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Hommage du Comité Central du PIT/SENEGAL à Amath Dansokho, Ministre D’Etat, Président du Parti

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Mesdames et Messieurs
Un préalable pour commencer.
Un préalable par esprit de justice, par respect pour un choix de vie.
Un préalable par égard à des principes qui, quant au fond, ont structuré toute une existence.
L’homme qui nous réunit cet après-midi avait une perception bien singulière de certaines mondanités. Il n’était pas particulièrement porté vers les célébrations et redoutait, par-dessus tout, la glorification ou, à tout le moins, ses avatars pouvant mener à des excès bien dommageables.
Et, s’il en est bien ainsi, il nous faut rendre raison de la manifestation du jour, expliquer pourquoi le PIT a tenu, envers et malgré tout, à rendre hommage à Amath Dansokho.
Le PIT veut, en témoignant sur Dansokho, faire œuvre de mémoire. Le Parti de l’Indépendance et du Travail, par cette cérémonie solennelle, cherche à donner des repères, des repères qu’il estime utiles, voire indispensables dans la période, notamment pour les jeunes générations mais pas seulement…
Parlant d’Amath, nous nous adressons à nous-mêmes, au Sénégal tel qu’il va, à toutes les femmes et à tous les hommes qui se mêlent de politique.
Car Amath Dansokho était un homme politique. Un homme politique animé par un dessein qu’il énonçait par cette formule connue : « Je me veux être un homme libre toujours en quête de plus de liberté et de justice sociale. »
Son engagement fut précoce. Elève, il mena des grèves au Collège Blanchot de Saint Louis. Son rejet de la politique assimilationniste du colonialisme français, incarnée à l’époque par la « Section Française de l’Internationale Ouvrière » de Lamine Guèye, fit de lui un partisan de Léopold Sédar Senghor, théoricien de la Négritude, alors dirigeant du « Bloc Démocratique Sénégalais » (BDS), opposé à la SFIO dont il sortait des flancs.
Amath découvrit le marxisme au bord d’un train. En effet, lisant « Le fils du Peuple » de Maurice Torez entre Dakar et Tambacounda, il vit s’éveiller en lui, de façon tenace et persistante, un sentiment qui ne le quitta plus. Celui du rejet de toute exploitation de l’homme par l’homme. Ce qu’il décelait non seulement dans la lutte des cheminots de la ligne ferroviaire Dakar – Niger mais aussi dans celle contre la spoliation des paysans producteurs d’arachides par les  » Traitants » Libano-Syriens, pour le compte des Entreprises commerciales de Bordeaux et de Marseille…
Quasi naturellement, en réaction contre le BDS sur la question de l’Indépendance et de l’Unité Africaine, il adhéra au Parti Africain de l’Indépendance crée en 1957.
C’est ainsi qu’étudiant il fit ses premiers pas dans la lutte pour l’Indépendance, la Démocratie et l’Unité Africaine en perspective du socialisme, comme y appelait le « Manifeste de 1957 ».
Le référendum de 1958, organisé par la France sur la question de l’Indépendance de ses colonies donnera l’occasion à Dansokho de participer, au sein du PAI, à la tentative de mise en œuvre de son mot d’ordre:
« MOM Sa REW, BOKK Sa REW, DEFAR Sa REW ».

Les initiatives du PAI pour donner corps à son option dans le cadre d’un front de partis politiques acquis à la cause de l’Indépendance Nationale ont permis à Dansokho de vivre, à grande échelle, ce que la théorie de la lutte des classes pouvait avoir comme retentissement dans la pratique des partis politiques au Sénégal.
Pour le référendum de 1958 par exemple, le front unitaire auquel appelait le PAI ne put se matérialiser, les partis les plus significatifs à l’époque s’alliant avec le BDS pour former l’Union Progressiste Sénégalaise (l’UPS).
Il nous faut insister la dessus : La base de la démarcation fut la négation par ces partis, de l’existence de classes au Sénégal, et donc de la lutte des classes c’est-à-dire, du fondement même de l’orientation idéologique du PAI.
Même une dissidence de l’UPS, formant le « Parti du Rassemblement Africain », (PRA- Sénégal) quoiqu’ appelant à voter, comme le PAI, pour l’Indépendance nationale, se démarquera néanmoins du front auquel appelait le Parti de Dansokho.
