Gambie – Dans les secrets de l’exil équato-guinéen de Yahya Jammeh

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ENQUETEPLUS – Alors que le dictateur Yahya Jammeh vit ses cinq premiers jours d’exil en Guinée Equatoriale, la Gambie continue son délicat retour à la normale. C’est ainsi que les députés gambiens ont mis fin à l’état d’urgence dans leur pays. Une situation que le Président de la Cour suprême, au centre des tentatives ratées de Yahya Jammeh de rester au pouvoir, n’a pas attendu de connaître. Emmanuel Fangbele a démissionné de ses fonctions et pris les airs en direction de son pays natal, le Nigeria.

EnQuête est à mesure d’affirmer que, dès son arrivée en Guinée Equatoriale, Yahya Jammeh a été envoyé très loin de la capitale Malabo, à l’abri des curieux. En effet, l’ex-dictateur gambien réside à Mongomo, chef-lieu du district du même nom, dans la province de Wele-Nzas. Cette ville située à 174 km de Bata, et qui se trouve à proximité de la frontière avec le Gabon, s’avère être la terre natale de l’actuel Président équato-guinéen Teodoro Obiang et de son prédécesseur Francisco Macías Nguema. Là-bas, Yahya Jammeh réside dans le palace du Président Teodoro Obiang. Une place forte étalée sur 15 kilomètres de clôture.

En Guinée Equatoriale, le Président Obiang s’était entouré de toutes les précautions au moment d’accueillir Yahya Jammeh. Il s’agissait de mettre son hôte encombrant à l’abri des regards curieux de la presse équato-guinéene qui n’y a vu que du feu. Jammeh a ensuite été débarqué à l’aéroport privé du palace Mongomo, puis conduit dans sa résidence. Ce n’est que le lendemain de son arrivée que les Equato-guinéens ont appris à travers la presse étrangère et internet que Yahya Jammeh et sa famille sont les nouveaux locataires du palais du président Obiang.

Les raisons du choix de la Guinée Equatoriale

En attendant de mieux connaître les tenants de sa vie à Mongomo, EnQuête en sait un peu plus sur le choix du dictateur gambien Yahya Jammeh de s’installer en Guinée Equatoriale, après avoir marchandé son exil à fort prix avec son tombeur, ses amis Alpha Condé et Abdel Aziz ainsi que la CEDEAO, l’ONU et l’UA. Selon une source dans l’entourage de Yahya Jammeh laissée à Banjul, l’ex-dictateur gambien a choisi ce pays, parce qu’il lui offre plus que des garanties d’impunité. Notre interlocuteur explique que Jammeh étant au courant que le Président Obiang va léguer le pouvoir à son fils, il en a vite conclu que cette donne lui accorde une très longue protection de la puissante famille de Guinée Equatoriale.

Et quand on sait que ce pays ne veut plus rien avoir à faire avec la Cour pénale internationale, Jammeh a, dès lors, entrevu l’opportunité idéale de jouir d’une impunité, en raison de la menace potentielle de procès qui pourraient perturber sa retraite forcée. Et enfin, souligne notre source, Yahya Jammeh a choisi la Guinée Equatoriale parce que les cinq dernières années de son règne ont été marquées par l’activisme débordant de la diaspora gambienne qui a réussi à semer l’enfer partout où Jammeh devait effectuer un déplacement. Au point que le dictateur gambien ait passé les deux dernières années coincé entre Banjul et Kanilai. La Guinée Equatoriale étant sous la coupe réglée d’un régime dictatorial, comme il en a dirigé, Jammeh a la garantie qu’aucun Gambien ne viendra manifester devant sa nouvelle retraite.

