Les leaders de Benno Siggil Senegaal veulent avoir un candidat de l’unité pour la présidentielle de 2012. C’est l’engagement fort qu’ils ont pris, le samedi 14 mai, lors du meeting régional tenu à la Place de Gao de Ziguinchor. La priorité, selon eux, est de mettre en place une équipe et de procéder ensuite au choix du capitaine. Mais, ils sont tous convaincus que seule l’unité fera partir Me Wade et son régime. Ce qu’on pourrait désormais appeler le « serment de Ziguinchor » a été fait devant des militants et sympathisants venus des quatre coins de la région de Ziguinchor.
(Ziguinchor, Envoyé Spécial) Les leaders de l’opposition significative, réunis au sein de Benno Siggil Sénégal, ont fait serment, samedi 14 mai, à Ziguinchor, de trouver un candidat de l’unité pour aller à l’assaut des suffrages de leurs compatriotes à la présidentielle de février 2012.
Sur le podium du grand rassemblement de Benno, où se sont succédé les leaders comme Robert Sagna, Ousmane Tanor Dieng, Moustapha Niasse, Pr Abdoulaye Bathily, Amath Dansokho, Pr Madior Diouf, Mamadou Lamine Diallo, Aly Aïdar, El Hadj Momar Samb, Landing Savané, Benoît Sambou (qui a représenté Macky Sall), l’unité de l’opposition a été réaffirmée, de même que l’urgence à « balayer » le régime de Me Wade. Et le signal de la « Grande offensive pour le départ de Wade », a été donné, le samedi 14 mai, à l’occasion du grand meeting régional de Benno tenu à la place mythique de Gao de Ziguinchor.
Les exigences des populations
Pour l’historien Nouha Cissé, ancien Proviseur du lycée Djignabo, cette « Grande offensive pour le départ de Wade » ne doit pas se limiter à un simple slogan, mais doit se traduire dans le quotidien de chaque citoyen. « Les populations doivent exiger des leaders de Benno l’unité en présentant le candidat le plus représentatif. Il y a des facteurs qui nous affaiblissent, c’est pourquoi les leaders doivent faire serment de l’unité, car la mère des batailles, c’est la mobilisation pour débarrasser le pays de ces saletés. Mais cela suppose le dépassement ; il faut s’élever au-delà de nos ego et n’avoir en tête que l’intérêt du pays », a martelé l’historien. Son message n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd, si l’on en juge la déclaration d’El Hadj Momar Samb, l’un des leaders de Benno : « Nous voulons un candidat de l’unité, mais ce que nous mettons en avant, c’est le collectif, l’équipe de l’unité et après un capitaine. Pour nous, l’ère des messies est dernière nous et les populations doivent refuser de croire aux marchands d’illusion ».
Les intérêts du Sénégal d’abord
Le secrétaire général du Parti socialiste (Ps), Ousmane Tanor Dieng, est aussi d’avis que c’est par l’unité que Me Wade sera chassé du pouvoir. « Cette unité est possible si nous le voulons, si au-delà de nos partis, nous plaçons les intérêts du Sénégal en avant. Je le pense très sincèrement », a lancé le socialiste en chef, avant d’ajouter : « A partir de Ziguinchor nous prenons l’engagement d’avoir un candidat de l’unité». Auparavant, Ousmane Tanor Dieng a déclaré que « le problème du Sénégal, c’est Me Wade et la solution, c’est de le faire partir ».
“C’est du solide, c’est du béton…“
A sa suite, Robert Sagna, ne se fait aucun doute sur la réalité de cette unité de Benno : « c’est du solide, du béton », dit-il. L’ex maire de Ziguinchor a parlé de l’unité d’action réalisée par les leaders de Benno qui sont tombés d’accord sur un projet de Constitution, le programme de gouvernement, la Charte de bonne gouvernance, etc. le tout adossé, dit-il, aux conclusions des Assises nationales. Et de souligner qu’après la victoire de 2012, le plus important est de mettre en place une équipe qui gagne.