Cette expérience fit comprendre à ce dernier la nature de classe petite bourgeoise des couches moyennes intellectuelles dirigeant ces Partis politiques et se méfiant du PAI, perçu comme porte étendard du Marxisme Léninisme en Afrique de l’Ouest francophone.
L’octroi par la France, en 1960, des attributs de l’Indépendance nationale, non pas au PAI et/ou au PRA – Sénégal, qui la réclamaient, mais à ceux qui d’une certaine manière n’en étaient pas demandeurs, édifia Dansokho quant à la la nature sociale du nouveau pouvoir qui allait désormais gouverner le Sénégal.
Percevant ce qui se jouait comme une nouvelle variante de la domination française sur le destin du peuple Sénégalais, il participa activement à la recherche de constitution d’un nouveau front avec le Pra- Sénégal et avec les partisans du Pr Cheikh Anta Diop, dans le dessein de parvenir à une véritable Indépendance du pays.
C’est dans cette optique que le PAI proposa des listes d’union avec ces Partis lors des élections municipales de 1960, des listes qui n’ont pu se faire que dans certaines localités, dont Mbour. Le PAI dût affronter seul l’UPS dans la commune de St-Louis et l’accula au point de l’obliger à s’auto proclamer vainqueur tout en réprimant très sévèrement les manifestations de contestations des résultats.
C’est en raison de ces événements de St Louis que le pouvoir de l’époque interdit le PAI. Le Parti, après trois ans de vie légale et avant même de tenir son premier Congrès pour adopter ses Statuts et réactualiser son Programme, fut contraint de rentrer dans la clandestinité durant une séquence temporelle baptisée par l’opinion « années de plomb ».
Ainsi Amath Dansokho, à l’instar de ses camarades, dut se faire à la lutte dans la clandestinité. Une lutte qui l’amena à Bamako qui a abrité le premier Congrès du Parti en 1962 où il fut élu parmi le groupe dirigeant, puis à Alger et enfin à Prague où il représenta le Parti à la  » Revue Internationale » créée par les Partis Communistes et des Mouvements de Libération nationale.
C’est surtout à Prague, en Tchécoslovaquie, qu’Amath a manifesté sa nature « d’homme libre en quête de plus de liberté ». En effet, il n’hésita pas un seul instant, au moment de l’invasion de cette ville par des troupes du pacte de Varsovie, à condamner fermement celles-ci et à exiger leur retrait, se conformant à la position du Parti.
La réaction du « Parti Communiste de l’URSS » (PCUS) ne tarda pas. L’exclusion d’Amath de la  » Revue Internationale » et son expulsion de Prague furent décrétées. Ce qui a été entravé par la détermination et le soutien de ses camarades de la  » Revue Internationale » qui l’avaient en haute estime et grande considération, tenant particulièrement à la qualité de son travail et à sa chaleur humaine.
Le même soutien fut reconduit, lorsque le PCUS tenta de lui interdire de figurer dans la délégation de la  » Revue Internationale » qui devait participer à son Congrès de 1970 à Moscou, ou , une fois arrivé à Moscou, de prendre contact avec ses camarades .
Dansokho dut du reste recourir à une grève de la faim et, toujours soutenu par ses collègues de la Revue, obtient que les dirigeants locaux du Parti, viennent à l’hôtel où la délégation était logée, pour l’y rencontrer et tenir une séance de travail avec lui.
Pour dire que c’est assurément à la  » Revue Internationale » qu’Amath a conforté son engagement marxiste, se forgeant une vaste culture générale qui contribuera à l’efficacité de son travail à la direction du Parti notamment à son retour au pays, aux côtés de Seydou Cissokho élu Secrétaire général du PAI par la Conférence rectificative de 1967 et confirmé dans ses responsabilités au second Congrès de 1972.

Il faut le souligner : Amath a contribué à la victoire du Parti sur les tenants, en son sein, de la  » lutte armée », puis à la victoire sur ceux de ses dirigeants qui soutenaient la  » théorie du masque indispensable », voulant dissoudre le PAI dans le Parti du Professeur Cheickh Anta Diop, pour s’en servir pour atteindre les masses. Amath a aussi été un des artisans de la victoire sur les forces qui se réclamaient du Marxisme et qui professaient  » l’Unité des Marxistes avant l’Unité des forces patriotiques ».
