– Le général sénégalais Babacar Gaye, aujourd’hui à la retraite, a déclaré, mardi, à Dakar, avoir observé une ‘’très grande prise de conscience’’ des sociétés africaines pour la paix et la sécurité du continent.
‘’Il y a une très grande prise de conscience pour arriver à la paix. Pendant longtemps, on a parlé de la sécurité comme d’une condition sine qua non du développement. Aujourd’hui, on en vient à dire (…) que la forme la plus achevée du développement, c’est la sécurité. On fait de la place à la sécurité dans les préoccupations des décideurs, à tout point de vue’’, a dit l’officier général, ancien chef de la Minusca, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies en République Centrafricaine.
‘’Cette prise de conscience se traduit également par beaucoup de cercles de réflexion dans la société civile. On n’a jamais autant parlé de la sécurité. Cela se traduit aussi par plus de synergies entre les Etats’’, a constaté Babacar Gaye dans un entretien avec l’APS, en marge d’une formation dispensée à des travailleurs humanitaires, dans la capitale sénégalaise (22-26 novembre), à l’initiative du Comité international de la Croix-Rouge.
Interrogé sur la récurrence des conflits dans certaines parties de l’Afrique, il dit croire qu’‘’une bonne partie des conflits (…) procède des capacités sécuritaires limitées des Etats, de la faiblesse des Etats’’.
‘’A cause de cela, les menaces qui pèsent sur tous les Etats du monde pèsent également sur l’Afrique : le terrorisme, le crime transfrontalier organisé. Mais en Afrique, ça s’est exacerbé avec la faiblesse des Etats’’, a expliqué le général Babacar Gaye, ancien commandant de la Monusco, la Mission de l’Organisation des Nations unies en République démocratique du Congo.
‘’Les Etats ont des difficultés à contrôler leurs espaces terrestre et maritime à cause de la piraterie (…) La seconde raison de cette multiplication des confits et de leur durée, c’est aussi la fragilité des Etats’’, a-t-il insisté.
Selon le général à la retraite, cette fragilité est une conséquence du ‘’déficit’’ des Etats en matière de gouvernance, ‘’des lacunes du service public’’.
‘’Elle provient également des problèmes que nous voyons aujourd’hui dans (…) certains Etats : ces tensions internes (…) qui ont engendré la multiplication des tensions intra-étatiques. C’est pourquoi ces conflits se multiplient et durent un certain temps’’, a analysé l’ancien chef d’état-major général des armées sénégalaises.
‘’Aujourd’hui, au Sahel, on parle beaucoup d’une approche globale, on dit que la réponse ne peut pas être seulement militaire. Je suis de cet avis, mais je dis qu’il faut une réponse suffisamment militaire’’, a-t-il souligné.
L’aide étrangère fournie aux Etats du Sahel ‘’est cruciale’’ pour eux, a-t-il reconnu, par ailleurs, tout en déplorant ‘’l’addiction des Africains à l’aide’’.
‘’Je ne souhaite pas qu’on pérennise l’aide. Il faut, au contraire, que l’aide soit suffisamment structurée pour qu’on puisse s’en passer’’, a ajouté Babacar Gaye.
‘’Il faut que nos partenariats nous permettent d’arriver à une certaine autonomie, qui est essentielle dans les décisions des Etats’’, a-t-il poursuivi.