« Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie
Ont droit qu’à leur cercueil la foule vienne et prie… »
Deede Oumar, la foule est bien venue vendredi 3 mai 2013 ; d’abord à la mosquée Omarienne où, après la prière du Jumu’a, les fidèles ont à l’unisson imploré en ta faveur la Miséricorde du Seigneur. Elle est aussi et surtout venue à Yoff, de partout et de ton cher Njaaréem – n’est-ce pas ainsi que tu as toujours appelé Diourbel ? – t’accompagner dans un silence de recueillement, vers ta dernière demeure. Ce n’était guère que des grosses légumes, des personnalités de la high-class ; cette foule était plutôt celle des simples gens pour ne pas dire des damnés de la terre, au bien-être desquelles tu as consacré ta vie entière. Spontanée, confuse et atterrée, comprenant entre autres un bataillon de tes innombrables « homonymes », expressions vivantes du respect, de l’admiration et de la reconnaissance de tant d’amis et de parents à ton égard, elle est accourue pour témoigner devant Dieu, les Anges et les Hommes, que n’ayant vécu que pour elle, tu n’as pu mourir que pour elle ! En effet, médecin et patriote, tu as parcouru maints coins et recoins du pays de Senghor au gré des affectations. Quand le régime de ce dernier croyait réprimer ton engagement politique et tes opinions contraires au siennes en t’éloignant des grands centres, tu louais quant-à toi le Seigneur pour cette « faveur », de te rapprocher ainsi des couches de ton peuple dont tu étais persuadé qu’elles avaient le plus besoin de toi. C’est donc toujours avec une joie enthousiaste que tu as vécu et travaillé partout où ton administration t’a envoyé, auprès de tous ceux qui, en Casamance, au Baol ou ailleurs, te pleurent aujourd’hui.
Ainsi donc, avec ta disparition brutale, nombreux sont tes orphelins, à travers tout le Sénégal. Les plus peinés cependant sont ceux que tu as laissés à Diourbel, ton cher Njaaréem ! Combien de femmes, de jeunes, de personnes âgées de cette ville et de sa région, se retrouvent inconsolables, sevrés à jamais qu’ils sont de ta sympathie, de tes soins et de ton assistance multiforme. Combien sont-ils, qui peuvent se souvenir, que malades et dépourvus de ressources, tu leur as consenti la consultation gratuite, leur a offert les médicaments, et parfois même le repas et le billet du retour. Décidément ta clinique Khadimou Rassoul est très loin d’avoir été pour toi un moyen d’enrichissement, comme en ont témoigné, déjà de ton vivant les personnels qui y travaillaient avec toi.
Mais tes anciens malades ne sont pas les seuls à te regretter. Le champ politique et civil local ressent aussi le vide que tu as laissé. Tes camarades du Parti Populaire Sénégalais (PPS), tes anciens camarades du Parti Africain de l’Indépendance (PAI-Sénégal), tes partenaires des coalitions victorieuses Bennoo Siggil Senegaal (BSS) et Bennoo Bokk Yaakaar (BBY), tous ont en mémoire ta générosité et ton sens du sacrifice pour les idéaux communs, tes efforts constants pour la cohésion, l’unité et la solidarité dans l’action. Jusqu’aux adversaires les plus intraitables, aucun Diourbellois ne pourra oublier les nombreuses entreprises que tu as initiées pour que « se réalise la prédiction de Cheikh Ahmadou Bamba, que Njaaréem devienne une grande métropole, phare de l’Afrique », ainsi que tu le disais lors du colloque du 14 octobre dernier dont tu as été l’initiateur. Ce colloque fut peut-être l’occasion de l’une de tes dernières apparitions publiques avant et après le douloureux décès de ton épouse, cette sublime créature dont le Seigneur t’a gratifiée, et qui t’a épaulé des années durant. Ce jour là, justement en présence de cette grande dame et de sa coépouse, Njaaréem a une fois de plus vu et senti tout l’amour que tu lui as toujours voué. Ce jour là encore, tu as exprimé au bord des larmes, ta désolation devant l’abandon dont ta ville était l’objet ; puis avec la conviction fondée sur la science que tous te reconnaissent, tu as étalé les multiples atouts dont la nature a doté Diourbel, aux antipodes du sort qui est le sien ; enfin tu as de manière si pathétique, invité les njaaréem-njaaréem au sursaut, seule condition de réalisation de ton rêve d’un Njaaréem ressuscité et rayonnant de ses éclats d’autrefois. Pour ce faire, tu n’as pas manqué d’indiquer la voie : un comité d’initiative qui trouverait les stratégies propres à engager tous les fils de Diourbel dans un processus de prise en charge citoyenne des problèmes de leur ville.
Hélas, nous avons dû nous plier à la volonté du Tout-Puissant : la première rencontre préparatoire à l’organisation de ce comité, rencontre que tu aurais proposée pour le dimanche 5 mai n’a pas eu lieu ; à la place, nous avons suivi la lecture du Saint Coran et formulé des prières pour le repos de ton âme ! Allaahu Akbar !
Bref, Deede Oumar, promesse t’est faite que nous ne baisserons pas les bras. Qu’Allah nous donne la force de suivre la voie que tu nous as ouverte. Que ton exemple nous inspire à jamais. Qu’Allah t’accorde Sa grâce. Aamiin.
« Innaa lillaahi wa innaa ileyhi raaji’uun ».
THIES, le 09/05/2013.
Ibrahima SOW
Tres beau temoignage, que le Tout Puissant lui pardonne ses peches et lui reserve une place de choix dans le meilleur des Paradis. Dr Wone etait un homme genereux, amoureux de Diourbel. C’est une grande perte pour Diourbel et le Senegal entier. Je presente mes condoleances a sa famille, particulierement a son fils Abdoulaye qui etait mon promotionnaire du primaire jusqu’en terminale. Qu’Allah vous donne la force de passer a travers ces moments difficiles. Amine !
A mon ancien eleve Baba Galle Wone a l’ecole Algor Dioum (Diourbel) et a toute sa famille, je presente mes condoleances les plus sinceres.
C’est toujours un plaisir de se rappeler les souvenirs d’un brillant sujet.
Mouhamed Mboup
Indianapolis USA
Baba Gallé est malheureusement décédé lui aussi, en 2011…