Autant de pas en avant qui se sont matérialisées par l’alliance autour du journal  » AND SOPI », avec les partisans du Président Mamadou Dia, adepte d’un  » Socialisme autogestionnaire » en rupture avec l’UPS devenu par la suite,  » Parti Socialiste » (PS), puis avec le libéral Abdoulaye Wade et le  » Parti Démocratique Sénégalais » , autour du  » SOPI », durant « les années de braise » sous le Président Abdou Diouf, avec à la manouvre le puissant Ministre d’Etat, Secrétaire Général de la Présidence, feu Jean Collin.

C’est surtout en 1989, en pleine crise post- électorale de la Présidentielle de 1988, et au cœur d’un conflit meurtrier avec la Mauritanie, à deux doigts d’une guerre entre les deux pays, que Dansokho, alors Secrétaire Général du PAI, puis du PIT/SENEGAL à côté de feu Seydou Cissokho qui en était le Président, a su imprimer une marque personnelle de sortie de crise. Il contribua à l’élaboration d’une position originale et lucide du Parti et aida à sa mise en œuvre éclairée, grâce à une expérience forgée par son parcours de combattant.
Non seulement il porta courageusement le refus du Parti de toute guerre avec la Mauritanie dans un contexte national où les va- t- en guerre venaient de tous côtés, mais il appela aussi à la concertation entre les forces vives de l’opposition et du pouvoir pour, à la fois , dénouer pacifiquement la crise post –électorale et se rassembler aux fins de défendre la Nation en cas d’attaque du Sénégal par un quelconque pays voisin.
Cette prise de position publique ne fit pas que contribuer à baisser la tension entre le Sénégal et la Mauritanie ; elle propulsa Dansokho au rang d’un homme d’Etat, soucieux de la défense des intérêts de son peuple et de la paix avec ses voisins.
Elle eut également l’originalité de faire rompre le PIT d’avec sa politique d’alliance qui avait prévalu jusque-là et qui se limitait aux forces de l’opposition, quelles que soient par ailleurs les différences idéologiques…
Il n’est peut-être pas inutile d’indiquer que tout cela se déroulait dans un contexte international de Pérestroïka en Union Soviétique mettant fin à la « guerre froide » et changeant fondamentalement les rapports entre Partis communistes, mouvements de libération nationale et URSS.
Dansokho, et l’équipe dirigeante du PIT avec lui, comprenait que le schéma qui avait prévalu depuis la création du PAI, schéma d’une« Révolution Nationale Démocratique »comme moyen pour s’engager dans la voie non capitaliste de développement », grâce à l’appui des pays socialistes de l’Europe de l’Est, avait épuisé ses possibilités historiques.
Il fallait donc désormais lutter, non plus pour contourner ou éviter la phase capitaliste de développement du Sénégal, mais bien lutter contre le capitalisme tel qu’il s’y développe, en vue de sa transformation en communisme, en passant par le socialisme.
Dansokho prenant la pleine mesure de cette mutation, amena le Parti à revisiter ses objectifs de changements révolutionnaires qui dorénavant passaient nécessairement par l’atteinte d’une première phase se déclinant en terme «d’ indépendance et de démocratie », pour jeter les bases de la lutte pour le Socialisme.
De cette réorientation est issue la « Stratégie de Large Rassemblement » pour dépasser , non seulement les « clivages « Gauche/ Droite», mais aussi, les clivages « Pouvoir/ Opposition » pour s’extirper de la crise post-électorale de 1988, et ouvrir la voie de l’Indépendance nationale dans le cadre d’une République démocratique laïque et sociale, redevenue l’ objectif révolutionnaire du PIT dans le court et moyen termes.
C’est avec la mise en œuvre de cette nouvelle stratégie, sous la Direction vigilante de son Secrétaire Général de l’époque, le regretté camarade Amath Dansokho, que le PIT est parvenu à obtenir, après le limogeage du puissant Ministre d’Etat Secrétaire Général de la Présidence qui en était le principal obstacle, la formation d’un Gouvernement d‘Union avec le PS et le PDS, comme modalité politique de dépassement de la crise post-électorale de 1988.
