces dernières semaines, son entrée prochaine au gouvernement était devenue une évidence. Le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, vieil ami de François Hollande, et donc de Ségolène Royal, a récemment déjeuné avec elle pour discuter de la question. Avec Manuel Valls, qui l’avait soutenue au congrès de Reims, en 2008, mais avec qui les relations s’étaient distendues depuis des années, le contact a été renoué fin 2013 après l’affaire Leonarda à l’occasion de laquelle la présidente de Poitou-Charentes avait défendu la position du ministre de l’intérieur.
A 60 ans, voici donc Ségolène Royal ministre pour la quatrième fois. Vingt deux ans jour pour jour après sa première entrée dans un gouvernement. C’était le 2 avril 1992. Ce jour-là, Ségolène Royal était nommée ministre de l’environnement dans le gouvernement de Pierre Bérégovoy. François Hollande, qui espérait lui aussi un portefeuille, n’en avait pas obtenu. Pas question de nommer les deux membres d’un même couple dans un même gouvernement, avait à l’époque tranché François Mitterrand.
lemonde.fr
Le fisc va se pencher sur les revenus des nouveaux ministres
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Un décret paru ce matin au JO détaille les modalités de la vérification à laquelle procèdera le fisc sur le patrimoine des ministres du gouvernement Valls. | LP / Yann Foreix
Quelques jours après l’affaire Benguigui – l’ex-ministre de la Francophonie soupçonnée d’avoir menti sur sa déclaration de patrimoine -, et à quelques heures de la formation du nouveau gouvernement, le décret publié mardi matin au Journal officiel (JO) tombe à pic : désormais, chaque membre du gouvernement sera soumi, dès sa nomination, à un vérification de leur situation fiscale dont les modalités sont détaillées dans le JO.
Jusqu’à présent, ce contrôle dépendait de l’autorité politique – plus précisément, du ministère du Budget – et non pas d’une entité indépendante… Mais la loi du 11 octobre 2013 relative à la transparence de la vie publique dispose que « tout membre du gouvernement, à compter de sa nomination, fait l’objet d’une procédure de vérification de sa situation fiscale […] au titre de l’impôt sur le revenu et, le cas échéant, de l’impôt de solidarité sur la fortune».
Une haute autorité créée après l’affaire Cahuzac
Cette procédure, précise le texte, est placée sous le contrôle de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique ». Rappellons que cette Haute Autorité a été créée en 2013, à la suite des fausses déclarations de l’ancien ministre du Budget PS, Jérôme Cahuzac, affirmant qu’il n’avait pas de compte bancaire en Suisse.Le décret de ce matin stipule qu’une fois la composition du gouvernement connue, la Haute Autorité saisit le directeur général des finances publiques pour vérifier la situation fiscale du ou des membres du gouvernement nommés.
La vérification portera sur toutes les impositions dues et non encore prescrites au titre de l’impôt sur le revenu (IR) et de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF). L’administration fiscale dispose d’un délai d’un mois pour fournir à la Haute Autorité le résultat de ses constatations ou demander un délai supplémentaire pour poursuivre ses investigations.
Le cas de Yamina Benguigui transmis à la justice
Le cas de Yamina Benguigui, à qui il est reproché d’avoir omis de déclarer qu’elle était copropriétaire depuis 2005 d’une société anonyme de droit belge, a été transmis au Procureur de Paris. Outre ce qu’elle risque – jusqu’à trois ans de prison, 45 000 euros d’amende et dix ans d’inéligibilité -, la conseillère de Paris pourrait être poussée à démissionner très vite par la nouvelle maire de la capitale Anne Hidalgo.