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Gouvernance des instances internationales sportives africaines. (Par Mbaye Jacques DIOP)

Date:

Pour un sport africain transparent bien gouverné et équilibré
Le système qualification du basketball aux jeux olympiques imposé aux nations
africaines par la FIBA, les errements des dirigeants de la CAF qui ont contraint la
FIFA à mettre sous administration provisoire l’instance internationale africaine, avec
la nomination de Madame Fatima Samoura née Diouf , et les dérives de certaines
confédérations africaines doivent inciter l’Union Africaine et les autres organisations
régionales et sous-régionales dans le continent africain, à prendre à bras le corps la
question de la gouvernance sportive qui du reste aujourd’hui, est remise en cause au
sein des instances internationales sportives africaines, notamment les confédérations
africaines.
Les modifications du système de qualification aux jeux olympiques et à la coupe du
monde de basketball constituent un grand déséquilibre. Comment comprendre que
les nations championne et vice-championne le Nigéria et le Sénégal ne puissent
prendre part aux jeux olympiques de Tokyo 2020. Comment comprendre que le
Nigéria et le Mozambique premier et deuxième du TQO récemment joué à Maputo
vont rencontrer d’autres nations pour prétendre faire partie de la grande fête sportive
l’état prochain au pays du soleil levant , le Japon ? Alors qu’en Europe il n’y a pas eu
de TQO !
Il en est de même pour le CAF avec l’affaire Génération Foot (Sénégal) Zamalek
(Egypte), le calendrier et le nouveau format de la Coupe du monde des Clubs en
Chine du 17 juin au 24 juillet 2021 en chine et qui pourrait mettre en danger la tenue
de la prochaine Coupe d’Afrique des Nations dont nous dit-on qu’elle est suspendue
au climat camerounais, la rupture du contrat des droits Tv avec Lagardère dont elle se
retranche sur une décision de la justice égyptienne sans compter, certaines décisions
sont jugées impopulaires, obligeant du coup, la FIFA à mettre sous administration
provisoire le CAF avec la nomination de Madame Fatma Samoura née Diouf comme
administratrice pour une durée de six mois qui peut même être prolongée.
Il y a aussi deux ans en 2017, où l’équipe nationale féminine de handball du Sénégal a
été injustement éliminée après avoir battu son homologue tunisienne en demie et
même disqualifiée d’une participation à une phase finale de Coupe du Monde.
Les tests d’hormones subis par l’athlète sud-africaine, Caster Semeya (dont on nous
fait croit que c’est une athlète hyperandrogène produisant plus de testostoréne que la
norme) parce qu’elle courait plus vite que ses concurrentes et qui a été privé des
mondiaux de Doha où elle devait défendre son titre sur 800 mètres. Une règle taillée
sur mesure qui interdisait à la championne de s’aligner sur ses distances 800 et 1500
mètres, à moins de suivre un lourd traitement hormonal.
Le sport est une langue commune pour tous les peuples du monde. Il nous aide à
dépasser les frontières culturelles et linguistiques. Il est vrai que le sport est bien plus
que du spectacle : c’est un phénomène sociétal à l’échelle universelle qui est un
moyen de développer des capacités essentielles pour l’épanouissement de toute
personne : engagement, force de caractère, exploration de ses propres limites,