Et c’est bien dans ce gouvernement d’Union que, le Amath Dansokho « en quête de plus de liberté et de justice sociale », brillera de mille feux.
Peu le savent. Amath Dansokho conditionna son entrée dans le Gouvernement d’union par « la pause des politiques d’ajustement structurel » alors en vigueur. Il pesa de toutes ses forces pour la reprise des politiques de subvention des semences, engrais et matériels agricoles au profit des paysans, pour l’ouverture de négociations avec les syndicats et les organisations d’étudiants autour de leurs revendications. Il insista aussi pour disposer d’un Ministère où il pourrait venir en aide aux plus démunis.
La prise en compte de ces propositions par le Président Abdou Diouf s’est matérialisée, lors de la formation du gouvernement par l’octroi à Dansokho du Ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat, mais aussi par la pause effective de l’ajustement structurel que l’économiste principal de la Banque mondiale d’alors constata avec amertume dans son célèbre ouvrage : « Sénégal : ajustement ajourné » paru en 1992.
Pour l’histoire, précisons qu’à la lecture du Décret de répartition des Services de l’Etat de 1991, après sa prise de fonction, Dansokho, constatant que les principaux services qui devaient lui permettre de travailler à la satisfaction des populations lui avait été enlevés, prit la décision de démissionner. Ce que le Président Abdou Diouf refusa en lui restituant dans la foulée tous ses services, notamment la SICAP, la SNHLM et la Scat Urban.
En tant que Ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat, Dansokho fit prendre au Président Abdou Diouf d’importantes mesures sociales à l’exemple du branchement à l’eau et à l’électricité des quartiers non lotis de Dakar qui en étaient jusque alors exclus. Il instaura aussi une politique d’octroi d’un lieu de recasement des quartiers spontanés et d’aide au déplacement et à l’installation de leurs habitants, avant tout déguerpissement
C’est dans ce même élan que des mesures furent prises pour transformer les loyers simples de la SICAP et de la SN HLM en pleine propriété pour ceux des locataires dont le payement avait largement amorti le coût du logement et pour diminuer de 40% les prix des nouveaux logements construits par ces deux Société.
Amath mena, avec vigueur, une politique d’amélioration de l’habitat dans la banlieue à travers un projet de « restructuration et de régularisation foncière » qui permit à des milliers de pères ou mères de famille d’ accéder à la propriété foncière dans des quartiers assainis et lotis.
Ce fut aussi la période où la solidarité du PIT aux travailleurs et à leurs organisations syndicales se manifesta éloquemment avec le soutien sans faille au « Renouveau syndical de la CNTS avec Feu Madia Diop qui en était devenu le Secrétaire Général, et le soutien au SUTELEC en lutte contre la privatisation de la SENELEC. Le Secrétaire Général de cette organisation, recherché par la Police, trouva refuge chez Dansokho.
De même la solidarité d’Amath avec le monde rural se manifesta à travers les liens tissés avec le CNCR, dont le Président, Mamadou Cissokho devint un de ses meilleurs amis.
Dans le même temps, et en dépit ou à cause de son attachement à la justice sociale, l’esprit d’ouverture de Dansokho lui permit de tisser des liens d’amitié et de respect mutuel avec les principaux dirigeants du Patronat Sénégalais dont Mansour CAMA de la CNES, Baîdy AGNE du CNP, Dame Ndiaye et Idy Thiam Présidents successifs de l’UNACOIS.
Dans ces relations variées, au cœur de sa constante recherche de solutions les meilleures pour l’édification d’un Sénégal de paix, de justice et de progrès partagés, prévalait encore et toujours sa volonté d’être un homme libre, en quête de plus de liberté.
Aussi, bien que membre d’un Gouvernement d’Union depuis 1991, il n’hésita pas un seul instant, dans une déclaration du Parti d’Août 1995, à dénoncer avec le PIT la « Mal Gouvernance » dont souffrait le pays. Ce qui qui lui valut, on s’en rappelle, son exclusion du gouvernement de Diouf.
Mais sa manière de critiquer la gestion du pays fut si pertinente quelle inspira la Banque mondiale qui sortit par la suite et pour la première fois, des recommandations de « Bonne Gouvernance » dont elle finit par faire la règle de la coopération multilatérale et bilatérale avec les pays en développement.
