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Gbagbo démasque Tanor Par Frédéric Tendeng

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L’évolution regrettable de la situation politique en Côte d’Ivoire présente la particularité de produire au Sénégal des instruments cognitifs supplémentaires qui offrent des éléments d’appréciation sur nos hommes politiques et leur vision de la démocratie et du suffrage universel. De la campagne électorale à la confusion née du refus de Laurent Gbagbo d’accepter sa défaite, la Côte d’Ivoire souffre mais illumine le Sénégal.

Qu’un socialiste comme Ousmane Tanor Dieng exprime son soutien à son ami Laurent Gbagbo, c’est son droit. Cela dit, c’est aussi un droit voire une obligation pour les sénégalais, d’expliciter les significations et les valorisations négatives de la position de Tanor sur la situation en Côte d’Ivoire puisque cet homme veut diriger le Sénégal. Sa vision partisane et tronquée de l’expérience électorale ivoirienne où le peuple souverain a choisi Alassane Ouattara, traduit clairement une inertie dans la contextualisation des situations qui jalonnent le parcours d’homme politique du Premier Secrétaire du Parti Socialiste du Sénégal.

Ousmane Tanor Dieng n’a donc rien appris de la défaite de son parti en 2000, une défaite qui le place depuis dix ans dans l’opposition au Sénégal. Ce qui est, a priori, une période de changement de sa structure sociale et de ses dispositions anciennement acquises. Il avait ainsi toute la latitude de se remettre en question, de mettre en doute ses principes, de poser la contradiction dans ses convictions et d’interroger ses opinions sur les divers enjeux politiques au Sénégal, en l’Afrique et dans monde. Au lieu de cela, Tanor garde encore en lui la permanence d’une identification politique partisane et restrictive de qui rame à contre courant de l’histoire. L’homme reste encore figé et encastré au model géniteur Senghorien et Dioufiste de son ascension politique, un model patrimonial et clientéliste qui a hélas perduré tout le long du règne socialiste, gangrénant ainsi la classe politique sénégalaise. La légèreté d’esprit et des arguments exprimés par Ousmane Tanor Dieng pour justifier son soutien à l’usurpation de la volonté populaire ivoirienne par Laurent Gbagbo et le FPI fait craindre à juste raison. Ainsi donc, le vote du peuple, pierre angulaire des valeurs républicaines et démocratiques ne revêtirait aucune signification face aux ambitions égoïstes au nom d’une pseudo amitié Internationale Socialiste. Cette piètre appréciation remet à table l’image d’un homme politique qui tronque volontiers la république et ses valeurs démocratiques universelles contre son parti, son cercle d’amis et ses intérêts personnels. Tanor commet le crime politique grave d’oublier que le Sénégal garde encore de lui le souvenir tout frais d’un homme qui traîne un lourd passif : celui des stigmates encore visibles du congrès sans débat du 30 mars 1996, un événement majeur qui consacre la monté en puissance d’Ousmane Tanor Dieng et la fissuration du Parti Socialiste. Voila qui donne des explications à ceux qui se demandent encore comment Djibo Kâ, Moustapha Niasse, Robert Sagna, Souty Touré et d’autres ténors du PS ont quitté ce parti concomitamment à l’ascension d’Ousmane Tanor Dieng.

Le soutien clair de Tanor à Gbagbo est un manque de respect à l’endroit du peuple courageux de Côte d’Ivoire qui ne veut plus d’un « boulanger manipulateur», un homme qui a instauré une gestion privatisée de l’Etat et qui tient en otage tout ce valeureux pays. Pourtant, nul n’est mieux placé qu’Ousmane Tanor Dieng pour comprendre la haute signification que le peuple ivoirien a envoyé à Laurent Gbagbo. C’est en effet le même signal que les sénégalais ont donné à Abdou Diouf et le PS le 19 Mars 2000. Depuis lors, l’apparition chez l’opposant Tanor de nouveaux éléments d’expérience du monde, quelque peu contradictoires avec ses socialisations antérieures, n’ont pas modifié sa vision réduite de la démocratie et de la force de la volonté du peuple dans le vote. Au contraire, tout se passe chez le leader socialiste sénégalais comme si ses expériences antérieures les plus marquantes et les valorisations qu’il leur attache, produisent maintenant des effets d’immunisation et freinent sa lucidité. On comprend dès lors que pour Tanor, ce n’est pas à l’ONU de reconnaître ou non la victoire de l’un ou de l’autre des candidats. Tanor est donc incapable de rupture avec son passé. Comme en ce moment avec son ami Laurent Gbagbo, la rupture avec des opinions passées faussement valorisées et antidémocratiques est coûteuse. Ce coût limite les changements d’opinions puis contribue à l’inertie des dispositions constatée chez Tanor. Il va s’en dire que les orientations antithétiques qui se manifestaient déjà à travers les diverses formes d’hésitation, d’instabilité et d’éclectisme sur le parcours de l’opposant Tanor présageaient plus ou moins de sa prise de position dans cette confusion politique ivoirienne. Mais le peuple sénégalais est témoin et prend acte.
Il est cependant salutaire que les masques tombent dès maintenant pour offrir aux sénégalais les vrais visages de ceux qui prétendent diriger et présider au mieux leurs intérêts et leur pays. Plusieurs batails politiques sont à l’horizon au Sénégal et il ne faudra surtout pas compter avec Tanor pour qui le Conseil Constitutionnel ivoirien a donné un verdict conforme à la légalité en déclarant Gbagbo vainqueur contre la volonté populaire souverainement exprimé par les ivoiriens.

Frédéric Tendeng

1 COMMENTAIRE

  1. Tanor est foutu !!! Son naufrage dans le lac ivoirien risque d’entrainer celui de son parti . A mon avis , ses heures au PS sont comptees avec cette sortie incontrolee. Sa succession est desormais ouverte c’est clair. Je pense que les prochains primaires devront sceller son sort.
    Il n’aura jamais ete un politique mais un homme de reseau qui s’est fait un nom en tissant sa toile avec le parti etat. Aucun charisme, nul , insipide . Je sais pas comment il a reussi a entrer a l’ENAM.

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