Deux hauts diplomates américain et chinois ont entamé des discussions lundi 14 mars à Rome, dans la plus grande discrétion, alors que, selon le journal américain New York Times, la Russie aurait demandé l’aide économique et militaire de la Chine pour la guerre en Ukraine et contourner les sanctions occidentales. « Fausses nouvelles » pour Pékin, mais Washington entend tout de même signifier les limites à ne pas franchir vis-à-vis de Moscou, qui a intensifié ses frappes en Ukraine.
Le conseiller américain à la Sécurité nationale, Jake Sullivan, a passé son dimanche à mettre en garde Pékin à travers les médias : la Chine ne peut aider la Russie à contourner les sanctions économiques sans aucune conséquence. Pour justifier ses soupçons, l’administration Biden a confié hier aux principaux quotidiens américains que la Russie aurait sollicité la Chine pour obtenir de l’aide et de l’équipement militaire notamment.
Ce sont les principaux messages que Jake Sullivan entend passer au haut conseiller chinois, Yang Jiechi, à Rome lors d’une rencontre dans la plus grande discrétion. Celui-ci aura alors deux options : celle de continuer à jouer les équilibristes, en conservant des distances polies avec la Russie à propos de la guerre en Ukraine pour ménager les États-Unis et l’Europe, ses deux partenaires commerciaux.
Ou encore celle de dévoiler un jeu que craint Washington de plus en plus : celle de voir s’aligner la Chine derrière la Russie sur l’invasion en Ukraine, en espérant que cela favorise « la vision de l’ordre du monde » que Pékin souhaite voir s’installer à long terme.
« Fausse nouvelle »
Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères n’a pas démenti directement l’information rapportée des médias américains, mais quand arrive une question sur une demande par la Russie de matériel militaire à la Chine, il évoque une « fausse nouvelle » et parle même « d’intentions malveillantes » dans sa diffusion, rapporte notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde.
Guerre des mots : l’administration Biden accuse la Chine de relayer la désinformation russe sur de pseudo « armes biologiques » concoctées dans des laboratoires en Ukraine ; le pouvoir chinois vient de son côté d’accuser Washington de propager des contrevérités sur le rôle de la Chine dans la guerre en Ukraine.
La coopération de la Chine sur l’Ukraine contre de meilleures relations économiques avec Washington
À Rome, Chinois et Russes n’ont pas les mêmes priorités. La Maison blanche entend concentrer les discussions sur les répercussions de la guerre de Vladimir Poutine en Europe orientale, en empêchant un soutien de la Chine à la Russie. Les dirigeants Chinois, eux, ne veulent pas se laisser enfermer sur la question ukrainienne, et poussent pour rester sur l’agenda initial d’une suite à donner aux accords conclus par Joe Biden et Xi Jinping en novembre dernier.
Ce serait du donnant-donnant : une amélioration des relations commerciales entre les deux premières puissances du monde… contre la coopération de la Chine sur la question ukrainienne.
« Les États-Unis doivent fournir des gages pour obtenir le soutien de la Chine, telles que des avancées en matières commerciales ou sur les investissements », ecrit ainsi sur Twitter Chen Dingding, fondateur d’un think tank indépendant sur les relations internationales.