En tout cas, Aly Aïdar est lui convaincu que l’unité des leaders de Benno doit s’accompagner de l’engagement de toutes les franches de la population, particulièrement des jeunes. Il a fait allusion au printemps de la liberté qui est en train de souffler dans les pays arabes et du rôle des jeunes dans ces « révolutions ». L’écologiste n’a pas oublié de parler de ces rizières envahies par le sel, ces sols qui s’appauvrissent, ces forêts détruites, du pillage de nos côtes, pour conclure sur la nécessité de réhabiliter l’environnement.
Aux forces réelles, occultes, mystiques…
Pour Landing Savané, « Wade doit partir » parce qu’il a trahi ses compagnons, ses alliés et le peuple. Et de révéler que ce dernier est en train de préparer « la plus grande fraude du siècle ». A titre d’illustration, il a donné « l’exemple des localités comme Bounkiling, Goudomp, Bignona, etc où les populations ne peuvent pas se procurer de la carte d’identité ». Mais pour lui, les leaders de Benno ne laisseront pas faire : « nous ne l’accepterons pas et je lance un appel à toutes les forces, réelles, mystiques ou occultes pour faire partir Wade », dit-il.
Le vieux de 90 ans….
Le Pr Abdoulaye Bathily est convaincu d’une chose : « un homme de 90 ans ne peut pas diriger le Sénégal ». Et de lancer en direction de ses collègues leaders : « désormais, après la victoire de 2012, nous devons faire serment de mettre notre pays sur les rails de l’unité et de intégrité. En traitant de manière équitable toutes les entités culturelles du pays ; en traitant toutes les ethnies sur un pied d’égalité, avec cette exigence de faire de la tolérance religieuse une réalité ».
La question de la paix en Casamance a occupé une place importante dans les interventions des leaders de Benno.
Intrigues et responsabilités
Amath Dansokho du Parti de l’indépendance et du travail (Pit) soutient que « Me Wade ne veut pas de la paix en Casamance », parce qu’il « ne souhaiterait pas que ses intrigues, ses responsabilités dans le conflit soient étalées au grand jour ».
Quant à Benoît Sambou qui a représenté Macky Sall, il a demandé aux leaders de Benno de prendre l’engagement, une fois élus, de faire de cette question de la paix une priorité, de mettre la Casamance au cœur de leurs préoccupations.
Mamadou Lamine Diallo de Tekki a révélé que « le Sénégal, depuis le début de la crise casamançaise jusqu’à maintenant a perdu 2500 milliards de Fcfa ». Il a eu ensuite une pensée pieuse en direction de toutes les victimes de la catastrophe du bateau « Le Joola ». L’économiste a parlé de la déliquescence du tissu industriel : « pas d’usines, pas d’emplois pour les jeunes. Mais la priorité, c’est la paix en Casamance ». Et de lancer aux populations de Ziguinchor : « Benno aux élections locales de 2009 a gagné Dakar, Louga, Saint-Louis etc. et a perdu dans la Casamance naturelle. Donc, il est temps de se lever pour dire non à Me Wade ».
Sur cette question, Moustapha Niasse, a lancé un appel à toutes les forces vives pour que la paix revienne dans cette partie du Sénégal. Il a salué les efforts du Cardinal Théodore Adrien Sarr dans la recherche d’une paix définitivement en Casamance.
Le patron de l’Afp n’a pas manqué d’humour en qualifiant Me Wade de « Président Ninkinanka, quand tu le vois le premier, tu meurs, quand il te voit le premier, tu meurs ».
Le leader du Rnd, Madior Diouf a déclaré que Wade ne peut pas se représenter en 2012 et qu’il doit partir. Il lui attribue aujourd’hui la déliquescence du système éducatif, sanitaire du pays. Madior Diouf a demandé aux jeunes d’aller s’inscrire sur les listes électorales et d’être vigilants. C’est le même appel que Fanta Diallo, des jeunesses féminines de Benno, a lancé aux jeunes.
Le meeting qui a enregistré la présence de militants venus des quatre coins de la région de Ziguinchor, a pris fin aux alentours de 20h 30 minutes.
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