L’Université de Genève a accueilli, vendredi dernier, le colloque 2023 du Gingembre littéraire. L’évènement a revêtu un cachet particulier avec les profils de ses animateurs et le caractère fécond des débats.
«?L’Afrique face aux défis du numérique, de l’industrialisation et des enjeux de la culture et du développement?». Tel était le thème du colloque du Gingembre littéraire tenu, vendredi dernier, à l’Université de Genève (Suisse). Les débats ont été animés par un aréopage d’intellectuels de divers acabits, durant trois tours d’horloge. On y comptait le lauréat du Goncourt 2021 Mbougar Sarr, l’architecte Pierre Goudiaby Atepa, El Hadji Hamidou Kassé (philosophe, ministre conseiller du président de la République en charge de la Culture et des arts) et Blondin Cissé (professeur de philosophie à l’université Gaston Berger de Saint-Louis), les sociologues Souleymane Gassama dit Elgas et Hawa Bâ, Manar Sall de Petrosen, Cheikhou Oumar Sy de l’Osidea, les professeurs Anne Cécile Robert, Didier Péclard et Claudine Sauvin-Dugerdil, etc.
Le rythme et la teneur des échanges ont accentué l’interrogation sur le retard industriel et l’incertitude des perspectives de l’Afrique au regard de sa richesse en ressources matérielles et humaines. Cependant, les panélistes ont énuméré des opportunités et suggéré des pistes innovantes pour l’essor de l’Afrique dans les services, la culture et l’économie. «?Les conférenciers ont tous mis l’accent sur la nécessité d’une rupture et d’un changement de paradigme dans les relations entre l’Afrique et ses partenaires, en plaidant pour une coopération fondée sur l’égalité de dignité?», a souligné le rapporteur général du colloque, Pr Patrice Corréa de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. La diplomatie a aussi concerné la rencontre, au grand bonheur du promoteur du colloque, le journaliste Gorgui Wade Ndoye. «?Les autorités de Genève présentes ont insisté sur le renforcement des liens entre l’Afrique et la Suisse et la place de Genève comme lieu privilégié de la diplomatie multilatérale?», s’est réjoui le journaliste, aussi correspondant permanent de «?Le Soleil?» à Genève, qui se satisfait également «?de la lettre d’encouragement du président Macky Sall, qui regrette son absence?».
Le Gingembre littéraire est un évènement populaire, intellectuel et culturel dont l’un des enjeux majeurs est de reconnecter des mondes souvent opposés parce qu’ils ne se parlent presque plus à travers des problématiques qu’ils partagent toutefois. De l’avis du Pr Blondin Cissé, ces «?forces sont multiformes et fécondes, mais dispersées, et il est vital de rétablir le lien en créant ces espaces mixtes par leur synergie, pour nos projets d’émancipation totale?». Les réflexions ont fini en musique par un concert de la fraternité animé par le bassiste sénégalais Alune Wade en compagnie du koriste malien Cheikh Soumano, du groupe Sagafi, et du disc-jockey suisse, Sam Corso.
L’architecte Pierre Goudiaby Atepa a reçu, à l’occasion, un trophée honoraire qui célèbre ses 50 ans de carrière. La distinction consacre une carrière internationale de génie avec des chefs-d’œuvre architecturaux qui marquent le monde, éblouissent l’Afrique et font la fierté du Sénégal. Pierre Goudiaby Atepa est le tout premier récipiendaire de ce prix que Gorgui Wade Ndoye compte désormais institutionnaliser et rendre annuel. L’initiateur de Gingembre littéraire veut, par-là, honorer les Africains et autres personnalités du monde méritants pour l’impact de leurs œuvres sur le présent et l’avenir de l’Afrique.
Le Soleil