recherche active d’une amélioration personnelle… et les nombreux experts ont
toujours souhaité qu’il soit aussi un puissant vecteur de valeurs, telles que la
solidarité, l’esprit d’équipe, la loyauté, le respect des adversaires. Ils s’attendent
également à ce que le sport favorise la paix, l’amitié et le respect réciproque au sein
des sociétés et entre les peuples.
Ce qui n’est pas le cas dans les instances internationales sportives du continent
africain. Car, la réalité est parfois loin d’être aussi idyllique. Dans un monde sportif
globalisé, nous assistons aujourd’hui à l’irruption non maitrisée des réflexes
purement financiers ; parfois à de graves crises liées à des dérives éthiques
(corruption, dopage tricherie et autres : les enjeux sont colossaux et même la crise
économique n’a pas réellement freiné cette tendance généralisée à la démesure. Les
conséquences lucratives ne doivent pas dénaturer les valeurs de courage, de respect
et d’authenticité. Comme cela a été fait dans le monde des affaires, le monde du sport
doit désormais être réglementé car il est essentiel que les normes éthiques soient
irréprochables et qu’un contrôle démocratique fort soit assuré. Malheureusement, les
dirigeants des instances internationales sportives africaines ne songent qu’aux
sommes versées pour l’achat des droits de retransmission télévisée et aux contrats
publicitaires pour remplir leurs poches au détriment des nations africaines.
Aujourd’hui le CIO, la FIFA, la CAF et même d’autres instances mondiales ou
continentales ont poussé les nations surtout celles africaines à la faillite, la dérive par
la course à la surenchère et une compétition sportive qui devient inéquitable en
raison d’une très grande différence de moyens face aux instances européennes,
américaines, australiennes et asiatiques.
Au sein de certaines instances sportives en Afrique, un certain nombre de questions
émergent en filigrane : comment se prennent les décisions dans les instances
sportives africaines ? comment ces décisions sont-elles influencées par les pressions ?
comment s’y exerce le pouvoir ? quels sont les effets des modes de gouvernance sur
les styles de management et au-delà sur les performances. Un sujet qui devait même
intéresser les dirigeants sportifs africains dans ce 21 e siècle. Mais malheureusement,
ils se distinguent par des prises d’intérêt et l’opacité dans les processus décisionnels
sans compter l’instauration de véritables oligarchies qui s’approprient le pouvoir
dans le monde sportif. Notre conception positive, voire idéaliste du sport, se heurte
ainsi à une réalité scabreuse et dérangeante. Dans un tel contexte, aujourd’hui les
confédérations sportives africaines sont sans doute en première ligne, car pour les
dirigeants, le sport est, uniquement, à leurs yeux business et pouvoir. Une fédération
ou confédération internationale doit jouer le rôle de régulateur et non pas subir le
dictat de l’instance mondiale qu’elle suit comme un berger et son troupeau.
Il revient aux confédérations africaines d’encourager le processus de réforme que le
monde du sport africain, a besoin d’engager si elles souhaitent que le sport reste
porteur de valeurs éthiques, sociales et éducatives essentielles pour les sociétés
africaines, en particulier pour sa jeunesse. Leurs actions ne seront efficaces que si
elles agissent ensembles, de manière effective, au niveau international, ou du moins
africain.
Dans le monde sportif globalisé, aucune régulation unilatérale ne saurait produire les
changements souhaités. Les confédérations africaines doivent faire preuve d’une
volonté commune et engager les réformes nécessaires d’un commun accord entre les
divers acteurs : autorités publiques, confédérations, fédérations nationales sportives,

clubs. Les confédérations africaines doivent stimuler la réflexion et faciliter le
dialogue entre les parties prenantes, afin d’assurer une protection efficace aux
sportifs et à promouvoir l’amélioration des mécanismes de gouvernance au sein des
instances internationales sportives.
Dans le contexte actuel d’où s’opèrent de profondes mutations, il nous faut, au niveau
de l’Union Africaine (UA) faire un plaidoyer, accompagner l’adoption (d’une loi ou
code sur le sport), une loi régulant l’activité sportive dans son ensemble, afin de
traiter les problèmes qui ne peuvent pas être résolus efficacement par
l’autoréglementation sportive. Toutes les législations nationales devraient inclure des
dispositions détaillées visant la protection des intérêts des fédérations sportives
nationales délégataires de pouvoirs au sein des instances internationales à l’image du
Conseil de l’Europe et de l’Assemblée parlementaire européen. Il convient
aujourd’hui d’harmoniser, à l’échelon africain, la réglementation de la pratique
sportive et la participation des équipes nationales dans les compétitions
continentales et Mondiales.
Vous gagnez une coupe d’Afrique de basket vous vous retrouvez avec zéro franc
comme primes, vous organisez une coupe d’Afrique des nations de football vous
prenez en charge transport international, hébergement, restauration et perdiems de
tous les membres du Comex et des commissions sans compter le personnel de la
confédération et les invités, vous organisez les CAF Awards vous payez les droits
d’organisation à un demi- milliard de francs cfa. Il me semble indispensable
d’adopter des normes pour renforcer la transparence financière, revoir le mode de
participation des équipes nationales dans les compétitions continentales et celles
mondiales. Il faut aujourd’hui étendre à la gouvernance des instances internationales
(africaine comme mondiale) les principes démocratiques en vigueur pour les
gouvernements de nos pays et d’assurer que des mécanismes efficaces soient en place
afin que décisions protégeant les nations africaines au sein des instances sportives
internationales.
A cet égard, la bonne gouvernance, à tous les échelons du mouvement sportif, est une
condition nécessaire à l’éthique sportive. Elle en est la clé de voûte ! Nous devons
donc œuvrer afin que les règles et mécanismes de gouvernance soient revus et
améliorés.
Le monde du sport africain traverse un période de fin de cycle de ses dirigeants, qui
n’ont jamais été les premiers garants du système de valeurs, dont le sport doit être le
vecteur. Nous avons un monde du sport africain d’intérêts économiques financiers
qui n’ont rien à voir avec les valeurs. En résultent un manque de transparence, une
mal gouvernance et un déséquilibre à tous les niveaux. Il revient aux nations
africaines par le canal de l’Union Africaine (UA) et des instances régionales et sous-
régionales à moraliser ce système.
L’action des nations africaines doit viser à une plus grande transparence dans le
fonctionnement des instances sportives africaine. Ces dernières doivent avoir le
courage de mettre en œuvre des politiques de transparence et de ne pas se payer de
mots. Elles doivent être au service du sport, c’est là leur sa vocation, et leur seule
mission. La bonne gouvernance du sport est une exigence fondamentale pour
garantir l’autonomie des autorités sportives, et leur autoréglementation, certes, mais
dans le respect des principes de transparence, de responsabilité et de démocratie.

