[Guest-Edito] Monde arabe : une tempête planétaire Par Landing Savané

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Après la Tunisie et l’Egypte dont les Présidents ont dû s’effacer, la Lybie est aujourd’hui au cœur du cyclone tandis qu’en Algérie et au Maroc, mais aussi en Jordanie et à Bahreïn, les masses arabes exigent des réformes profondes. Au Yémen, un président usé par plus de trente années de pouvoir fait face à des populations avides de changements. Et la liste n’est pas terminée puisque déjà à Oman, les premiers affrontements se font entendre. C’est dire que depuis près de deux mois, une tempête d’une violence extrême secoue le monde arabe voire l’ensemble de la planète.

 

Un monde s’effondre, de toute évidence, dans les pays arabes, sans qu’on ne puisse dire encore dans quel sens les choses vont évoluer. La soif de liberté et de démocratie apparait comme le socle commun de tous ces soulèvements des masses arabes aux mains nues rejointes, dans certains pays, par leurs armées qui ont, alors, fait basculer les choses et permis la victoire des contestataires. Il y a vingt ans en Afrique au Sud du Sahara, le vent du changement avait soufflé avec moins de violence, sans doute, au lendemain de la chute du mur de Berlin. Les changements de l’époque avaient permis à nombre de pays, à travers notamment les conférences nationales souveraines, de renouer dans une certaine mesure avec les normes de gouvernance démocratique. Aujourd’hui encore, cette révolution démocratique est loin d’être terminée. Mais le monde arabe, malgré son unité culturelle apparente, est confronté à une situation beaucoup plus complexe et préoccupante. La révolution démocratique arabe, par la proximité de la région avec l’Europe, apparait aux yeux de beaucoup de pays occidentaux comme un risque et une menace potentielle. Les dictateurs en place étaient des partenaires commodes et l’Union de la Méditerranée devait permettre de mieux gérer le pétrole et les migrations entre deux régions : l’Union Européenne d’un côté, le monde arabe et l’Afrique de l’autre. Ce cadre est confronté désormais à un avenir incertain. Israël, malgré la sérénité affichée, se pose des lancinantes questions sur l’avenir. Les Etats Unis et les pays riches en général se posent la question de savoir si l’islamisme radical ne sera pas un des principaux bénéficiaires de la révolution démocratique en cours et ils se demandent dans quelle mesure l’islam modéré pourra s’imposer face aux assauts d’Al Qaîda et de la galaxie terroriste. C’est dire que la violente tempête qui secoue le monde arabe ne doit pas être considérée comme une crise locale comme ce fut le cas en Afrique Noire dans les années 1990. Il s’agit bien d’une crise mondiale par les enjeux pour toutes les régions du monde. Même l’Afrique au Sud du Sahara, généralement marginalisée dans les grandes crises internationales, est aujourd’hui interpellée. AQMI est aux portes des pays sahéliens, déterminée à se frayer une voie en Afrique Subsaharienne et cette région, nouvelle grande productrice de pétrole, ne peut manquer de jouer un rôle dans le choc pétrolier qui s’annonce. Les masses africaines subsahariennes qui, dans de nombreux pays, se sont senties flouées dans leur soif de changement au lendemain des transitions avortées des années 1990, ne peuvent manquer de trouver dans les événements qui secouent le monde arabe, une nouvelle source d’inspiration pour relancer, selon des modalités qui leur seront propres, la transition démocratique bloquée dans beaucoup de pays dont les peuples sont avides de tourner définitivement les pages du despotisme, éclairé ou non, pour accéder enfin à une gouvernance moderne dans laquelle liberté d’expression et efficacité économique feront bon ménage. Pour l’heure, la préoccupation de l’ensemble de la communauté internationale est de contenir la tempête en cours et de limiter les dégâts politiques, économiques et sociaux qu’elle pourrait causer. Il n’est pas évident qu’un tel objectif soit à portée de main et il serait sans doute plus productif de saisir le moment actuel pour s’engager dans la voie de la reconstruction des relations internationales qui seront nécessairement affectées par les événements en cours car après cette tempête rien ne sera plus comme avant. Israël qui en a conscience pense déjà à chercher un accord intérimaire avec les Palestiniens afin d’éviter que la révolte ne gagne les territoires occupés. L’avènement de nouvelles résistances populaires fondées sur le pouvoir quasiment incontrôlable des réseaux informatiques annonce, sans aucun doute possible, une phase nouvelle de la mondialisation où les frontières ne seront plus un obstacle à la propagation des idées et des mouvements de protestation vers les pays les plus vulnérables par la faiblesse de leur système démocratique.

Landing SAVANE, Secrétaire Général And-Jëf/PADS

 

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