Il faut souligner toutefois que le dictateur gambien a atterri à Malabo sans ses nombreuses voitures de luxe emportées dans un vol cargo affrété par le président tchadien Idriss Déby. Nos sources indiquent que beaucoup de biens emportés par Jammeh au moment de quitter Banjul ont été laissés à Conakry, la capitale guinéenne où il avait fait une escale, après avoir quitté la capitale gambienne en compagnie du Président Alpha Condé. Certains éléments de la garde rapprochée de Jammeh ainsi que leurs familles ont également été laissés à Conakry. Ils ne voulaient pas trop s’éloigner de leur pays natal.

Le Parlement gambien met fin à l’état d’urgence

Libérée de la tutelle de l’ancien dictateur gambien, l’Assemblée nationale de la Gambie a révoqué, ce mardi, l’état d’urgence décrété par l’ancien Président Yahya Jammeh. Durant la même séance, les députés gambiens ont mis fin à la prolongation du mandat de la législature en cours qui avait été prolongée de 90 jours. Après avoir refusé de rendre le pouvoir perdu dans les urnes, Yahya Jammeh avait obligé sa majorité mécanique au Parlement gambien à voter une loi instaurant l’état d’urgence pour 90 jours, tout en prolongeant son mandat et celui des députés pour la même durée. Ironie du sort, Fabakary Tombong Jatta, leader de la majorité parlementaire gambienne qui avait fait voter l’état d’urgence, est celui qui s’est prononcé en premier pour cette levée.

Samba Jallow, le leader de la minorité qui a appuyé la motion, dira ainsi qu’il n’a même pas pris part à la mascarade constitutionnelle. Il a été suivi par le député indépendant Abdoulie Saine, de Banjul Central et Cherno Omar Jallow, du parti de Yahya Jammeh qui représente Upper Niumi. Tous les deux parlementaires se sont excusés auprès du peuple gambien pour n’avoir pas réussi à empêcher Jammeh de marcher sur leur charte nationale.

Le président de la Cour suprême démissionne et rentre au Nigeria

Considéré en Gambie comme l’un des juges mercenaires loués par Yahya Jammeh qui a désormais fui de la Gambie, le Nigérian Emmanuel Olusegun Fangbele a lui aussi quitté le pays samedi, quelques heures après le départ de son ancien employeur avec lequel les relations se sont terminées en queue de poisson. Emmanuel Fangbele a démissionné de son poste, ont indiqué des sources à EnQuête. Le Chief Justice Fangbele, comme on l’appelle à Banjul, n’a avancé aucune raison pour expliquer sa démission. Il faut souligner que Fangbélé dirigeait une institution judiciaire fantôme qui ne pouvait siéger sur aucun contentieux, comme l’ont montré les nombreux recours introduits par Yahya Jammeh qui comptait beaucoup sur ses anciennes relations avec Fangbele pour s’accrocher au pouvoir. Sauf que la pression trop forte des Gambiens et de la communauté internationale ont eu raison de la loyauté de Fangbele qui a dû admettre son incapacité à aider Yahya Jammeh. Il ne pouvait d’ailleurs en être autrement, puisque, dans ses sautes d’humeur, le dictateur gambien l’avait dépouillé de tous ses juges.

Au lieu d’attendre jusqu’en mai, quand le Nigeria pourra affecter des juges en Gambie, Emmanuel Fangbele a tout simplement décidé de se mettre à l’abri de décisions moins intéressées du nouveau régime d’Adama Barrow.

1 COMMENTAIRE

  1. Le droit international est une affaire sérieuse, ceux qui en parlent doivent être bien informés pour que le citoyen lambda y comprenne quelque chose ! Il est donc nécessaire de faire comprendre aux journalistes dans quels cas la CPI est sollicitée pour juger quelqu’un ! Que je sache, les crimes dont on parle en Gambie ne relèveraient pas de cette CPI dans la mesure où il n’y a jamais eu de crimes de Masse dans ce pays sous Yaya Jammeh et même sous Daouda Jawara. Si jugement il devrait y avoir, ce serait pour crimes et tortures sur le sol Gambien par le pouvoir de Jammeh.

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