XALIMA NEWS – Un manque de transparence a marqué la gestion de Black Pearl Finance, avant son placement sous administration provisoire par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI). Ce qui résulte du témoignage de l’expert-comptable Iba Joseph Basse, entendu hier, à la suite de l’expert-financier Pape Alboury Ndao.
A la suite de l’expert-financier Pape Alboury Ndao, c’était au tour de l’expert-comptable Iba Joseph Basse d’aider la Cour de répression de l’enrichissement (CERI) à résoudre l’énigme que constituent les sociétés écrans qu’auraient utilisées Karim Wade et ses présumés complices. Ainsi, Daport SA, Friport, Met invest, BMCE devenue Black Pearl finance ont été ‘’expertisées’’ à la barre. Concernant cette dernière société dont il a été administrateur provisoire, de juin 2013 à janvier 2014, Iba Joseph Basse a déclaré : ‘’Depuis l’augmentation du capital, il n’y a pas eu de transparence dans l’actionnariat’’.
Selon l’expert-comptable, il lui était impossible d’identifier les vrais actionnaires. Et c’est grâce aux résultats de la commission rogatoire de Luxembourg que l’identification a pu se faire. Dans les explications de l’expert-comptable, à l’origine, BMCE Capital était une filiale de la Banque marocaine de commerce. Et en 2004, il y a eu une ouverture du capital réservée exclusivement à une seule société appelée 3 AIGE qui a pour actionnaires les époux Pouye. « Mais au final, c’est Meta invest avec comme actionnaire Pouye, Bourgi et un certain Serge qui est entré dans la société, avec 42% des actions’’. Selon le témoin, c’est en mars 2014 qu’il a été informé sur l’actionnariat de Meta invest. ‘’Il y avait trois noms qui revenaient régulièrement : Ibrahim Aboukhalil Bourgi, Karim Aboukhalil et Mamadou Pouye’’.
Outre l’absence de transparence dans l’actionnariat, M. Basse a relevé une mauvaise gestion, avec une baisse considérable du chiffre d’affaires en 2012. ‘’De 2011 à 2012, le chiffre d’affaires est passé de 2,8 milliards à 56 millions’’, a précisé l’expert-comptable. Pire encore, l’autre preuve de mauvaise gestion constitue la dette fiscale. Celle-ci a été évaluée à 341 millions de francs CFA, entre 2008-2011.
La société a même fait l’objet d’un redressement fiscal, mais jusqu’en 2013, le fisc n’avait pas été payé. Et curieusement, au même moment, la masse salariale se chiffrait à 291 millions, le loyer 36 millions et les factures du directeur technique à 500 000 francs CFA. Ce qui a le plus surpris l’expert, c’est que sur les 291 millions, les 280 millions étaient perçus par cinq personnes seulement, alors que la société avait des difficultés pour payer ses impôts. L’expert-comptable, qui s’est basé sur le rapport du commissaire aux comptes, a souligné que BMCE n’avait plus de liquidités et était en cessation de paiement ; et tous ses comptes étaient bloqués en août 2013.
L’ex-administrateur provisoire est revenu sur le contrat que l’Etat avait signé avec BMCE concernant la recherche de financement pour l’Aéroport international Blaise Diagne. ‘’Pour l’AIBD, on pouvait se passer de BMCE, car Asecna en a la compétence depuis 1957 et cela fait partie de ses missions, mais on a dépensé plusieurs milliards en trouvant un gestionnaire de l’aéroport’’, a soutenu M. Basse.
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