Treize soldats israéliens ont également été tués à Gaza ce dimanche, journée la plus meurtrière depuis le début de l’offensive israélienne.
Près de 100 Palestiniens sont morts ce dimanche dans le pilonnage par l’armée israélienne d’une banlieue de Gaza, faisant de cette journée la plus sanglante depuis le début du conflit dans la bande de Gaza, où 13 soldats israéliens ont également été tués.
Dirigeants palestiniens et Ligue arabe ont accusé Israël de commettre un «crime de guerre» en pilonnant Chajaya, tandis que le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon s’apprête à entamer une tournée dans la région pour tenter de mettre fin au conflit qui a déjà tué 435 Palestiniens.
Pour l’armée israélienne, il s’agit aussi d’une journée noire : avec 13 soldats de la brigade d’élite Golani tués, le bilan des militaires morts dans l’offensive monte à 18, un bilan jamais vu depuis la guerre du Liban en 2006. L’armée a aussi comptabilisé au moins 55 blessés. En outre, deux civils israéliens sont morts depuis le lancement le 8 juillet de l’opération «Bordure protectrice» lancée pour neutraliser les capacités militaires du mouvement islamiste Hamas dans la bande de Gaza, après l’enlèvement et le meurtre de 3 jeunes Israéliens suivi du meurtre d’un adolescent palestinien brûlé vif.
«Nous savons que lors des combats il y a des pertes, et nous savons que notre devoir est d’accomplir nos missions. C’est ce qu’on fait et nous allons continuer», a déclaré le chef d’état-major de l’armée, Benny Gantz.
Massacre à Chajaya
Les forces israéliennes ont fait cette annonce après une journée marquée par le pilonnage sanglant de Chajaya, située non loin de la frontière israélienne, qui a tué au moins 62 personnes, le bombardement le plus meurtrier depuis le conflit de 2008-2009 dans l’enclave palestinienne. Et avec 97 morts à travers la bande de Gaza, cette 13e journée de «Bordure protectrice» est devenue la plus sanglante.
A Chajaya, une journaliste de l’AFP a décrit des scènes de carnage et de chaos, tel cet homme éventré et à la tête arrachée. Beaucoup de maisons situées en première ligne, face aux chars, sont complètement détruites, et dans les rues s’amassent des cadavres, certains complètement carbonisés, qu’il faut ramasser rapidement.
«Le bombardement brutal et l’offensive terrestre à Chajaya sont des crimes de guerre contre les civils palestiniens et une escalade dangereuse qui pourrait avoir de lourdes conséquences», a dénoncé la Ligue arabe. Le gouvernement palestinien a condamné un «massacre atroce» et appelé la communauté internationale à «réagir immédiatement à ce crime de guerre».
Carte Gaza Chajaya
Obstination du Hamas
«Chajaya est une zone civile où le Hamas a placé ses roquettes, ses tunnels, ses centres de commandement», s’est justifié l’armée, «cela fait des jours que nous avons prévenu les civils de Chajaya qu’ils devaient évacuer. Le Hamas leur a ordonné de rester, c’est le Hamas qui les a mis dans la ligne de mire». Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a estimé que l’opération militaire visant à détruire les tunnels creusés par le Hamas à Gaza pourrait s’achever «assez rapidement», sans toutefois fixer d’échéance.
Une fragile trêve humanitaire demandée par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour évacuer les morts et les blessés de Chajaya a été rompue par intermittence dans l’après-midi.
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a pour sa part déclaré que le mouvement islamiste avait refusé la semaine dernière une proposition de cessez-le-feu, et qu’il s’est «obstiné à s’attirer l’acharnement» d’Israël.
Au total l’offensive israélienne a fait au moins 435 morts et plus de 3 000 blessés, des civils pour l’essentiel, malgré les multiples appels de la communauté internationale à la retenue. L’ONU à Gaza accueille pour sa part 81 000 personnes.
L’armée a annoncé dimanche l’intensification de son offensive terrestre, lancée jeudi, pour neutraliser les tirs de roquettes et les tunnels du mouvement palestinien, considéré comme terroriste par Israël et l’occident. Ce conflit, le plus sanglant depuis 2009 dans l’enclave palestinienne, est le quatrième entre le Hamas et Israël en moins d’une décennie.
Le ministre israélien des Finances, Naftali Bennett, a déclaré à la radio que les tunnels creusés par le Hamas étaient destinés à «attaquer simultanément sept à huit kibboutz» (villages coopératifs), affirmant qu’Israël était «prêt à payer un prix terrible pour éviter» de telles attaques. L’armée a fait état de 70 «terroristes» tués depuis jeudi et treize tunnels mis au jour.
Stratégie de sortie
Israël a mobilisé 53 200 hommes sur les 65 000 réservistes autorisés par le gouvernement pour l’offensive sur cette petite bande de terre de 362 km2 où s’entassent dans la misère 1,8 million d’âmes, soit l’une des densités de population les plus fortes au monde.
Sur le front diplomatique, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, est attendu dimanche dans la région et le président palestinien Mahmoud Abbas devait rencontrer à Doha le chef en exil du Hamas, Khaled Mechaal, qui réclame la levée complète du blocus de Gaza, l’ouverture du poste frontière de Rafah avec l’Egypte et la libération de prisonniers.
liberation.fr avec AFP