Les mêmes causes conduisant aux mêmes effets, Amath et le PIT n’hésitèrent pas à critiquer le Projet de Constitution du Président de la première Alternance démocratique du Sénégal en 2000, le Président Abdoulaye Wade, aux motifs de renforcement et de concentration des pouvoirs entre les mains du Chef de l’Etat, lui donnant droit de vie et de mort sur le Pouvoir législatif après deux ans d’une législature de 5 ans.
Ce qui valut de nouveau à Dansokho d’être exclu du Gouvernement qui n’avait que très peu fini de franchir son septième mois d’existence !
Amath avait des qualités certaines. Il était un homme engagé. Il a été, toute sa vie dura nt, avide de liberté. Il s’est toujours battu pour plus de justice sociale. Il était ouvert aux autres, à la fois exigeant et tolérant, empli d’amitié et de respect quasiment pour tous. Rien de surprenant alors dans le fait qu’il ait fini de gagner la confiance des forces vives de la Nation.
D’abord celle de ses camarades de Gauche pour mettre en place, dans son salon, un rassemblement historique, dit « Pôle de Gauche ». Un Pôle qui, s’ouvrant aux autres forces de l’opposition pour constituer un large front face au PS, a donné naissance à la  » Coalition Alternance 2000″ (CA2000) encore dans son salon et a créé les conditions du second tour à la Présidentielle de Février 2000, et contribuer à la première Alternance démocratique au Sénégal qui portera le Secrétaire Général du PDS, Me Abdoulaye Wade, à la Présidence de la République.
La même confiance qu’il inspirait a également permis de réunir, le premier front de l’opposition contre le régime du Président Wade, le  » Cadre Permanent de Concertation » (CPC), qui après la Présidentielle de 2007 s’est élargi pour devenir  » Front SIGGIL SENEGAAL » dans toujours le même mythique salon.
Après le large succès du boycott des Législatives de 2007 auquel le « Front SIGGIL SENEGAAL » avait appelé pour protester contre le hold up de la Présidentielle de 2007 par le Président sortant et son refus de procéder à une évaluation du scrutin et du système électoral, Amath proposa, en toute modestie pour ne pas dire humilité au Parti, de se rendre en Mauritanie. L’idée c’était de s’enquérir de l’expérience des forces vives mauritaniennes qui, avant le Sénégal, s’étaient employées à organiser des assises nationales inclusives. Ces assises ne devaient pas, selon Dansokho, être confondues avec une conférence nationale qui dessaisirait les Institutions républicaines déjà en place de leurs prérogatives .Grâce aux relations d’amitié et de camaraderie avec les forces vives de ce pays frère, le PIT y envoya avec succès une délégation dont le retour d’expérience permit de proposer un schéma de sortie de crise aux dirigeants du Front SIGGIL SENEGAAL réunis dans le salon d’Amath.
C’est sur cette base que le Front Siggil Sénégal, de concert avec des organisations de la Société civile, des membres du Patronat, notamment le CNES et l’UNACOIS, du monde rural, avec le CNCR, des Centrales syndicales, notamment la CNTS, l’UNSAS, la CSA et le Synpics, des personnalités civiles et des forces militaires et de sécurité à la retraite, organisa les Assises Nationales.
Et pour nous du PIT, la tenue des « Assises nationales du Sénégal » n’a été rien d’autre que la traduction grandeur nature de la « Stratégie de large rassemblement » servant de boussole à toutes les actions de Dansokho et de son Parti.
Pour la première fois au Sénégal se dégageait un consensus particulièrement large autour des  » Conclusions » issues des travaux de sénégalais de tous bords, unis par le dessein de sortir leur pays de la grave crise installée par la gestion du pouvoir du Président Wade, qui comme son homologue Ould Taya de Mauritanie, avait boycotté les Assises nationales sans pouvoir empêcher leur tenue.
Pour la mise en œuvre des « Conclusions des Assises», le Front « SIGGIL SENEGAAL » s’ouvrit à d’autres organisations politiques et de la société civile et créa, encore dans le salon de Dansokho , une nouvelle et très large coalition : « BENNO SIGGIL SENEGAAL » (BSS) . Une coalition qui allant soudée aux élections municipales de 2009, fit perdre au pouvoir les principales communes du pays dont la Capitale.
