Génocide rwandais : plaintes déposées contre l’État français, l’armée et BNP Paribas

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Une plainte visant BNP Paribas a été déposée jeudi par trois associations accusant la banque d’avoir financé un achat d’armes illégal lors du génocide rwandais.

Plusieurs associations ont porté plainte jeudi 29 juin contre des responsables politiques et militaires français lors du génocide rwandais de 1994 ainsi que contre la banque BNP Paribas [c’est l’entité BNP alors indépendante de Paribas qui est en cause], accusée d’avoir financé un achat illégal d’armes au profit des génocidaires Hutus. De manière concomitante, une enquête publié par la revue XXI affirme que l’Élysée et son secrétaire général de l’époque, Hubert Vedrine, aurait donné l’ordre de réarmer les génocidaires hutus.

La BNP visé pour « complicité de génocide et de crimes contre l’humanité »

L’association anticorruption Sherpa, le Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR) et Ibuka France ont annoncé jeudi matin qu’elles déposaient une plainte à Paris avec constitution de partie civile visant BNP Paribas pour « complicité de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité ».

Ces associations accusent le groupe bancaire d’avoir « participé au financement de l’achat de 80 tonnes d’armes, ayant servi à la perpétration du génocide, [alors] que la banque ne pouvait douter des intentions génocidaires des autorités du pays pour qui elle a autorisé le transfert » de fonds en juin 1994, selon un communiqué confirmant une information du Monde et de Franceinfo.

Les trois associations affirment que la BNP, devenue depuis BNP Paribas, a « autorisé en juin 1994 deux transferts de fonds du compte, que la Banque nationale du Rwanda (BNR) détenait chez elle, vers un compte de la banque suisse UBP » au nom de Willem Tertius Ehlers, un intermédiaire sud-africain « propriétaire à cette époque d’une société en courtage d’armes nommée Delta Aero ». Selon elles, ces transferts du 14 et du 16 juin, pour plus de 1,3 millions de dollars (1,14 millions d’euros), sont intervenus alors que l’ONU avait décrété depuis un mois un embargo sur les livraisons d’armes au Rwanda, où avait débuté le génocide des Tutsi qui fera 800 000 morts entre avril et juillet 1994.

Le lendemain, Willem Tertius Ehler et le colonel Théoneste Bagosora, un militaire rwandais hutu depuis condamné par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), auraient conclu une vente d’armes aux Seychelles aux côtés d’intermédiaires zaïrois, affirment les associations. « Arrivées à Goma, ville zaïroise frontalière du Rwanda, les armes auraient traversé la frontière et été transportées jusqu’à Gisenyi au Rwanda », poursuit le communiqué.

« Nous apprenons par voie médiatique le dépôt d’une plainte », a réagi un porte-parole de BNP Paribas joint par l’AFP : « À l’heure actuelle, nous ne disposons pas des éléments suffisants la concernant pour être en mesure de la commenter »

Nouvelle plainte contre les responsables de l’époque

Selon des informations du Parisien et de Radio France, l’association Survie vient, elle aussi, de déposer une nouvelle plainte pour déterminer l’éventuelle complicité de responsables politiques et militaires français lors du génocide rwandais. La plainte avec constitution de partie civile a été déposée mercredi matin auprès du doyen des juges d’instruction de Paris. Elle cible les chefs de « complicité de génocide et complicité de crimes contre l’Humanité à raison de faits commis par la France au Rwanda et dans les pays limitrophes courant 1994. »

L’association Survie avait déjà déposé une première plainte sur la question des livraisons d’armes au régime génocidaire Hutu en novembre 2015, classé sans suite fin 2016.

Un ordre qui venait de l’Élysée

Si elles ne semblent pas en être la conséquence directe, les plaintes interviennent alors que la revue XXI a publié mercredi 28 juin son numéro d’automne dans lequel un haut-fonctionnaire, ayant eu accès aux archives classées secret-défense, accuse l’Élysée d’avoir donné l’ordre de réarmer les génocidaires hutus. « Ordre a été donné de livrer des armes à ceux qui ont commis le génocide », raconte Patrick de Saint-Éxupery, l’auteur de l’enquête sur France 24.

e note de l’époque affirme qu’il fallait armer les Hutus. Une décision motivée  » comme un élément de stabilité de la France par rapport à ses alliés africains ». Le signataire de la note était Hubert Védrine, à l’époque secrétaire général de l’Élysée.

Pour Patrick de Saint-Éxupery, les révélations faites par le haut fonctionnaire ne constituent pas des preuves. « Seule une déclassification complète des documents de l’époque telle qu’elle est réclamée depuis vingt ans permettra de faire la lumière sur cette affaire, » conclut-il au micro du Journal de l’Afrique.

Avec AFP

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