Il est vrai que le modèle américain, est de combiner deux logiques, celle du sport et
celle du spectacle, en limitant l’incertitude afin de garantir au spectateur-
consommateur. Passé ce constat sur la valeur sportive du modèle américain, il
convient de s’interroger de tels atouts du modèle américain. Toutefois, l’Afrique ne
doit pas céder, dans ce domaine, à une vision trop manichéenne. Aujourd’hui, le sport
est devenu un facteur économique important tant par l’ampleur du chiffre d’affaires
qu’il génère que par le nombre d’emplois qu’il crée. La professionnalisation du sport a
engendré un développement spectaculaire du niveau des compétitions, accompagné
d’un énorme succès populaire des événements sportifs, ce qui fait désormais du sport
un vecteur publicitaire très intéressant, avec d’énormes retombées financières tant
pour les organisateurs que pour les sportifs eux-mêmes.
A cet effet, il est victime de son propre succès. En effet, le milieu du sport n’est pas
seulement constitué de personnes à l’esprit sportif. L’attrait pécuniaire du sport fait
que gravitent aussi dans ce milieu des personnes qui cherchent avant tout le profit.
Ce qui a pour corollaire aujourd’hui de ternir considérablement l’image du sport.
Il s’agit donc de réagir de concert avec le mouvement sportif et dans le respect de
l’autonomie de ce dernier. Il ne s’agit pas de se substituer au mouvement sportif
« privé ». Par contre, il appartient aux autorités publiques d’intervenir là où l’intérêt
commun est en danger. C’est dans cet esprit que, le mouvement sportif africain et les
autorités publiques doivent collaborer pour sauvegarder les valeurs du sport dans
l’intérêt et de la cohésion de la société africaine.
Aujourd’hui, pour l’avenir du sport africain, il est indispensable que les fédérations
nationales sportives à qui, les États ont délégué des pouvoirs, soient rassurées que les
décisions, même si elles prêtent le flanc à la critique, ne soient pas entachées de
manque de transparence, de mal gouvernance, et de déséquilibre. Le sport est
aujourd’hui confronté à une commercialisation extrême qui fait qu’il connaît des
profits gigantesques. Cependant, il faut reconnaitre que le sport ne peut être une
zone de non-droit. Il y va de l’Etat de droit. L’autorité publique doit faire appliquer
les règles de droit commun. Le sport dans sa globalité doit être réglementé et bien
gouverné.
Pierre de Coubertin définissait ainsi l’esprit sportif : « Le sport va chercher la peur
pour la dominer, la fatigue pour en triompher, la difficulté pour la vaincre ». Mais
aujourd’hui, l’irruption d’une manne financière dans le sport, la médiatisation de
certains événements sportifs ont entraîné des dérives. Diriger et gérer à tout prix, à
n’importe quel prix et le leitmotiv des dirigeants africains !
Mbaye Jacques DIOP
Master 2 Droit et Economie du Sport

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