Suite à ce revers qui ne présageait rien de bon pour lui en perspective de la Présidentielle de 2012, le Président de la République entreprit un projet de réforme des Institution pour tenter de s’assurer d’une victoire certaine, mettant en mouvement la manifestation populaire de protestation du 23 Juin 2010 à l’initiative de Amath Dansokho au nom de BSS, et d’Alioune Tine, Président du RADDHO.
Face à l’ampleur du mouvement de protestation du 23 juin, le président Wade dut retirer son projet de réforme en maintenant néanmoins sa volonté de briguer un troisième mandat. Un mandat perçu comme inconstitutionnel par les forces vives de la Nation qui avaient déjà fini de créer dans les locaux de RADDHO, le « mouvement du 23 juin » en désignant Amath Dansokho et Alioune Tine, co-Présidents.
Ce fut en plein cœur de la lutte populaire menée par le Mouvement du 23 juin, contre la candidature inconstitutionnelle du Président Wade pour un troisième mandat, que dans un meeting, des femmes du parti Socialiste ont paré Dansokho du drapeau de « Mandela du Sénégal ».
C’est cet homme, dont le mouvement qu’il co-présidait a créé les rapports de force qui ont obligé le Président Wade à aller au second tour de l’élection présidentielle de 2012, qui a contribué à mettre en place, une Coalition des coalitions, dénommée « BENNO BOKK YAKAR ». Faut-il seulement l’ajouter ? BBY remporta haut la main le second tour de l’élection présidentielle, portant le Président de la Coalition Macky 2012 au pouvoir. Un Président qui fit de Dansokho, pas seulement un Minitre d’Etat, mais son Conseiller spécial. Ce qu’il restera jusqu’à son dernier souffle.
C’est donc à ce grand homme d’Etat, éminent stratège politique et orfèvre en organisation sur des bases populaires et de classe, qu’au nom du Comité central du PIT, je rends ici hommage en tant que Secrétaire Général d’un Parti dont le Congrès qui m’a élu à cette fonction a vu sa participation pleine et entière.
Le Comité central du PIT prend ici l’engagement devant la famille d’Amath et devant le peuple sénégalais, prenant à témoin les amis et camarades venus de l’étranger pour participer à cet hommage, que cette immense œuvre de Dansokho ne sera jamais perdue. Sans la fétichiser, elle nous servira de guide dans l’action, toujours au service du grand nombre.
Le Comité Central, tout en présentant ses sincères condoléances à la famille éplorée de notre regretté camarade remercie sincèrement son épouse et ses enfants pour avoir accepté et enduré, des décennies durant, l’absence de l’époux et père qui a consacré le plus clair de son temps, à leur détriment, au service du Parti et du peuple Sénégalais.
Le comité Central associe à ces remerciements ses frères et sœurs qui l’ont toujours soutenu moralement, politiquement et financièrement, pour l’aider à pleinement assumer ses responsabilités au sein du PIT auquel il a consacré toute sa vie.
Samba Sy SG du PIT
Dakar le 21 Septembre 2019

1 COMMENTAIRE

  1. C’est avec tristesse que nous venons d’apprendre le décès de notre camarade Amath si nous avions été prévenus nous nous serions rendu à l’hommage que le PIT lui a témoigné. Nous étions sur DAKAR entre 2001 et 2005 et il ne se passait un mois sans que nous nous rencontrions pour échanger sur la situation sociale et politique du Sénégal et souvent au delà. Nous avions aussi tjrs plaisir à le recevoir lorsqu’il venait sur Paris. A l’origine nous avions eu ses coordonnées par les connaissances communes et nous avons gardé le souvenir de sa première visite 48 h après notre arrivé à Dakar. Nous vous serions reconnaissant de bien vouloir transmettre à sa famille et ces amis et camarades nos plus sincères condoléances
    BROVELLI LYDIA ex conseillère sociale à l’Ambassade de France, ancienne dirigeante de la cgt
    MONTANT Gerard chargé de mission culturelle à l’Ab. de France, ancien militant dans le secteur de l’enseignement à la cgt et au niveau international

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